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Bernard Sucher
Bernard fait ses études secondaires à Dunkerque, ville de sa naissance en 1939, puis vient à la Faculté catholique en 1958 préparer la licence de mathématique qu'il obtient en 1961 avec le certificat de Math II suivi place Philippe Lebon.
Intéressé par la recherche (son nom veut dire chercheur en allemand !), sur les conseils du professeur Parreau il intègre le laboratoire de Calcul tout naissant en 1962. Il devient assistant en 1963, année où il obtient avec trois autres collègues le DEA de Mathématiques appliquées.
Au tout début Bernard initie les étudiants au calcul numérique avec des calculatrices de bureau : Monroë, Marchand. Mais tout change brusquement de génération avec l'arrivée d'une machine Bull Gamma ET utilisant le langage APB développé place Philippe Lebon par le professeur Pierre Bacchus.
Si bien qu'en 1965 Bernard réalise un traducteur APB (équivalent d'un compilateur) pour le nouvel ordinateur, l'IBM 1620. C'était l'époque du début de l'utilisation des ordinateurs pour le calcul scientifique via la programmation des algorithmes numériques ou la gestion scientifique (recherche opérationnelle, graphes). Bernard fait partie d'un groupe de pionniers qui délaisse les mathématiques mais pas les acquis pour se consacrer avec passion à ce qui deviendra l'informatique. En 1969 il se perfectionne en se rendant à Paris sur un IBM 360, gros ordinateur pour l'époque et il retrouve le laboratoire de Calcul installé sur le campus à Villeneuve d'Ascq.
Il participe activement à l'enseignement de la programmation et de la logique dans différentes filières à l'université dans le cadre du nouveau laboratoire d'Informatique fondamentale de Lille, le LIFL, qui connaît une grande extension. Parallèlement il enseigne ces matières à l'IDN où il expérimente avec Jeannine et Bernard Leguy ses réflexions sur la notion d'arbre programmatique introduit dans l'enseignement dès 1975. Ces avancées seront les prémices de la programmation structurée qui donnera lieu à de fructueuses discussions.
En 1979 Bernard présente une thèse intitulée : « Contribution à la construction des types d'objets par approximations successives ». L'année suivante il devient maître-assistant (l'équivalent maintenant de maître de conférences) à L'ENSI de l'université de Valenciennes nouvellement créée. Il y enseigne principalement les mathématiques en première année, en collaboration avec le professeur Raymond Barre, homonyme du Premier ministre de l'époque. Avec la croissance des effectifs des étudiants en informatique séduits par cette science en pleine expansion, il obtient sa mutation au LIFL. Il participe constamment à toutes les avancées des années 1980 que sont la programmation orientée objet et les preuves de programmes.
Nous pouvons signaler que, suite au changement du titulaire du cours d'informatique en Deug, il accueille avec bonne volonté et empathie le nouveau professeur, l'initie aux procédures et au matériel informatique utilisés par les étudiants et l'accompagne dans le montage de certains enseignements de premier cycle qui prennent beaucoup d'ampleur.
Pendant un an il assure également l'intérim de la direction de la MIAGE (maîtrise d'informatique appliquée à la gestion des entreprises). Et il s'implique fortement dans les programmes Erasmus.
À notre demande, Pierre Jeannin et moi-même, il rédige en 1991, pour notre second ouvrage sur les courbes splines rationnelles, un long chapitre illustratif final intitulé : « Un paquetage de fonctions graphiques », exprimant toute sa dextérité dans l'écriture des programmes.
Nous ne pouvons pas conclure ces brefs rappels sans évoquer l'étendue de sa culture, cette soif de tenter de tout savoir dans les domaines les plus divers, à travers une foultitude de lectures de livres, de revues, d'articles et de voyages avec Françoise.
La retraite venue en 2000, il s'inscrit à l'ASA (Association de solidarité des anciens de l'université de Lille I) où il est rapidement élu au conseil d'administration. Bernard fait partie de ce groupe d'amis et collègues qui accueillent à bras ouverts les nouveaux venus comme aime le rappeler un ancien président.
Les présidents de cette époque toute récente, Henri Dubois et Joseph Losfeld, souhaitaient faciliter, banaliser l'utilisation de l'informatique, du courrier électronique, de l'internet à nos amis retraités parfois perdus. C'est naturellement qu'ils s'adressent à Bernard pour encadrer ce nouvel atelier.
Passionné de photo Bernard anime aussi un atelier photo numérique. Dans leurs très nombreux voyages, Françoise et Bernard, dans une sorte de jeu, collés sur le viseur de leur appareil, cherchaient le meilleur cadrage. Nous en avions le résultat lors des vidéos bien documentées qu'il présentait lors des après-midi de l'ASA.
Bernard avait une personnalité affirmée, un esprit vif, un peu marginal certes, mais finalement très accessible derrière son abord bourru. Ce modeste témoignage nous a permis d'évoquer une partie créative de sa carrière et de passer encore un instant avec lui.
Dans ce moment de séparation nos pensées affectueuses vont à Françoise qui doit être bien seule sans son compagnon de toujours.
Jean-Charles FIOROT et autres collègues.
Article paru dans le bulletin de l'ASA de décembre 2018