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Monique Dacharry

L’ASA a appris tardivement le décès de Mademoiselle Dacharry, survenu au cœur de l’été, le 3 août 2017 ; c’est par le retour du petit cadeau envoyé par l’ASA, à la fin 2017, que nous avons découvert la disparition de Monique Dacharry, qui fut professeur d’hydrologie continentale de 1973 à 1994 à l’université de Lille 1.

Monique Dacharry a effectué des études d’histoire-géographie, parallèlement à sa carrière professionnelle entamée dans le secteur privé ; elle a pu ensuite intégrer le CNRS en 1959, avant d’être recrutée sur un poste d’assistante en géographie à la Faculté des lettres de Paris, où elle est nommée maître-assistante en 1966.

Elle s’inscrit dans la grande lignée des géographes d’autrefois, qui devaient réaliser une double thèse : l’une principale et l’autre secondaire ; si la première relevait de la géographie physique, l’autre portait sur la géographie humaine et réciproquement. Monique Dacharry a commencé par soutenir en 1961, une thèse de 3e cycle intitulée « Tourisme et transport en Méditerranée occidentale (Baléares, Corse, Sardaigne) ». La qualité et la pertinence de ce travail lui permettent d’en faire un livre édité par les PUF en 1964. Puis elle effectue, sous la direction d’André Guilcher, sa thèse d’État : soutenue en 1973, elle porte sur « Précipitations et écoulement dans le bassin supérieur de la Loire, en amont de Gien » ; ce gros travail lui permet d’obtenir, la même année, un poste de maître de conférences à l’UER de géographie de Lille, où elle est nommée peu après professeur.

À Lille, elle vient renforcer le Laboratoire de climatologie de Pierre Biays et y adjoindre ses préoccupations pour l’hydrologie continentale. Elle trouve sur place de nouveaux terrains d’études sur les flux hydriques et noue des relations fructueuses avec des collègues d’autres disciplines (géologie, biologie) ainsi qu’avec des administrations et des organismes publics non universitaires (DDA, DDE, Agence de l’eau, Service hydrologique centralisateur), comme elle l’avait déjà fait pour ses travaux sur la Loire.

Elle n’oublie pas son intérêt pour le tourisme et les transports. Ceci l’amène à publier en 1981, une Géographie du transport aérien qui constituera, pendant des années, un ouvrage de référence dans ce domaine.

Pour des raisons personnelles, elle continue à résider à Paris, tout en étant très présente à Lille. En effet, elle a conservé à Paris de nombreux contacts et cela lui permet d’exercer des responsabilités dans la communauté géographique française et parisienne, comme en témoignent sa participation au CNU, le fait d’avoir été la première femme à devenir vice-présidente du CNFG (Comité national français de géographie) et son implication dans la Société de géographie de Paris depuis 1959.

Devenue professeur émérite, elle a continué à guider les étudiants qui avaient entrepris une thèse sous sa direction jusqu’à la soutenance de leur travail.

Elle laisse à ses étudiants et collègues, le souvenir d’une enseignante et d’une chercheuse de grande culture, passionnée par son travail, ne ménageant pas ses heures et d’une grande affabilité.

 

Alain BARRÉ

Article paru dans le bulletin de l'ASA d'hiver 2017