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Les scientifiques lillois pendant la guerre 1939-45

par Marie-Thérèse Pourprix

Texte correspondant à la visioconférence donnée le 21 avril 2021

 

Préambule

Le parcours de scientifiques lillois prisonniers de guerre et la contribution de certains d’entre eux aux Universités de camps de prisonniers furent évoqués lors de ma conférence tenue à Lilliad le 26 janvier 2017. La question du sort des autres scientifiques lillois était posée à la fin de l'exposé. Ceci est une rédaction de la visioconférence du 21 avril 2021 qui a tenté de répondre à cette interrogation. À cette fin, des dossiers administratifs, des notices, des archives, des livres ont été consultés. Les archivistes de l'Université de Lille et certains collègues m'ont aussi permis d'étoffer les morceaux de biographies qui suivent.

La « drôle de guerre » se termine en mai 1940 lorsque les armées allemandes quittent le front de l'Est, se dirigent vers l’Ouest, traversent les Ardennes, provoquent la capitulation de la Belgique et le désastre de Sedan (15 mai 1940). C’est l’exode. Le CNRSA et l’IMFL, puis les quatre facultés lilloises, ont ordre de se replier. Des cours et des examens se tiennent au Touquet. Au lendemain de la signature de l’Armistice, le 23 juin, le retour à Lille des quatre facultés est ordonné. La France est désormais découpée de la façon suivante : les départements du Nord et du Pas-de-Calais sont sous le commandement militaire allemand de Bruxelles ; les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Mosellle sont rattachés au Reich ; du fait de leur importance économique et stratégique, le Nord de la France et le bord de l'Atlantique constituent la zone occupée par l'armée allemande ; de l'autre côté de la ligne de démarcation, la zone Sud, ainsi que l'empire colonial, ne sont pas occupés et restent sous l'administration de Vichy.

Au-delà de la débâcle militaire et morale, l'Université se donne dès lors pour tâche de poursuivre sa mission d'élaboration des savoirs et de formation des jeunes, garantie de leur avenir. Les obstacles sont l’absence d’enseignants prisonniers ou dispersés partout en France, l’occupation des locaux, voire la dégradation par l’armée allemande du secrétariat de la faculté des sciences et des instituts de géologie et d’électromécanique, les relations compliquées avec les autorités de tutelle.

Deux doyens

Deux doyens auront cette responsabilité. De génération différente, mais tout autant conscients de l’importance de leur rôle, ils assument la tâche colossale de faire se tenir l’institution.

Albert Maige (1872-1943)

D’origine bourguignonne, Albert Maige[1] est botaniste. Après l’ENS il est nommé à l’Ecole Supérieure des Sciences d’Alger, puis à Poitiers en 1911 et il arrive à Lille en 1919. Quand Albert Châtelet devient recteur en 1924, il est jugé avoir l’envergure suffisante pour lui succéder comme doyen. Les pages des Annales de la Faculté des sciences de Lille révèlent un Maige à l'écriture élégante mais simple, remarquable quand il élude les sollicitations administratives de type antisémite, quand il se bat avec les autorités pour obtenir la libération des enseignants prisonniers et pour empêcher la réquisition des étudiants pour le STO en convenant pour eux des emplois dans les mines[2]. Il décède en novembre 1943, deux mois après avoir pris sa retraite.[3]

[1] Raymond JEAN, Albert Maige, Professeur de Botanique et Doyen de la Faculté des Sciences de Lille de 1924 à 1943, Figures et acteurs, Textes parus dans les bulletins de l'ASA (1991-2016), p. 27.

[2] Pierre PRUVOST, « Rapport sur les Actes et les travaux de la Faculté des Sciences pendant l'année scolaire 1943-1944 »Annales de l'Université de Lille, pp. 101-104.

[3] Raymond JEAN, Le Doyen Maige, Histoire de la Faculté des Sciences de Lille et de l'Université Lille 1-Sciences et Technologies, Tome 5, Publication de l’ASA, pp. 51-52.

Pierre Pruvost (1890-1967)

Pierre Pruvost[4] est né à Raismes dans une famille de médecins. Elève très prometteur de Charles Barrois (1851-1939), il est nommé dans sa chaire de géologie et minéralogie. Il participe à la création de l’Institut de la houille et en prend la direction ainsi que celle du musée houiller. Son « article bref et lumineux » de 1930, où il dégage le concept de subsidence, lui assure une renommée internationale. En septembre 1943 il succède à Albert Maige. Il sera doyen jusqu’à sa nomination à la Sorbonne en 1950.[5] [6]

Le 4 septembre 1944, Lille est libérée. Le nombre d’étudiants a doublé de 1938-1939 (518) à 1944-1945 (1079) ce qui montre la capacité de la faculté à braver les temps mauvais et à remplir son rôle dans la tourmente.

[4] COLLECTIF ASA-USTL, Pierre Pruvost, Doyen de la Faculté de 1943 à 1950, Figures et acteurs, Textes parus dans les bulletins de l'ASA (1991-2016), p. 37.

[5] François THIEBAULT, Pierre Pruvost (1890-1970) », La géologie à la Faculté des Sciences de Lille de 1857 à 1970, Histoire de la Faculté des Sciences de Lille et de l'Université Lille 1-Sciences et Technologies, Tome 8, Publication de l’ASA, p. 17.

[6] Pierre PIVETEAU, Notice nécrologique sur Pierre Pruvost (1890-1967), Membre de la Section Minéralogie et GéologieC.R. Acad. Sc. Paris, t. 266 (17 avril 1968), pp. 110-114.

Les fonds géologiques volés et retrouvés près de Washington !

Les très riches collections de cartes géologiques, ainsi qu’une partie de la bibliothèque de l’Institut de géologie, sont emmenés à Berlin comme butin de guerre en mai 1942. En 1945, le doyen Pierre Pruvost fait l’inventaire de ces fonds géologiques volés trois ans plus tôt tout en les considérant perdus « dans les ruines de Berlin ». Surprise ! En 2008, dans une revue d’histoire des sciences, un article évoque les fonds de l’USGS library de Reston près de Washington. En 1946, 400 tonnes d’archives volées par les Allemands ont été rapatriées à Reston par les Américains depuis les mines de potasse d’Heringen entre Erfurt et Francfort. Miraculeusement une étiquette de la Société géologique du Nord (SGN, Inventaire, n°73) illustre l’article. En 2014, le paléontologue Philippe Taquet découvre l’article, suspecte que les fonds de la SGN volés en 1942 sont à Reston et en avertit la SGN. Patrick Auguste et Laure Delrue, président et documentaliste de la SGN, se rendent en 2019 à Reston et constatent que les fonds volés en 1942 sont bien là ! [7]

[7] Patrick AUGUSTE et Laure DELRUE, Les fonds géologiques volés durant la seconde Guerre mondiale : à l'Ouest, du nouveau !, Revue Géochronique de la SGN, 154-2020, pp. 6-7.

Deux recteurs

Le recteur Albert Châtelet (1883-1960)
«Cette mise à pied, qui l’honorera» (Henri Pariselle, notice nécrologique d’Albert Châtelet)

Né à Valhuon dans le Pas-de-Calais, mathématicien formé à l’ENS, Châtelet[8] arrive à Lille en 1919. Il est doyen de la faculté en 1921, recteur de l’académie de Lille en 1924, directeur de l’enseignement secondaire sous le ministère de Jean Zay en 1937. Sous son rectorat, les Instituts de la houille et de mécanique des fluides sont créés avec Albert Maige, deux résidences universitaires, les facultés de droit et de médecine sont construites, cette dernière initiant le premier centre hospitalier universitaire (CHU) de France. Il préside, début juin 1936, le Congrès du Havre. On y préconise l’école unique pour tous. Jusqu’alors les lycées sont réservés aux enfants des notables, les enfants de milieu social modeste y sont rares. Le Plan Langevin-Wallon de 1945-52 reprendra ces idées. En juin 1940, c’est l’exode, son équipe ministérielle, qui doit rejoindre Bordeaux, est coincée à Azay-le-Rideau avant de rejoindre Vichy. Les journaux indiquent à la population que « la guerre n'a pas désorganisé mais décentralisé l'enseignement ». Mi-septembre, le gouvernement de Vichy se restructure. Châtelet est rétrogradé et affecté à un poste à Caen avec une charge d’enseignement sans traitement à Paris. Elie Cartan prend sa défense et préconise à son intention la création d’un enseignement d’arithmétique supérieure à la Sorbonne, proposition soutenue par l’Université de Paris et le recteur Gustave Roussy[9]. Une lettre datée du 22/9/1940 provenant de professeurs et de chefs d’établissement demande au ministre le retour de Châtelet au rectorat de Lille étant donné le départ de Georges Hardy. Le ministre ne répond pas et Paul Duez est nommé recteur à Lille. Le comble : des Allemands le proposent comme recteur à Paris étant donné qu’il a initié en 1935 des échanges universitaires entre jeunes Français et Allemands, au sein de foyers de vacances et d'écoles internationales. Jérôme Carcopino, alors directeur de l’enseignement supérieur et de l’ENS, les dissuade, arguant de son passé comme ex-membre du Front populaire. Des mesures humiliantes se poursuivent. Il lui est notifié le 11/6/1941 que sa charge à Paris est provisoire. En janvier 1942 le secrétariat d'Etat revient sur ses indemnités compensatoires et il doit rembourser ce qu'il a reçu de la faculté de Paris. Il adopte dès lors une attitude « de retrait et de repli ». Il est significatif de trouver dans les archives de Châtelet des articles de journaux concernant « Le dernier train de Loos » et l'assassinat près de Templeuve (Belgique), le 8 mars 1944, par les agents de la Gestapo et la police de Darnand, de Paul Thellier avocat au barreau de Lille, ancien ministre de l'agriculture durant le Front populaire.[10] [11]

[8] Michel PARREAU, Albert Châtelet, Figures et acteurs, Textes parus dans les bulletins de l'ASA (1991-2016), p. 33.

[9] Elie CARTAN, Rapport pour la création d'un enseignement d'arithmétique supérieure à Paris, Archives d’Albert Châtelet, Fonds 81 J, J 11, Archives Départementales du Pas-de-Calais, 22/9/1940.

[10] Archives d’Albert Châtelet, Fonds 81 J, J 11, Archives Départementales du Pas-de-Calais.

[11] Jean-François CONDETTE, Albert Châtelet. La République par l’Ecole (1883-1960), Artois Presse Université, 2009.

Le Front populaire, obsession de Vichy, et la Révolution nationale

Vichy impute la défaite au Front populaire. Châtelet représente la République laïque et les instituteurs communistes qui obsèdent Pétain (1856-1951) et le régime de Vichy. Les premières mesures de Vichy sont prises entre juillet et octobre 1940 pour engager la Révolution nationale. Celle-ci se donne pour but de transformer les institutions et les mentalités dans la perspective de l’avenir de la France dans l’Europe allemande et nazie. Dans un climat doloriste, paternaliste, imprégné de la pensée de Maurras, on prône « la rédemption par la souffrance », les valeurs traditionnelles : « travail, famille, patrie », le retour à la terre et le culte de la personnalité : « Maréchal, nous voilà ! ». Les élites intellectuelles sont rejetées de même que le parlementarisme et le multipartisme. Tout personnel de la fonction publique peut être exclu sans justification et sans recours ; les syndicats de fonctionnaires sont interdits ; le droit de grève est abrogé. Les Ecoles Normales d’instituteurs sont remplacées par des Instituts de formation professionnelle où les « sciences ménagères » sont enseignées aux filles. L’antisémitisme d’Etat se met en place. En octobre 1940 le premier statut des juifs est promulgué avec notamment le numerus clausus des fonctionnaires juifs de la fonction publique et des étudiants juifs dans l’enseignement supérieur ; le deuxième statut paraît en juin 1941. Le philosophe Vladimir Jankélévitch, maître de conférences à la faculté des lettres de Lille, est ainsi révoqué. Il récupèrera son poste en 1947. Le décret Crémieux, datant de 1870, qui donnait la citoyenneté française aux « israélites indigènes » d’Algérie, est abrogé.

Georges Hardy (1884-1972), recteur pétainiste zélé

Georges Hardy succède à Albert Châtelet en 1937 au rectorat de Lille. Originaire de l’Aisne, de la même promotion que Marc Bloch à l'ENS, il a exercé, à partir de 1920, la fonction de Directeur Général de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Antiquités au Maroc sous l’autorité de Lyautey[12]. Puis il a dirigé l’Ecole coloniale devenue plus tard l’Ecole nationale de la France d’outre-mer. Penseur du colonialisme de l'entre-deux guerres, il publie La Géographie psychologique[13], œuvre « vertement critiquée » par Albert Demangeon[14] et contextualisée plus tard par Pierre Singaravélou[15]. En novembre 1940, Hardy est nommé recteur à Alger où règne un climat d’ultra orthodoxie pétainiste qui lui convient parfaitement. Soutien ardent du Maréchal et de la Révolution nationale, Hardy devient très vite délégué à la propagande au sein de la Légion des combattants et volontaires de la Révolution nationale. Son plan d’extension de l’enseignement indigène dans le cadre de structures allégées, les centres ruraux d'éducation, reçoit l’ire de ses adversaires qui parlent « d’écoles gourbi ». « Il faut renoncer ici à un enseignement encyclopédique et théorique de type habituel. La valeur éducative des travaux manuels est aujourd’hui reconnue »[16]. En juin 1941, il propose le durcissement des lois raciales à l'Amiral Abrial qui donne aussitôt son accord. Elles limitent à 1 sur 7 le nombre des élèves juifs des écoles primaires et secondaires. Le Général Weygand aggrave ces mesures en les faisant appliquer un mois plus tard par classe, sans prise en compte des restes de fractions[17]. Seuls les étudiants juifs de l’enseignement supérieur subissent cette mesure en métropole. Les révocations d’enseignants, juifs en particulier, sont particulièrement sévères.

Le débarquement allié de novembre 1942 au Maroc et en Algérie et l'assassinat de l'amiral Darlan, fin décembre 1942, marquent « la bissectrice de la guerre », c'est-à-dire le moment où l'Allemagne apparaît comme pouvant être vaincue. La zone Sud est envahie par les Allemands et la ligne de démarcation disparaît. En Afrique du Nord, le général Henri Giraud devient l'interlocuteur des Américains pendant quelques mois avant que le général Charles de Gaulle ne finisse par s'imposer. Cette situation confuse explique la succession des sanctions contre Hardy. Par le décret du 21 juillet 1943 il est « appelé à d'autres fonctions » et Henri Laugier le remplace comme recteur[18]. Le 4 septembre 1943 il est « mis en congé avec traitement d'activité ». Il faut attendre la nomination du gaulliste Roger Capitant à Alger en octobre 1943 pour la libération irréversible de l'Université d'Alger. Le 5 février 1944 Hardy est « révoqué sans pension, avec interdiction absolue d'enseigner, même à titre privé ». Il est gracié en 1949.[19] Sa notice nécrologique élude soigneusement sa présidence zélée du comité de propagande de la Légion des combattants et volontaires de la Révolution nationale en Afrique du Nord. [20]

[12] Jacques CANTIER, L’Algérie sous le régime de Vichy, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 53.

[13] Georges HARDY, La géographie psychologique, Paris, Gallimard, 1939, 188 pages.

[14] DEMANGEON Albert, La Géographie psychologique [note critique]Annales de Géographie, année 1940/278-279, pp. 134-137.

[15] SINGARAVÉLOU Pierre, De la psychologie coloniale à la géographie psychologique. Itinéraire, entre Sciences et Littérature, d'une discipline éphémère dans l'entre-deux-guerresRevue L'Homme & La Société, 2008/1-2-3 (n°167-168-169), pp. 119-148.

[16] Jacques CANTIER, L’Algérie sous le régime de Vichy, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 117.

[17] Ibid, p. 133.

[18] Ibid, p. 384.

[19] Archives Nationales, dossier Georges HARDY, F /17/27552.

[20] Claude SINGER, L’Université libérée, l'Université épurée, 1943-1947, Les Belles Lettres, 1997, pp. 24-30 et pp. 355-360.

Enseigner pendant la guerre

Rester à Paris. Bertrand Gambier (1879-1954), Un « Fidèle du Maréchal »

Gambier est d'abord en poste à Rennes. Son ami de l'ENS, Albert Châtelet, le fait venir à Lille en 1922, ce qui lui permet de résider désormais à Paris. Le nombre de ses publications concernant la géométrie est impressionnant et ne tarit pas pendant la guerre. Quasiment absent de Lille, il fréquente le ministère, espérant un poste de recteur. A la Libération, un Conseil d’Enquête national examine les décisions des Conseils d’Enquête académiques. Gambier est l’un des seuls de la Faculté des sciences de Lille à devoir s’y présenter.[21] Son appartenance aux « Fidèles du Maréchal » est sanctionnée par un blâme et sa promotion à la classe exceptionnelle obtenue par l'arrêté du 4 mai 1944 est invalidée. Ses multiples recours seront vains[22].[23]

[21] Dossier administratif de Bertrand Gambier et Comptes rendus des Conseils d’Enquête du 5 mai 1945, du 27 juin 1945 et du 19 décembre 1945.

[22] Rejet de la requête par le Tribunal administratif de Lille datée du 27 aout 1957, notifiée par le Ministère de L'Education Nantionale de la Jeunesse et des Sports le 7 janvier 1958.

[23] Claude SINGER, L’Université libérée, l'Université épurée, 1943-1947, Les Belles Lettres, 1997, p. 236 et p. 355.

Suppléer aux absents et faire une thèse. Marcel Decuyper (1909-2000)

Né à Baisieux, agrégé de mathématiques, lieutenant d’artillerie en 1939, Marcel Decuyper[24] fait la campagne de Belgique et de France en mai 1940 et est démobilisé à Montflanquin (Lot-et-Garonne). Il rentre à Lille en zone interdite en septembre 1940. Dès lors, outre ses cours en classe préparatoire au lycée Faidherbe, il remplace Gambier pour le cours de calcul différentiel et intégral et prépare sa thèse qu’il soutient en 1944. Il est noté par Michel Parreau que Marcel Decuyper participa à la Résistance, mais nous n’en avons pas trouvé de preuves écrites. Recruté comme professeur à la Faculté en 1945, il y fait toute sa carrière.

[24] Michel PARREAU, Marcel Decuyper, Figures et acteurs, Textes parus dans les bulletins de l'ASA (1991-2016), p. 76.

À Lyon avant de rentrer à Lille, Jacques Chapelon

Trois personnages pivots des mathématiques lilloises de l’entre-deux-guerres, Jacques Chapelon, Bertrand Gambier et Joseph Kampé de Fériet sont quasiment absents de Lille entre 1940 et 1945, pour des raisons différentes. Ainsi Jacques Chapelon (1884-1973) ne rentre à Lille qu’en 1943 après la levée de l’interdiction de franchir la Somme. Ses convictions sont à l’opposé de celles de Gambier. Avant la guerre, Chapelon écrit dans la revue du rationalisme moderne « La pensée » avec d’autres intellectuels tels Paul Langevin, Henri Wallon, Frédéric Joliot-Curie[25]. Depuis 1929 il enseigne à Lille et à l’Ecole polytechnique d'où il est issu. Celle-ci est repliée à Lyon à partir de 1940 ainsi que Chapelon. Il est alors membre du « Front National Universitaire », réseau de Résistance antifasciste et antinazi d’obédience communiste. Cette activité clandestine n’empêche pas sa promotion comme Inspecteur Général dans le corps de Mines auquel il appartient et le doyen Pierre Pruvost le félicite au nom de ses collègues lors du Conseil de Faculté du 9 juillet 1943.

[25] Dans son livre Savants sous l’occupation, Enquête sur la vie scientifique française entre 1940 et 1944, Nicolas CHEVASSUS-AU-LOUIS évoque notamment les parcours compliqués et très différents de Frédéric Joliot-Curie, de Georges Claude, d'Alexis Carrel et les raisons de la relative clémence de l'épuration envers les scientifiques.

Une histoire d’enseignant remplaçant. Alfred et Jean Rousseau

Des noms d’enseignants remplaçants figurent dans les Annales. Parmi ceux-ci se trouve celui de Rousseau. Or Jean Rousseau (1913-1999), assistant de physique à la Faculté depuis 1935, est prisonnier de guerre entre mai 1940 et juin 1945. C’est son père, Alfred Rousseau, né en 1884, titulaire de la chaire de mathématiques de la classe préparant Saint-Cyr au lycée Faidherbe, qui pallie le manque d’enseignants à la faculté depuis juillet 40. La collaboration d’Alfred s’interrompt subitement en 1942. Une lettre déposée aux Archives Nationales, signée de Carcopino et datée du 7 février 1942, permet de comprendre pourquoi. Il « est déclaré démissionnaire d’office pour cause de publication de son nom au Journal Officiel dans la liste des dignitaires et officiers de la Franc-maçonnerie »[26]. Parallèlement, son fils Jean, initialement prisonnier en camp près de Mayence, est transféré au camp disciplinaire de Lübeck en 1942[27].

[26] Archives nationales, Fiche d’Alfred ROUSSEAU, F/7/25164.

[27] Marie-Thérèse POURPRIX,  Jean RousseauLes Universités des camps de prisonniers de la guerre 1939-1945, Conférence du 26 janvier 2017 donnée dans le cadre de l'ASA.

Résister, cacher, se cacher

Membres du WO (War Office). Corsin Pierre Marie Auguste, dit Paul Corsin, et Roger Speybrock

Paul Corsin (1904-1983), né en Bourgogne, fait sa licence à Lille. Paléobotaniste, directeur de l’institut de la houille, ses travaux sur les fougères permettent d’éclairer des problèmes concernant la structure du bassin houiller régional. Durant la Seconde Guerre Mondiale il est membre de l'organisation franco-anglaise du capitaine Michel, le War Office (WO). Il est remarqué pour son aide matérielle aux soldats anglais restés sur le territoire français en 1940. A partir de 1941, il reproduit et diffuse des journaux clandestins et notamment la "Voix du Nord". Grâce à la complicité d'agents des chemins de fer, il fournit des renseignements aux Anglais sur le passage des trains de troupes ennemies et autres trains militaires passant par Lille. Il reçoit en 1946 un diplôme d'honneur décerné par le British Commonwealth, et en 1947, un diplôme de gratitude du gouvernement des Etats-Unis pour l'aide donnée à des aviateurs alliés tombés en France. Le 19 juillet 1948, la médaille de la Libération commémorant la guerre 1939-1945 lui est attribuée. Il est aussi Chevalier de la Légion d'Honneur.[28]

Le réseau WO est connu sous d'autres noms tels Sylvestre-Famer, Capitaine Michel. Originaire de Tourcoing, Roger Speybrock (1920-1944) s'engagea très tôt dans la Résistance et fut membre de ce réseau où ses connaissances des langues anglaise et allemande furent précieuses. Il était étudiant en première année de médecine à la faculté des sciences. Les listes d'étudiants des facultés n'ont pas été tenues pendant la guerre de peur qu'elles ne tombent dans les mains ennemies. Speybrock fut arrêté et fusillé au fort de Bondues.

[28] François THIEBAULT, Paul Corsin (1904-1983)La géologie à la Faculté des Sciences de Lille de 1857 à 1970 », Histoire de la Faculté des Sciences de Lille et de l'Université Lille 1-Sciences et Technologies, Tome 8, Publication de l’ASA, p. 25.

Françoise Dupont-Bourdelet, Réseau Vélites-Thermopyles

Née à Lille le 15 mai 1919, elle décède le 26 mars 2000. Physicienne, après des études à l’ENS, elle enseigne au lycée Fénelon à Lille tout en passant un DES avec Roig en 1941. Elle est nommée aux environs de 1958 à la faculté où sa forte personnalité a laissé des traces dans les mémoires de ses collègues et de ses élèves. Elle travaille en recherche avec Jacques Tillieu et enseigne l’optique, la mécanique quantique et assure la préparation de l’agrégation. Dans un témoignage posthume, elle a raconté son entrée dans la Résistance, son recrutement au sein du réseau Vélites-Thermopyles, ses missions, son arrestation en février 1944. Déportée, elle réussit à sauter du train l’emmenant à Ravensbrück et à rentrer en France le 1er mars 1945 après six autres évasions.

Marc Zamansky, Réseau Mithridate

En 1941, alors élève de l’École normale supérieure de Paris, Marc Zamansky (1916-1996) entre dans la Résistance et s'engage dans les Forces françaises libres. Arrêté en 1943, déporté à Mauthausen (Allemagne), il est libéré en 1945. Il est reçu à l’agrégation de mathématiques dont une session a été organisée en décembre 1945. Il est en poste à Lille de 1949 à 1955 puis à la Sorbonne.[29]

[29] Dans son livre, Les études et la guerre, Stéphane ISRAËL évoque le jugement de Jérôme Carcopino et de Gaston Julia par la Commission d'enquête lors de l'épuration, avec en toile de fond les normaliens de cette époque : Marc Zamansky, Paul Germain, Michel Parreau, Pierre Bacchus, René Deheuvels notamment.

Jean Roig (1909-1993) et Jean Cavaillès

Physicien, il est en poste à Lille de 1938 à 1962. Fin 1940, le mathématicien et philosophe Jean Cavaillès, évadé des environs d’Anvers grâce à un professeur de l’Université libre de Bruxelles, est caché à Lille à l’Institut de physique par Jean Roig, directeur de cet institut[30]. Jean Cavaillès, à la tête d’un des huit grands réseaux de la Résistance, sera arrêté, torturé et fusillé dans les fossés de la citadelle d’Arras en avril 1944. Jean Roig accepte aussi de cacher la ronéo et le matériel permettant d’imprimer un petit journal destiné aux étudiants, Pour la libération.

[30] Jean-François CONDETTE, La Résistance universitaire en zone rattachée de 1940 à 1944 (Nord-Pas-de-Calais et Belgique), L'engagement dans la Résistance (France du Nord-Belgique), Actes du Colloque organisé à Bondues par le Centre de Recherche sur l'Histoire de l'Europe du Nord-Ouest et la ville de Bondues le 20 octobre 2001, Dir. R. Vandenbussche, CEGES, Lille 3.

François Frenkiel (1910-1986), « Mr Fluid Dynamics »

L’IMFL, qui comporte à l’époque 30 personnes, doit se replier à Toulouse en mai 1940, mais tous n’atteindront pas ce but. François Naftali Frenkiel, juif polonais, est arrivé à Lille en 1938 après des études d’aéronautique à Gand. Il travaille sous la direction de Joseph Kampé de Fériet (1893-1982). A la fin de 1942, la zone Sud est occupée et Kampé de Fériet aide Frenkiel et sa femme à rassembler leurs papiers pour fuir aux Etats-Unis. Mais c’est trop tard, ils sont arrêtés et tous deux déportés à Buchenwald. Lui en réchappe mais sa femme, enceinte, y décède. Après la guerre, Frenkiel termine sa thèse avec Kampé de Fériet en étudiant la formation des dunes au Sahara comme représentation des turbulences atmosphériques au niveau du sol[31]. Il rejoint les Etats-Unis en 1947 et y acquiert une grande renommée comme spécialiste de la dynamique des fluides. Surnommé « Mr Fluid Dynamics », il est le fondateur du journal The Physics of fluids.[32]

[31] Antonietta DEMURO, Le travail en clandestinité de l'IMFL de Lille à Toulouse, Le cas de Naftali Frenkiel, La mécanique des fluides en France durant l'entre-deux guerres, J. Kampé de Fériet et l'IMFL, thèse, 2019, pp. 288-297.

[32] EMRICH Raymond J., KLEBANOFF Philip S., ELSASSER Walter M., POLACHEK Harry, François N. Frenkiel, Physics Today, Février 1987, Vol 40, n° 2, pp. 123-124.

Georges Bruhat (1887-1945)

En poste à Lille de 1919 à 1926, il y commence l’écriture de sa célèbre collection de livres d’enseignement de physique. Nommé à l’ENS dans la chaire de physique, il en devient le directeur adjoint en 1941. Le 1er août 1944, la Gestapo recherche un étudiant résistant dans les locaux de l’ENS. En désespoir de cause, elle arrête Bruhat et Jean Baillou, secrétaire général de l’Ecole. Déporté en Allemagne, il décède de broncho-pneumonie le 1er janvier 1945 au camp de Sachsenhausen. Jean Baillou en reviendra.

Marie-Hélène Schwartz née Lévy (1913-2013)

En poste à Lille de 1963 à 1981, elle est une des rares femmes formées à l’ENS de la rue d’Ulm avant l'unification des écoles normales supérieures des filles et des garçons en 1985. Au sortir de l'ENS elle doit se soigner pendant une dizaine d’années au sanatorium du plateau d’Assy. Ses deux premiers articles mathématiques paraissent en 1940-41. Ce sont les derniers de signature juive acceptés par l’Académie des sciences pour la période de la guerre. Pourchassée avec son mari en tant que juifs et trotskistes, elle confectionne de fausses pièces d’identité transformant le nom de Schwartz en Salimartin. La plupart des mathématiciens de Strasbourg se replient à Clermont-Ferrand pendant la guerre[27]. Les physiciens de Strasbourg, tels Louis Néel, vont à Grenoble. Néel participa notablement à l'essor du pôle scientifique de Grenoble. Le couple Schwartz se réfugie à Clermont-Ferrand, où une bonne partie du groupe Bourbaki se retrouve parfois, puis à Grenoble.[28]

[33] Michèle AUDIN, « Mathématiques à Strasbourg-Clermont-Ferrand (1939-44). Vivre, Travailler, résister », Des mathématiques en Auvergne, dans Revue d'Auvergne, 2014.

[34] Laurent SCHWARTZ, Un mathématicien aux prises avec le siècle, Odile Jacob, 1997.

Trois jeunes Alsaciens

Trois Alsaciens âgés d’environ 20 ans à la déclaration de guerre sont nommés à la faculté des sciences de Lille à la fin des années cinquante. Leur parcours illustre la condition très dure des habitants de cette zone rattachée au Reich pendant la guerre.

Robert Linder : sortir de Stalingrad.

Linder est né près de Colmar en 1921. La formation de son père comme garde forestier remonte à l’occupation allemande d’avant 1914. Après la signature de l’armistice de 1940, le gouvernement français appelle tous les hommes valides d’Alsace (Haut-Rhin et Bas-Rhin) et de Moselle à évacuer. C’est ainsi que Linder rejoint les Landes à bicyclette dans le but de gagner l’Angleterre. Mais très vite l’Alsace est rattachée au pays de Bade, la Moselle à la Sarre et au Palatinat et les populations sont soumises à la germanisation et à la nazification forcées. Craignant des représailles envers ses parents, Linder les rejoint et part étudier en octobre 1941 à l’école forestière de Fribourg-en-Brisgau. En 1942, il est enrôlé dans la Wehrmacht et envoyé sur les fronts de Crimée et de Stalingrad. Là, c’est l’apocalypse et rares sont ceux qui en reviendront. La fuite de Linder, sous les bombes, entre les chars russes auxquels il lui arrive de s’agripper est racontée par ceux qui l’ont connu, sans trace écrite. Gravement blessé à la jambe gauche, il réussit à rejoindre son Alsace natale depuis Stalingrad. Il s’en sort, mais le prix à payer est lourd : on doit l’amputer. Rentré chez lui, il fait ses études supérieures à Strasbourg et enseigne la biologie à la Faculté des sciences. Il est nommé à Lille en 1959 où il devient spécialiste des mécanismes génétiques qui limitent la fertilité chez les plantes et dirige le laboratoire de cytologie végétale.[35]

[35] Raymond JEAN, « Robert Linder (1921–1979) » dans Bulletin de la Société Botanique de France. Lettres Botaniques, Vol 128, No 4-5, 1981 (4), pp. 315-320.

Les relations cordiales de Robert Linder avec Marguerite et Robert Poix

Marguerite Codron-Poix est assistante de botanique à l’Institut des semences de la Faculté qui est alors en importance la deuxième de France. Spécialiste du houblon, elle est sous-directrice de cet institut pendant la guerre (Maurice Hocquette, gendre d'Albert Maige, en est alors le directeur). Le couple Poix aura quatre filles dont trois nées avant-guerre. Robert Poix, né en 1903, est prisonnier de guerre pendant cinq ans à l’Oflag IV D près de Dresde. Il parle couramment le russe, l’allemand, l’anglais et sert d’interprète en particulier lors de la difficile évacuation du camp sous la conduite de ses libérateurs russes entre avril et juillet 1945[36]. Professeur de mathématiques au lycée Faidherbe, il enseigne en 1966-67 à la Faculté des sciences de Lille où il laisse d’excellents souvenirs de ses anciens élèves. Robert Linder était peu sociable, ses relations avec le couple Poix s’expliquent par sa proximité professionnelle avec Marguerite Poix et on imagine que les raisons de l’entente des deux Robert sont fondées sur leurs expériences respectives de l’Allemagne et de l’URSS.

[36] Archives Nationales, dossier de Robert POIX, F/17/29933.

Un « malgré-nous » : François Schaller

Né en décembre 1921 dans le Bas-Rhin, François Schaller étudie à Lyon en 1939-40 après l’obtention de son bac. Il rejoint ensuite ses parents et poursuit ses études de biologie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau[37]. Schaller réussit à retarder son incorporation pour des raisons de santé, puis en s’occupant de chevaux et en faisant des recherches sur le foin. En 1942, les nazis, en difficulté sur le front de l’Est, manquent d’hommes. Le 25 août 1942 les jeunes Alsaciens-Mosellans comme François Schaller sont soumis au service militaire obligatoire dans l’armée allemande. Leurs familles sont menacées de camp de « redressement » (à Schirmeck) ou de camp de concentration (au Struthof) s’ils désertent. Les pertes des Alsaciens - Mosellans envoyés sur le front de l’Est sont énormes. Contraint de rejoindre la Wehrmacht en 1943, Schaller fait la guerre en Tchécoslovaquie contre les troupes roumaines sous commandement russe. Il réussit en 1944 à fuir l’armée allemande et à revenir en France. Sa carrière universitaire débute à la Faculté de Strasbourg en 1946. Il est nommé professeur de zoologie à Lille en 1960 où il dirige notamment la thèse de Jean-Claude Andriès. Il repart à Strasbourg en 1971. Il a raconté son histoire à Danièle Lheureux qui en a fait un livre.[38]

[37] Martin Heidegger enseigna la philosophie à l'université de Fribourg-en-Brisgau de 1933 à 1944 et en fut même recteur de 1933 à 1934. Il y a peu de chances que les étudiants Robert Linder et François Schaller l'aient rencontré.

[38] Danièle LHEUREUX, Les années 39-45 vécues et racontées par le "malgré nous" François Schaller, éditeur Nord Avril, 2016.

Passer entre les gouttes : Joseph Heubel

Joseph Heubel est né en février 1920 à Strasbourg et il passe son baccalauréat en 1938. Après un an d’études scientifiques à l’Université de Strasbourg, il fait partie du contingent d’étudiants qui suivent le repli de cette Université à Clermont-Ferrand en septembre 1939. Heubel échappe ainsi au sort de plus jeunes Alsaciens-Lorrains qui, comme Linder et Schaller, n’ayant pas fait leur entrée à l’Université de Strasbourg, resteront sur place et auront un sort plus tourmenté. Heubel est mobilisé en juin 40 et il participe d’août 40 à février 41 aux premiers « chantiers de jeunesse » institués par le général de la Porte du Theil pour « occuper » les 100 000 jeunes hommes de la classe 1940, comme Heubel. La durée d’incorporation dans ces chantiers est limitée. Heubel obtient donc sa licence en 1942 à Clermont-Ferrand/Strasbourg et y est nommé sur un poste de préparateur temporaire. Cette Université devient un foyer de résistance et les rafles s’y multiplient à partir de 1943. La plus effroyable est celle du 25 novembre 1943 conduite par la Gestapo. 130 étudiants et professeurs sont déportés. 30 seulement, mais aucun juif, en reviendront. Heubel échappe à cette rafle puisqu’il a été nommé assistant à la Sorbonne le 1er octobre 1943. Il y passe sa thèse en 1948 et arrive à Lille en 1957 où il fait sa carrière comme professeur de chimie minérale.[39]

[39] Les dates concernant Joseph Heubel proviennent de son dossier administratif.

Conclusion

 

Pierre Laborie, historien spécialiste de l’opinion publique sous le régime de Vichy, explique dans son livre Le chagrin et le venin les comportements individuels pendant cette période par l’« obligation de s’adapter dans un contexte de rapport de force disproportionné ». Quelle liberté de choix ces hommes, nés entre 1879 et 1921, avaient-ils ? Avoir vingt ans en Alsace au début des années quarante ou avoir vécu la guerre 14/18 impliquent des trajectoires tout à fait différentes. L’évocation de parcours d’enseignants de la faculté des sciences de Lille – pas nécessairement en poste à Lille pendant la guerre –, bien que limitée et réductrice, nous a semblé éclairer quelque peu cette époque, ô combien sombre.

Bibliographie

  • Christiane AUDIBERT-BOULLOCHE, Françoise DE BOISSIEU, Françoise DUPONT, Gisèle GUILLEMOT, Catherine JANOT, Anise POSTEL-VINAY, Lucienne ROLLAND, Suzanne ROQUIÈRE-SALMANOWICZ, Odile DE ROUVILLE, Marie-Claire SCAMARONI, Rose VINCENT-JURGENSEN, préface de Lydie SALVAYRE, Femmes dans la guerre, 1940-1945, éditions Le Felin, Collection Résistance - Liberté - Mémoire, 2004.
  • Jean-Pierre AZÉMA, Olivier WIEVORKA, Vichy, 1940-1944, Perrin, 2000.
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  • Jean-François CONDETTE, Une Faculté dans l’histoire, la Faculté de Lettres de Lille de 1887 à 1945, Septentrion, 1999.
  • Jean-François CONDETTE, « La Résistance universitaire en zone rattachée de 1940 à 1944 (Nord-Pas-de-Calais et Belgique) » dans L'engagement dans la Résistance (France du Nord-Belgique), Actes du Colloque organisé à Bondues par le Centre de Recherche sur l'Histoire de l'Europe du Nord-Ouest et la ville de Bondues le 20 octobre 2001, Dir. R. Vandenbussche, CEGES, Lille 3.
  • René EPP, La terreur nazie en Alsace (1940-1945), Documents et témoignages, Editions du Signe, 2002.
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  • Robert O. PAXTON, La France de Vichy, 1940-1944, Seuil, 1972 et 1997.
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  • Laurent SCHWARTZ, Un mathématicien aux prises avec le siècle, Odile Jacob, 1997.
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