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Yves Guégan

Yves Guégan, né en 1927, a d’abord été professeur à HEI, puis maître de conférences au département Génie mécanique de l’IUT de Lille jusqu’à son départ en retraite en 1991. Il a été chef de ce département durant les premières années de celui-ci. Il est mort en 2020.

Ingénieur civil HEI, il a débuté sa carrière comme professeur dans cette école d’ingénieurs. C’est lui qui m’a accueilli à HEI quand, en 1954, j’y suis arrivé pour prendre la direction du département « Électricité ». Il m’y a très bien reçu et, dès le début, une solide amitié nous a unis lui et son épouse, moi et ma femme. Et cela jusqu’au décès prématuré de son épouse puis à sa mort.

En 1969, j’ai quitté HEI pour prendre la direction de l’IUT de Béthune, alors UFR de l’université de Lille 1. Yves GUEGAN a demandé à me suivre. Pour lui permettre de faire une carrière universitaire, il fallait qu’il passe une thèse. Dès son arrivée à l’IUT, j’avais lancé un laboratoire d’électrotechnique et d’électronique de puissance. GUEGAN s’y est intégré sans difficulté. Tout en restant enseignant à Lille, il venait régulièrement à Béthune pour y préparer une thèse d’ingénieur-docteur sur les « harmoniques du couple moteur asynchrone ». Il s’est intégré sans difficulté à l’équipe de jeunes qui créaient cet IUT. Il a soutenu sa thèse en 1973. Cela lui a permis d’entrer comme maître de conférences à l’IUT de Lille à la création du département Génie mécanique.

À Lille, GUEGAN s’est entouré d’une équipe d’enseignants beaucoup plus jeunes que lui pour créer ce département d’IUT. Cela demandait beaucoup de travail comme pour créer tout département, surtout celui de Génie mécanique, car il était éloigné du siège de l’IUT et de ses services généraux.

Après sa thèse, j’ai continué à le voir régulièrement soit chez lui, soit chez moi, avec son épouse (très tôt disparue) ou avec la mienne. Nous discutions peu de notre travail mais surtout des problèmes fondamentaux de la vie et de la science. Il achetait des livres traitant de la recherche et de la religion, me demandait de les lire et de noter mes remarques afin que nous en discutions.

Il a enseigné surtout la thermodynamique et les machines thermiques au début de sa carrière, puis s’est orienté vers l’enseignement de l’électricité et de l’automatique. Ses anciens collègues que j’ai pu interroger, m’ont dit que c’était un enseignant très apprécié de ses étudiants et de ses collègues, répondant très clairement à leurs questions avec beaucoup de calme et de patience.

Breton à la naissance et durant toute son enfance, il aimait beaucoup la Bretagne et y retournait autant qu’il pouvait. Il avait fait construire une maison à Belle-Île-en-Mer et comptait y revenir complètement à sa retraite. Mais au décès de sa femme, il a pensé qu’il fallait qu’il reste à Lille pour s’occuper de ses enfants et de leurs familles. Il s’occupait des études de ses petits-enfants et faisait pour sa famille, des travaux dans leurs maisons d’une importance qui me semblait invraisemblable. Je n’aurais jamais osé les entreprendre. Il allait en Bretagne quand il le pouvait, seul ou avec les siens ; il y recevait souvent ses amis enseignants.

Pour terminer, je citerai la conclusion de la longue lettre que m’a adressée un de ses anciens collègues : « s’il y a un paradis pour les physiciens, nul doute qu’il doit déjà y être. Il était foncièrement bon ».

 

Guy SÉGUIER

Article paru dans le bulletin de l'ASA de mai 2021