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Islande (Juin 2017)
Voyage en Islande


ISLANDE, LE PAYS DE LA CREATION DU MONDE (JUIN 2017)
Marie-Françoise Waxin
Sources des informations : Allessandro, guide, et le livre Islande chez Gallimard
Quand l’avion entame sa descente vers l’ile, ce qui frappe, sous les nuages bas, c’est la couleur du sol : noir des champs de lave, dégradé de verts, carrés d’herbe, mousses vertes illuminées de jaune, pierres grises ; des lupins apportent une touche mauve ; platitude sans arbre, constructions basses disséminées, au loin, des fumerolles, un lac bleu opaline ; à l’horizon, des volcans.
A la sortie de l’aéroport, surprise d’une fraicheur pourtant annoncée : « en Islande, il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que de mauvais vêtements » cite le guide.
Sur la route de Reykjavik, le sommet blanc du volcan intitulée la Montagne Enneigée, qui inspira à Jules Verne son Voyage au centre de la terre.
Visite du réservoir de Perlan, chantier en cours : dôme de verre et d’acier encerclé par une terrasse d’où nous pouvons contempler la mer et un damier de toits rouges.
Traversée de Reykjavik en bus ; pour ne pas donner prise aux intempéries, les maisons ont un extérieur dépouillé, toit de tôle à pan coupé, murs aux couleurs contrastées.
Reykjavik ou « la baie des fumées », dénommée ainsi par Ingolfur, viking venu de Norvège, qui jeta des montants de son trône afin de désigner l’endroit où il s’établirait.
Sur la baie, une sculpture tournée vers la mer : le Voyageur du Soleil, bateau viking en acier, et l’HARPA, salles de concerts classiques et d’opéras, immeuble sombre en verre, les formes polygonales reprennent celles des orgues basaltiques, des alvéoles dans le soleil s’irisent de bleu, d’orangé, de rose.
Le City Hall, sur pilotis de béton au bord d’un étang, actuellement habité par des canards, qui deviendra patinoire en hiver ; sur la place attenante, une statue du « fonctionnaire anonyme » dont l’effacement est figuré par la tête restée à l’état de bloc de pierre.
Hallgrimskerja, église anglicane en béton clair que ses ogives et ses piliers minces et dépouillés élancent. Vitraux transparents, absence d’ornementation, sauf un orgue imposant à 5275 tuyaux.
Le drapeau islandais porte la même croix que celui du Danemark, de la Norvège, la Finlande, la Suède, la croix de Duneborg, en souvenir d’une bataille victorieuse ; trois couleurs : le blanc de la neige, le rouge du feu et le bleu de l’eau.

Autour de Reykjavik, le Cercle d’Or et ses sites touristiques : sur la route, champs de lupins mauves importés d’Alaska afin de fertiliser les sols.
Geysir (qui jaillit) a donné son nom aux geysers du monde entier, autour un champ de fumerolles ; son voisin, le Strokkur, plus actif, élève à intervalles réguliers un nuage de vapeur vertical.
Gullfoss ou chutes dorées, nom évoquant les reflets dorés du crépuscule dans l’eau ou l’arc en ciel dans la bruine de la chute.
Rift, la faille qui sépare les plaques tectoniques américaine et euro asiatique ; cette faille s’écarte, mais est comblée par la lave ; les eaux s’y précipitent dans un tourbillon d’écume.
Dans la plaine de Thingvellir, l’Althing, premier parlement européen (930). Il avait pour objectif que les islandais, réputés d’un tempérament querelleur, règlent leurs litiges par une autre voie que la violence, donc par procès ; la sorcellerie et le vol étaient passibles de peine capitale, contrairement à l’homicide ; les sorciers étaient brûlés ou noyés afin d’éviter le retour de leur fantôme.
D’abord dénommée « Ultima Thulé » par un explorateur grec qui l’aurait repérée en 380 avant Jésus Christ ou « porte de l’enfer » par d’autres, l’Islande est habitée par des moines irlandais avant le 9ème siècle, époque à laquelle elle reçoit son nom d’Islande.
Le soleil n’indique pas l’heure, la clarté de la nuit brouille nos repères habituels.
Mercredi : montée sur le volcan Grabok et tour du cratère à la queue leu leu : jaune lumineux des mousses et lichen, pierres noires et brun rouge.
Le long de la route, les chevaux islandais tournent le dos au vent chargé de pluie, les moutons vont par trois, mère et petits. La route numéro 1, plate, fait le tour de l’ile ; de chaque côté des montagnes enneigées ferment l’horizon comme des forteresses.
La ferme de Glaumber, habitat en tourbe, témoigne du passé pauvre de l’Islande : petites pièces obscures, table allongée, lits étroits en bois dans la salle commune où se déroule la vie, laiterie, salle.
Une église en tourbe, dont le toit est couvert d’herbe et de fleurs jaunes ; entourée par un cimetière, elle est lambrissée à l’intérieur ; des bancs austères, un tableau de la Cène.
Visite de Akureyri : sur le fjord la tempête agite les bateaux.
Jeudi : chutes de Godafoss ou chute des dieux : quand l’Islande devient chrétienne ( an 1000) les statues païennes y furent jetées.
Dans la large plaine serpente une rivière. Les nuages, épais comme des rideaux, accentuent les contrastes du paysage, argentent l’eau des lacs et rivières : blancheur de la neige sur les montagnes noires, fluorescence des mousses, caléidoscope des toits et des fermes isolées ; le ciel repose sur les monts comme un couvercle.
Le volcan appelé l’Enfer dans la zone de Krafla : paysage lunaire, monts pelés dégarnis, fumées, odeur de souffre, tuyaux argentins de la géothermie.
A Namafjall, l’or et l’argent : champ de marmites de souffre dorées, vapeurs aux couleurs argentées. L’eau de surface s’infiltre, au contact du magma qui affleure, elle sort sous forme de vapeur en se chargeant de souffre.
A Myvatn, bain en plein air : deux grands bassins aux eaux chaudes bleu lagon avec les montagnes en perspective.
Arrêt à Husavik, port de pêche ; un musée y est dédié à la baleine.
Jolie église blanche ourlée de moulures chocolat.
Bourrasques de pluie, mer couleur étain.
Dans le musée de la nature, un film montre des pêcheurs de saumon dans un fjord, en barque, dans le froid et le vent et leurs gestes : saisir les poissons accrochés aux hameçons avec un grapin et trancher leur gorge aussitôt ; un des pêcheurs trempe sa main dans l’eau de mer, la goûte afin de déterminer si l’endroit est propice.
Canyon en fer à cheval Asbyrgi : au bout du chemin boisé, une mare et des familles de canards, canards arlequin à la tête couleur corail.
Chutes Deltifoss, la plus puissante d’Europe, assourdissante, des nuages de gouttelettes l’annoncent dans le lointain.
Les sites touristiques sont isolés, ce qui préserve leur caractère naturel et sauvage.
La terre d’Islande ressemble à la peau d’un vieux dinosaure : craquelures de la croûte terrestre, bosses des volcans, nudité des paysages, failles, fissures d’où jaillissent des déjections sous la poussée du feu interne.
Eaux noires sous la pluie, scintillement lorsque le soleil perce les nuages.
Hôtel à Eglisstodir, rare région boisée d’Islande.
Dans le fjord des français, Faskuosfjörour, musée des pêcheurs français, établi dans l’ancienne demeure du docteur ; petit cimetière des marins français dominant le fjord. Dans Pêcheurs d’Islande, Loti parle des tombes vides des marins noyés en mer ; une plaque commémore les disparus en citant au côté de leurs noms celui de leur bateau ; quelques croix pour défunts inconnus.
Pentes abruptes des montages striées par des cascades qui les ravinent.
Fjords découpés, mer d’étain, rivières noires ; par-dessus les montagnes qui bordent les fjords ; nuages de fumée noire, troués parfois par un soleil blanc.
Lagon glacière de Jokulsar ; le glacier vieux de 1000 ans plonge jusqu’au lac qui porte les morceaux de glace détachés, icebergs bleutés, striés de noir pour certains, traces d’éruptions anciennes.
Le Laki dont l’éruption en 1783 a entraîné la famine dans le pays et en Europe et aurait possiblement était un facteur de la révolution française ; il en persiste des champs de lave aux formes spectaculaires.
Hôtel près de Reynisfara, bord de mer. Réserve de Dyrholaey habitée par les oiseaux : grande plage de sable noir, pitons volcaniques émergeant de l’eau, murs basaltiques ; rencontre avec les habitants, vivant en terrier ou nichant dans la falaise : les macareux ou clowns des mers, les sternes, le grand lab, le fulmar, l’eider, l’huitrier qui ouvre les coquillages avec son bec.
Cascade de Skogafoss abrupte, qui achève sa chute dans un nuage de gouttelettes dans lequel elle disparait.
Ville de Selfoss et sa jolie église
La route passe près du Eyafjallajôkull qui a rendu célèbre l’Islande par les dérèglements qu’il a apportés au monde.
Dernière journée à Reyyavik :
Au Musée National, objets de culte et du quotidien, statues, riches tapisseries, représentation de Thor, « dieu au marteau », qu’il utilise pour fracasser les crânes.
A Vulcano House, un film sur l’éruption aux iles Weistman et celle de l’Eyjafjallajökull : la lave incendie les maisons, les cendres couvrent les terres et les rues ; pour que la vie reprenne, l’épaisse couche de cendres sera ramassée, pelle après pelle, l’herbe sera plantée, tige par tige, afin d’éviter que cette cendre ne continue de voler et se déplacer.
La fascination exercée par l’Islande réside dans une nature sauvage et brute, que l’homme n’a pas agressée ni maîtrisée ; il cohabite avec elle sans emprise destructrice ; s’y exerce de façon spectaculaire la violence des éléments, du climat, de la nature ; telle devait être la terre à ses origines.