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Hommage à Léon Selosse
Tu nous manqueras, tu nous manques déjà Léon, avec ta canne, avec ton cache-nez, avec ta casquette de marin ou ton chapeau qui ne te quittent jamais, … ton chapeau et ton cache-nez qui t'accompagnent d'ailleurs dans ton cercueil, … et bien caché dans le chapeau le dernier message d'un de tes arrière-petit-fils. Louisette a conservé ta canne, elle pensera à toi chaque fois qu'elle la prendra.
Tu nous manqueras avec ta manière très personnelle, dynamique, voire un peu cabotine, d'arriver en réunion, surtout quand tu avais un peu de retard, en lançant un vibrant : « Bonjour tout le monde » auquel tous les participants répondaient d'un non moins vibrant « Bonjour Léon »…
Léon…
Léon et Louisette…
Dans les années 2000, quand j'entre à l'ASA, Léon et Louisette sont des membres reconnus, présents et actifs, de l'Association de Solidarité des Anciens de l'Université des Sciences et Technologie de Lille. Depuis la création de l'ASA en 1991, ils en sont des piliers. Léon sera membre du Conseil d'Administration de l'ASA durant huit ans, de 1995 à 2003 ; et on lui remettra la médaille de l'ASA en 2011, pour ses 80 ans. Jacques Duveau, l'actuel président de l'ASA, les a croisés bien-sur, mais de plus loin. Ces dernières années, en effet, avec les difficultés de l'âge, Léon et Louisette sont moins disponibles pour marcher, peindre, chanter, ou voyager… Aussi les amis de Léon et Louisette et le président de l'ASA m'ont demandé de dire ces quelques mots, cet après-midi au nom de tous leurs amis.
Léon rencontre celle qui sera toujours « sa chérie », à Sainghin où ils habitent, elle a 16 ans, il en a 18. Ils se marieront deux ans plu tard, en 1953. Cassoulet au menu du mariage, cassoulet chaque année pour fêter l'anniversaire de mariage et cassoulet donc pour leur 60 ans de mariage le samedi 21 décembre 2013 au Fort de Mons. Après le passage à la mairie, ce jour là ils étaient heureux et fiers de fêter avec nous leur 60e anniversaire de mariage.
Notre président fondateur conserve le souvenir d'un petit bonhomme, courageux, volontaire, ayant élevé avec sa fidèle épouse une nombreuse famille : huit enfants, plus les enfants du cœur, des petits-enfants et des arrière-petits-enfants qui occuperont largement les journées de Louisette.
Léon travaille d'abord dans la métallurgie, à Lesquin. Puis il entre au Rectorat de Lille en 1970 au service des examens et concours, comme imprimeur et chauffeur. On ne prend pas n'importe qui pour imprimer les sujets du bac ou du CAPES, il faut des hommes et des femmes de confiance. Il ne s'agit pas qu'il y ait des fuites, des stencils (eh oui à l'époque…) qui traînent, des enveloppes qui s'ouvrent ou des paquets de copies qui s'égarent…
Tu n'as pas le caractère facile et après un incident, tu demandes ton changement en septembre 1983 pour l'Université de Lille 1 qui recrute pour le service d'imprimerie.
Comme me le raconte une collègue de l'époque, « c'était un très bon gars, toujours serviable, d'humeur égale et d'une grande sensibilité. Il arrivait tous les matins avec son chapeau et son cartable tel un grand professeur d'université. Nous avons eu des moments de grandes rigolades et d'énormes fous rires. Il nous avait fait adhérer à son "turf" quotidien. Nous parions quelques "francs" sur les chevaux qu'il préconisait comme gagnants. Quand c'était gagnant, il ramenait l'argent en liquide à l'imprimerie et faisait le partage sur son bureau ».
Un membre du cabinet du président de l'Université se souvient : Léon, homme de caractère, suite à un différent avec son chef de service concernant la qualité d'un document imprimé, demande à rencontrer le président pour se plaindre de son chef…
D'ailleurs en 1991 lors de son départ en retraite, il est le premier technicien à s'inscrire à l'ASA : « je suis un TOS, je travaille avec les Profs, je n'ai pas peur, je les connais, j'y vais ». Les fondateurs de l'ASA : André Lebrun, Michel Parreau, Arsène Risbourg qui souhaitaient bâtir une association ouverte pluri-catégorielle l'accueillent à bras ouverts.
Plus de vingt cinq ans d'une retraite active. Dans les témoignages qui me sont remontés, des éléments dominent, le joyeux compagnon, le boute en train infatigable qui aimait la fête, la plaisanterie, les jeux de mots, qui avait le goût de la peinture, de la musique, de la danse, des collections et le goût de l'amitié …
Des nombreux voyages qu'il a fait avec nous, ses amis de l'ASA retiennent ses facéties :
- Léon, à Prague, se dandinant, en sifflotant, sur le pont Charles en accompagnant un orchestre local
- Léon, à Rome, dans un amphithéâtre antique entonnant sur scène un air d'opéra
- Léon, en Crête, dansant le syrtaki sur l'estrade et applaudi par les musiciens
- Léon, à Mulhouse, au musée de l'auto chantant « Pour promener Mimi, ma p'tite amie Mimi et son jeune frère Toto, j'ai une auto … »
- Léon, en Sicile, entonnant le petit Quinquin dans les arènes de Syracuse
Outre la chansonnette qu’il adorait pousser dès que l’occasion s’en présentait, Léon aimait aussi danser. Lors du voyage de l’ASA en Roumanie dès le 1er soir au dîner il avait fait sensation sur la piste de danse, valsant ou tangotant avec quelques touristes japonaises ravies, sous les flashes des appareils photos et le ronronnement des caméscopes. Un excellent souvenir pour les japonaises comme pour l’ASA.
Et dans un autre genre, en Roumanie encore, Léon exprimant, avec véhémence et avec sans doute aussi une pointe d'accent de Ch'nord, son « ras le bol, de la polenta » servie à quasiment à tous les repas, …
Léon aimait beaucoup la grande musique qu'il écoutait en peignant. Il avait repris des cours de dessin et appartenait à diverses associations de peintres. A l'occasion d'une exposition au Fort de Mons qu'il avait organisée, il était intarissable en commentant ses œuvres devant un auditoire passionné. Devant un paysage tourmenté il nous confiait vouloir l'accompagner par du Wagner !
Lors d’une exposition Arts et Création de l'ASA , nous avions accroché un de ses tableaux, me rappelle la responsable, mais nous trouvions que le titre n’avait aucun rapport avec ce tableau. On lui a fait remarquer lors du vernissage et il nous a rétorqué : « Vous ne l’avez pas mis du bon côté !! ». Il a retourné son tableau et nous avons alors découvert qu’il y avait une autre peinture. Léon, pour faire des économies, peignait parfois des deux côtés de la toile !!
Autre particularité, il signait ses tableaux par la silhouette caractéristique d'un petit chat noir. Et l'année prochaine l'expo Arts et Création de l'ASA qui mettra en valeur tes productions sera peut-être sous le patronage du petit chat noir.
Il y aurait encore beaucoup à dire …
- De tes nombreux engagements associatifs, au Secours populaire d' Hellemmes par exemple.
- De tes prestations déguisées en Père Noël en famille, pour les enfants des personnels de l'Université au CESFACIL, pour les écoles, les coopérateurs, les associations de quartier…
- Tu étais d'ailleurs aussi correspondant de quartier auprès de la mairie de Mons depuis ta retraite.
- Collectionneur de timbres tu m'avais présenté ta collection lors d'une visite.
Je laisse le mot de la fin à une collègue. « Je n'ai pas beaucoup connu Léon, … mais après les travaux manuels à l'ASA en reconduisant Louisette, je montais dire bonjour à Léon et "libérer" ceux qui avaient passé l'après-midi avec lui. Il avait l'air vraiment content de ces après-midis avec des personnes différentes. Il était toujours gai et souriant, optimiste. Un jour, c'est moi qui ai passé l'après-midi avec lui ; on a joué au Triomino et il gagnait à tous les coups ! Voilà, je n'ai pas grand chose d'autre à dire, sauf parler de l'accueil chaleureux de Léon … et Louisette qui est si généreuse. Cela va me manquer de ne plus voir Léon quand je reconduirai Louisette après les prochains Travaux manuels »
Oui Léon tu nous manques déjà !
Mais toi Louisette tu n'es pas toute seule, tu as tes filles, ton fils de cœur … et nous nous sommes là aussi et nous resterons à tes cotés !
Cérémonie du 4 mai 2017, au cimetière d'Hellemmes
Joseph LOSFELD
Ancien Président de l'ASA
Ancien Recteur d'Académie