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Crépeaux Emmanuel

Emmanuel Crépeaux est décédé le 10 février 2024. Né en 1939, parisien, il fait ses études au lycée Charlemagne, entre à l’ENS de la rue d’Ulm et en sort agrégé de mathématiques. Il arrive à la faculté des sciences de Lille en 1962, il est rejoint en 1963 par son épouse, Mireille Thibert, elle aussi agrégée de mathématiques. Ils auront deux enfants et se sépareront plus tard.

C’est l’époque où la faculté commence à accueillir les enfants du baby-boom de l’après-guerre, ce qui entraîne un recrutement massif de jeunes assistants. Emmanuel devient très vite maître-assistant, puis maître de conférences. Avec André Pillons, Jacqueline Gougenheim, Anne-Marie Marmier et d’autres, il suit le séminaire Cohomologie galoisienne des modules finis de Georges Poitou, et continue d’y travailler lorsque le groupe se déplace pour suivre son animateur nommé à Orsay.

Les traces des publications d’Emmanuel sont rares, alors que les problèmes de mathématiques occupaient sans cesse son esprit et son bureau. Comme Emmanuel, de nombreux mathématiciens de cette génération n’ont pas trouvé leur place dans la recherche instituée, alors balbutiante ; ils ont agi pour faire vivre l’université en permanente mutation. L’influence d’Emmanuel fut cependant grande, puisque son insistance auprès de Michel Parreau amena le recrutement de Laurent Gruson, de la même promotion que lui à l’ENS.

Son esprit libre l’amena à faire partie du noyau de matheux gauchistes de 1968 et des années suivantes. Maniant un humour parfois corrosif au sujet des « mandarins », peu sensible aux conventions, préférant les personnes aux structures sociales, il offrait volontiers aux actions universitaires et politiques les pas de côté permettant d’écouter l’autre au lieu de s’enfermer dans le dogmatisme.

Jeanne Parreau et Marie-Thérèse Pourprix