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Présentation et résumés des entretiens

Le Groupe Mémoire Orale (GMO) de l’ASAP s’est donné pour tâche de constituer un corpus d’entretiens avec des acteurs de l’histoire de l’université de Lille 1. L’évocation de la carrière n’est souvent qu’un prétexte pour ressusciter un contexte, celui du monde universitaire dans lequel a évolué la personne interviewée. Sur un sujet donné, plusieurs points de vue peuvent s’exprimer. Et comme, à nos yeux, le ressenti présente autant d’intérêt que le factuel, nous avons fait le choix de collecter de nombreux témoignages.
Dans un premier temps, de 2013 à 2019, les entretiens concernaient la période 1960-1980. Le thème dominant était celui des transformations impliquées par le passage de l’ancienne faculté des sciences à la nouvelle université. Depuis 2020, les entretiens portent en priorité sur la période 1980-2017. Les principaux sujets abordés sont : la création de nouveaux enseignements, la mise en place de pédagogies innovantes, le développement des laboratoires et la structuration de la recherche, l’évolution des modes de recrutement des personnels, l’évolution des structures administratives, l’évolution des conditions d’enseignement et de recherche, l’évolution des relations humaines entre membres du personnel, entre enseignants et étudiants.
Un entretien dure en moyenne 1h 30. L’enregistrement est transcrit, puis validé par l’intéressé. La plupart des transcriptions sont faites mot pour mot. Les fichiers numériques sont ensuite archivés. Ces archives sont consultables sous conditions. L’accès à la totalité d’un entretien est réservé aux personnes souhaitant faire une recherche, une conférence, un discours de commémoration, etc. Une autorisation doit être demandée à l’ASAP. On pourra se faire une idée du contenu de chaque entretien en puisant dans la liste alphabétique ci-dessous.

Résumé de l’entretien avec Agnès ABT

L’entretien a été réalisé le 23 mai 2018 par Bernard Belsot et Jean-Pierre Sawerysyn.

De 1992 à 2008, Agnès Abt a été directeur d’études de l’IESP, «Ingénieur d’Exploitation des Systèmes de Production», formation d’ingénieurs à partir d’apprenants ayant DUT, BTS, Licence ou Maîtrise, et ayant le rôle d’agents de maîtrise ou de techniciens supérieurs (ayant 100 à 200 personnes sous leur responsabilité) dans les groupes industriels suivants : BSN, EDF-GDF, Rhodia, Snecma, Péchiney, Renault, Michelin. Ces entreprises avaient des difficultés pour garder leurs ingénieurs de production sortant d’écoles d’ingénieurs.

En 1991, ces entreprises, avec deux branches professionnelles et des universitaires de différentes disciplines de Lille 1, créent un groupe de travail qui définit un «référentiel métier» identifiant les compétences requises exigeant un complément de formation. L’USTL est choisie comme centre de formation, qui démarre en 1992, seulement deux mois après la décision. Cette première étape de formation est appelée «Cycle d’harmonisation des acquis» ; elle s'effectue pour quinze personnes choisies et payées par les entreprises. Les éléments importants de ce cycle sont les tuteurs, les matières enseignées, l’évaluation, les réunions bilan.

Puis, à la demande des entreprises, un cycle d’ingénieurs de deux ans, en filière de formation continue sur le modèle Decomps, est mis en place à l’USTL, avec projet ou mission d’ingénieur dans l’entreprise : c’est l’IESP. Enfin, fusionné avec l’EUDIL et l’IAAL, l’IESP devient Polytech, formation continue et formation initiale dont le contenu de formation est validé pour cinq ans. A la demande d’entreprises, une formation pour apprentis est mise en place sur Calais avec un diplôme de Lille1, après des études de BTS ou d’IUT.

Alors qu’il était prévu pour cinq ans, l’IESP existe encore aujourd’hui, c’est un département de Polytech. Des détails sur la formation en alternance et des remarques sur le vécu sont donnés au cours de l’entretien.

 

Bernard Belsot

Résumé des entretiens avec Chantal ACHERÉ

Les entretiens ont été réalisés le 15 décembre 2021 et le 19 janvier 2022 par Jacques Duveau et Marie-Thérèse Pourprix.

Recrutée comme secrétaire contractuelle à la Faculté de droit et de sciences économiques en 1960, Chantal Acheré (CA) a eu un parcours atypique au sein de l’administration universitaire. Elle débute comme secrétaire du doyen et du secrétaire général dans un contexte de pénurie de personnels. Elle devient SASU en 1968 après avoir obtenu la capacité en droit.

Pendant deux ans elle est prêtée, à la demande des économistes, à la nouvelle UER de Sciences économiques et sociales de Lille 1 installée sur le campus scientifique. Elle a pour mission de monter l’ensemble des services administratifs de l’UER.

Elle est ensuite rappelée à Lille 2 comme cheffe de cabinet du secrétaire général. En 1978 elle demande une nouvelle affectation au rectorat. Ce sera à l’université de Lille 3 où elle terminera sa carrière comme attachée principale. D’abord chargée de réorganiser le service des relations internationales, elle est ensuite responsable administrative du service du téléenseignement.

A ce titre elle participe activement aux activités de la Fédération interuniversitaire de l’enseignement à distance dont elle est, pendant 20 ans, secrétaire générale adjointe, puis secrétaire générale. Entre 2000 et 2002 elle est déléguée générale du Groupement d’enseignement sur mesure médiatisé, et travaille avec l’AFNOR sur la normalisation de l’enseignement à distance au niveau européen. Elle participe alors à la création d’une équipe de recherche, abritée par Paris 10, sur les normes et les standards. A Lille 3 elle participe à divers projets visant à la numérisation de services et à la création du campus numérique.

Passionnée par l’histoire de l’art, Chantal Acheré entreprend tardivement un cursus universitaire complet, de l’ESEU à la thèse de doctorat, sur l’œuvre de Jean Joseph Weerts, qu’elle soutiendra en 2007 après sa mise en retraite.

Les deux entretiens, riches en anecdotes, renseignent sur le monde universitaire observé du point de vue de l’administration.

 

Jacques Duveau

Résumé de l’entretien avec Monique BALLENGHIEN

L’entretien a été réalisé le 10 décembre 2021 par Jean-Pierre Sawerysyn et Christian Druon, en présence d’André Amossé, Président de l’Association Jonckheere.

46 ans d’observatoire ! De 1969 à 2015, madame Monique Ballenghien a assuré la fonction de concierge à l’observatoire de Lille. À ce titre, elle a été le témoin privilégié de son histoire. C’est avec chaleur et vivacité qu’elle nous fait le récit de son vécu au sein de cet établissement. Elle y passe en revue les principaux responsables de l’observatoire qu’elle a connus et ne manque pas d’illustrer son propos par des anecdotes. À travers son témoignage, apparaît la double appartenance de l’observatoire de Lille : les locaux appartiennent à la ville de Lille, alors que la grande lunette et toute l’instrumentation scientifique relèvent de l’université. Cette double appartenance a été une source d’incertitudes pour l’observatoire. L’avenir de l’observatoire a été sauvegardé à partir de son inscription en 2001 sur la liste des Monuments Historiques de la ville de Lille. En 2004, une association portant le nom du fondateur de l’observatoire - l’association Jonckheere - a été créée pour contribuer à sa conservation et son rayonnement. La lunette, toujours opérationnelle, participe essentiellement à l’enseignement pratique de l’astronomie.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l'entretien avec Alain BARRÉ et Claude KERGOMARD

L’entretien a été réalisé le 3 juin 2013 par Francis Gugenheim.

Alain Barré (AB) et Claude Kergomard (CK) ont été interviewés conjointement. Ceci permet notamment d’illustrer les permanences et les évolutions dans la vie de l’Institut de Géographie de Lille, au tournant des années 1960-70.

AB effectue les études classiques d’un étudiant en géographie au sein de la faculté des Lettres de Lille (1962-67), selon le cursus de l’époque : propédeutique (+ Ipes), licence en 2 ans, DES + Capes et enfin agrégation. CK commence ses études à la faculté des Lettres et les achève à l’USTL (1969-74) selon le cursus mis en place en 1966 : DUEL en 2 ans, licence en 1 an, DES et enfin agrégation. AB est recruté comme assistant en 1969 et CK en 1978 : jusqu’à la fin des années 1980, l’agrégation de géographie est le critère incontournable pour devenir assistant. Deux raisons justifient alors cette exigence :

  • une expérience pédagogique, validée par un passage dans l’enseignement secondaire. En effet, si un assistant est un enseignant-chercheur, les modalités de son recrutement privilégient le premier aspect de la fonction ;
  • ensuite, l’agrégation est censée donner une vaste culture géographique à quelqu’un dont les services peuvent alors comporter aussi bien de la géographie humaine que de la géographie physique.

L’un et l’autre ont été hébergés au B2, bâtiment provisoire du campus, où ils reconnaissent que s’ils disposaient de vastes bureaux, ceux-ci manquaient de convivialité. Ils ne se sentiront véritablement intégrés à l’USTL qu’en 1996 avec l’inauguration du nouveau bâtiment de géographie (CK étant d’ailleurs hébergé au SN 5, car il a fallu réduire les surfaces du nouveau bâtiment).

Le public étudiant se caractérise par le maintien des liens entre les UER d’histoire et de géographie, appartenant respectivement à Lille 3 et Lille 1. Selon les modalités, émanant des deux cursus, ce sont les étudiants ou les enseignants qui font la navette entre les deux campus. La création en 1975 de la MST Envar amène un nouveau public, celui d’une formation professionnelle, à effectifs réduits, fruit d’un rapprochement de la Géographie et des SVT. AB et CK enseignent dans cette formation offrant à ses diplômés une large palette de débouchés.

Sur le plan de la recherche, AB travaille en géographie des transports et CK en climatologie. La recherche reste, malgré le rattachement à des laboratoires dirigés par des Professeurs, une affaire individuelle, avec peu de moyens techniques jusque dans les années 1980. Chacun effectue ses recherches « sur le terrain », auprès de services divers qui leur fournissent des données, rédige ses articles de façon manuscrite, les fait frapper ou les frappe directement ; la « logistique » commence à apparaître fin des années 1980, avec les premiers micro-ordinateurs. CK travaille en climatologie des régions polaires et télédétection des glaces des mers arctiques. Cette thématique le conduit à se rapprocher du Laboratoire d’Optique Atmosphérique.

L’un et l’autre participent aux comités de rédaction des deux revues éditées par l’Institut de Géographie de Lille : Hommes et Terres du Nord pour CK et Espace Populations Sociétés pour AB.

 

Alain Barré

Résumé de l’entretien avec Jean BELLET

L’entretien a été réalisé en février 2016 par Yvonne MOUNIER et Jacques CRAMPON.

Jean Bellet est le fils d’un couple d’instituteurs. En 1953, il intègre l’Ecole Normale d’Instituteurs de Douai. Il obtient le bac de Maths et après son stage à l’Ecole Normale d’Instituteurs en quatrième année, il est nommé instituteur à Douai. Il demande alors une année de congés pour partir à la Faculté des Sciences de Lille en 1957.

En 1957-1958, il fait une propédeutique MPC à Lille et passe le concours des IPES. Ensuite, il poursuit ses études supérieures en Physique, en préparant une licence, puis un DES et le CAPES. Ayant obtenu un poste d’assistant à la rentrée 1961, c’est au cours de la licence qu’il va opter pour la recherche et l’enseignement supérieur plutôt que pour l’enseignement secondaire.

Il est donc recruté Assistant à l’Institut de Physique en octobre 1961 et, après quelques hésitations, il entre « chez » Raymond Wertheimer qui est en train de monter un laboratoire (L.S.H.). Il sera nommé Maître-Assistant en janvier 1965, puis Maître-de-Conférences (Rang A) en Physique en octobre 1966.

Raymond Wertheimer lui propose de soutenir directement une thèse d’État en spectroscopie moléculaire. À l’époque, cela n’est pas l’usage à Lille. Il n’y a pas de gens qui passent des thèses d’État à Lille. Donc, le 27 février 1965, il soutient sa thèse de Doctorat d’État ès Sciences Physiques sur le « Spectre de rotation de l’anhydride sulfureux entre 2 cm et 2 mm de longueur d’onde » .

Jean Bellet a donc bien connu le fonctionnement de la Faculté des Sciences et de ses départements avant 1968. Il décrit bien ce qui, selon lui, se passe en Physique à Lille. Ayant peu de moyens disponibles à Lille, c’est surtout par des collaborations internationales, plus particulièrement avec l’U.C. de Louvain, que Jean Bellet a développé son activité de recherche.

C’est après l’arrivée sur le campus en 1967 et les conséquences de mai 1968 qu’il prend des responsabilités d’intérêt collectif. Il est élu Directeur adjoint de l’UFR de Physique (1971-1973), puis Directeur de la même l’UFR (1973-1975). Ensuite, sous la Présidence de Jacques Lombard, il est élu au Conseil d’université (1975-1977). Il devient Vice-Président Recherche (1977-1981) de l’USTL, sous la Présidence cette fois de Michel Migeon.

En 1977-1980, il est nommé Président d’ADRINORD, l’ADER pour la région Nord-Pas-de-Calais.

Après avoir été rapporteur pour les sciences exactes de la Commission Préfectorale du Plan, il a été aussi membre du Comité d’Orientation de la Délégation Régionale de l’ANVAR. Au début des années 1980, il devient membre du Comité Régional de la Recherche mis en place par l’Etablissement Public Régional du Nord/Pas-de-Calais qui préfigure le Conseil Régional de plein exercice issu des lois de décentralisation de mars 1982.

En 1982-1993, il devient Conseiller Scientifique du Président du Conseil Régional du Nord/Pas-de-Calais Noël Josèphe. Dans les années 1990, lors du troisième Contrat de Plan État Région (CPER), il travaille à la concrétisation de deux grosses opérations structurantes pour la recherche en région qui verront le jour en 1992 pour l’IEMN et en 1996 pour l’IBL.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Bernard BELSOT

L’entretien a été réalisé le 25 novembre 2016 par Jean-Pierre Sawerysyn et Yves Crosnier.

Après avoir obtenu sa licence de chimie en 1965, Bernard Belsot entra au laboratoire de Chimie minérale dirigé par Joseph Heubel. Il bénéficia d’abord d’un poste de chef de travaux, puis d’un poste d’assistant. Il a été promu maître-assistant en 73. Il devint maître de conférences en 1985. Sur le plan de la recherche, bien que totalement livré à lui-même, il réussit à soutenir une thèse de 3ème cycle en 70 pendant son service militaire.

En absence de perspectives en recherche, il envisagea de se reconvertir professionnellement. Finalement, B. Belsot demeura dans l’enseignement supérieur et s’engagea avec passion et dynamisme dans divers projets pédagogiques. A ce titre, il participa notamment au soutien apporté aux bacheliers F en utilisant une pédagogie adaptée à ces étudiants. A partir de 1985, il accepta la lourde responsabilité du DEUG A alterné en 1ère année où il s’est investi totalement pendant dix ans. L’entretien fut l’occasion pour lui de rappeler le fonctionnement de cette expérience pédagogique, quasi-unique en France, dont la particularité fondamentale a été d’introduire dans le cursus universitaire un stage socio-professionnel de trois mois avant les enseignements universitaires. Les enseignements étaient dispensés selon une pédagogie par objectifs intégrant cours-TD et TP. Après dix ans d’investissement personnel dans le DEUG alterné, B. Belsot a transmis, non sans difficultés, cette responsabilité à un autre enseignant. En 1997, le DEUG alterné 1ère année disparaissait. Plusieurs causes sont proposées pour expliquer cette disparition.

Par ailleurs, à partir de 1993, B. Belsot s’engagea activement dans la création de la 1ère année du DEUG TI (Technologies industrielles) qui devint par la suite le DEUG STPI (Sciences et technologies pour l’ingénieur). Cette nouvelle formation, qui permettait aux meilleurs étudiants d’intégrer sur dossier une école d’ingénieur, rencontra un vif intérêt auprès d’eux. Au cours de cet entretien, Bernard Belsot nous a dévoilé une carrière d’enseignant remarquable guidée par son expérience du monde socio-professionnel.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Jean BILLARD 

L’entretien a été réalisé en juin 2013 par Chantal Duprez.

Jean Billard est ingénieur, diplômé de l’ESPCI de Paris en 1956. Après son diplôme, il est entré comme chercheur CNRS contractuel dans le Laboratoire de physique théorique du Collège de France, dirigé par le Professeur Jean Laval. Il a soutenu sa thèse d’État en 1966.

J. Billard a été nommé à Lille le 1er octobre 1967. Il est donc arrivé sur le campus d’Annappes, juste à la charnière pré et post 68. Dès son arrivée, il a créé le Laboratoire de physique des stases anisotropes.

Il décrit les événements de mai 1968 et ce qui a suivi. Il considère qu’il y a eu des démissions massives des responsables de l’époque, ce qui l’a amené à prendre des responsabilités.

Le doyen, dans cette période charnière, est René Defretin. Il dirige la Faculté des sciences avec l’aide de ses assesseurs. Ceux-ci ayant démissionné en mai 68, ils ont été remplacés par un bureau avec des responsables scolarité, recherche, personnel, finances, etc. J. Billard devient donc Président de la Commission scolarité jusqu’en 1972-73.

Lorsqu’il devient Président de la Commission recherche, il essaie de refaire fonctionner les sociétés savantes (Société de physique, Société de Chimie), mais sans grand succès. Il essaie aussi de régénérer la Société géologique du Nord, très liée à la présence du bassin minier. 

Il explique comment se faisait la répartition des moyens financiers et des postes dans les différentes UER qui ont succédé aux départements après 1968.

Michel Migeon succède à J. Billard quand celui-ci devient directeur de l’UER de physique (1971-73). Il a accepté cette fonction à condition d’avoir un adjoint, c’est  Jean Bellet, qui lui succèdera.

Il parle aussi de la réplique de mai 1968, l’invasion du campus par les CRS et les gardes mobiles en mars 1971, alors que Defretin est devenu le Président élu de l’université.

J. Billard a ensuite demandé son détachement au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées en 1982, dont il a été le délégué́ aux actions scientifiques. En mars 1993, il a été désigné comme membre associé du Conseil Général des Ponts et Chaussées, pour une période de trois ans.

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Gérard BISKUPSKI

L’entretien a été réalisé le 22 septembre 2016 par Jean-Pierre Sawerysyn et Yvonne Mounier.

Gérard Biskupski a obtenu le bac Mathématiques en 1960. Il a fait deux années de « prépa » tout en passant une propédeutique MGP à la Faculté des sciences de Lille. Il a obtenu ensuite une licence de physique. Pendant sa dernière année de licence, en 1964-65, il a pris un poste de moniteur. En octobre 1965, il a obtenu un poste d’assistant à l’Institut de Physique de Lille. Il a passé le DEA de Physique des Solides en 1966. Il a été nommé maître-assistant à Lille 1 en octobre 1971, puis Professeur à Lille 1 en 1988.

Il est entré au laboratoire « Moriamez » dont les travaux sur les ultra-sons l’avaient séduit. En 1967, ce laboratoire a déménagé pour s’installer sur le campus d’Annappes. En 1969, le laboratoire « Moriamez » a encore déménagé, cette fois au Centre Universitaire de Valenciennes. Il a effectué son service militaire en 1969-70. Il a soutenu une thèse de 3ème cycle en janvier 1971.

Après sa thèse de 3ème cycle, il est entré dans l’équipe de physique des solides, dirigée par Henri Dubois, au sein du LSH. Il s’est intéressé au mécanisme de conduction dans les semi-conducteurs. Au niveau expérimental, il avait besoin de très basses températures et de champs magnétiques élevés. Aussi, dès 1973, il est allé au CRTBT à Grenoble pour effectuer ses mesures. Il a soutenu une thèse d’État sur ce sujet en avril 1982, intitulée « Mécanisme de conduction dans la bande d’impuretés et transition métal isolant dans InP et InSb en présence d’un champ magnétique ». Sir N.F. Mott, Prix Nobel de physique, a participé à son jury.

De retour du service militaire en octobre 1970, il a dû aller faire son enseignement à l’antenne universitaire de Calais. À Calais, il a d’abord dispensé des TDS et TPS de physique en première année de D.U.E.S. En 1984, on lui a confié des cours de première année, puis les cours d’électromagnétisme et de thermodynamique de la deuxième année de DEUG. En 1994, après la création des universités nouvelles en région Nord-Pas-de-Calais, il a encore assuré un demi-service à l’ULCO et il a repris des cours à Lille dans les trois cycles.

G. Biskupski connaît bien l’histoire de l’enseignement supérieur universitaire à Calais dont il décrit ensuite la création et l’évolution, jusqu’à la création de l’Université du Littoral-Côte d’Opale (ULCO) en 1991.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Pierre BORNE

L’entretien a été réalisé le 3 avril 2018 par Yves Crosnier et Georges Salmer.

L’entretien a d’abord porté sur l’évolution de la recherche en Automatique à Lille, puis sur ses travaux personnels.
Pierre Borne a travaillé au Centre d’Automatique de Lille (CAL) créé par Pierre Vidal dans les années soixante. Il a travaillé sur la commande multimodale sous la direction de François Laurent. Celui-ci a quitté le CAL pour créer le laboratoire de Systématique devenu ensuite le Laboratoire d’Automatique et Informatique Industrielle(LAII), puis LAIL (Laboratoire d’Automatique et d’Informatique de Lille), localisé principalement à l’Ecole Centrale et dirigé par Jean Claude Gentina. Pierre Borne en a fait partie dès le début, puis il est devenu professeur à l’Ecole Centrale. Ce laboratoire a été associé au CNRS à la fin des années 80. Parallèlement, le CAL, après sa perte du label CNRS, est devenu le Laboratoire I3D (Interaction, Image et Ingénierie de la Décision). Par la suite, I3D et LAIL ont fusionné pour donner naissance au LAGIS dans les années 90, laboratoire associé au CNRS. En 2015, les automaticiens du LAGIS se sont réunis aux Informaticiens du LIFL pour constituer un nouvel ensemble appelé CRISTAL (Centre de recherches en Informatique, Signal et Automatique de Lille).

Pierre Borne déclare avoir toujours travaillé dans le domaine de l’automatique, en changeant tous les cinq ans de sujet. Ses approches étaient le plus souvent théoriques, mais il a beaucoup travaillé sur des contrats avec l’industrie et la défense nationale. Il a dirigé les travaux de nombreux thésards qui ont pris des responsabilités importantes au niveau de l’automatique lilloise. Au niveau régional, il a animé le GRAISYHM (Groupement de Recherches en Automatisme et Systèmes Hommes Machine) qui réunissait une grande partie des chercheurs en automatique de la région. Au niveau national, il a été président des Clubs Techniques de la SEE et directeur des publications de la REE. De même, il a été chargé de réactiver le GDR d’Automatique du CNRS, qu’il a fait évoluer avec succès en Groupement sur la Modélisation, l’Analyse et la Conduite des Systèmes. Enfin il a une activité très importante dans la rédaction d’une trentaine d’ouvrages scientifiques à large diffusion (5000 pour certains), dont plusieurs ont été primés par le ministère de la recherche et qui lui ont valu des versements de droits d’auteur substantiels.

Pierre Borne a terminé son entretien par des réflexions sur l’évolution considérable des outils mathématiques utilisés en automatique depuis ses débuts et sur l’apport considérable amené par l’usage des méthodes méta-heuristiques, qui permettent de résoudre des problèmes complexes en des temps raisonnables.

 

Georges Salmer

Résumé de l’entretien avec Jean BOURGAIN

L’entretien a été réalisé le 8 septembre 2015 par Jacques Duveau et Bernard Pourprix.

Jean Bourgain (JB), maître de conférences en sciences économiques, fait ses études à la faculté de droit de Lille à partir de 1959. A cette époque, les étudiants de première et seconde années en sciences éco sont regroupés avec les juristes, c’est en troisième année que se fait réellement la dissociation. JB parle de ses enseignants, de leurs enseignements et de leurs rapports avec les étudiants : manque criant de mathématiques et de statistiques, choc culturel important provoqué par l’arrivée de Nicolaï qui fait découvrir Marx, les sociologues américains, etc. JB rappelle aussi comment les professeurs étaient recrutés sur la base du concours d’agrégation.

Pendant ses études, JB travaille au CROUS, où on lui confie d’importantes responsabilités. En même temps, il est trésorier, puis secrétaire de la Corpo de droit et sciences éco, où il crée "l’école syndicale" pour faire réfléchir les bizuths sur des thèmes de la vie étudiante (logement, financement des études, etc.).

Après être parti cinq ans en coopération à Tananarive, JB est recruté assistant à l’UER de sciences éco et sociales de Lille1 en 1971. On lui demande de récrire sa thèse sur l’économie et les inégalités socio-économiques à Madagascar, car jugée un peu tendancieuse. Il refuse et traîne cela toute sa vie. Devenu titulaire après la lutte des assistants de 1976-83, il est bloqué jusqu’en 2002, date à laquelle "on" décide d’accorder le statut de maître de conférences à un certain nombre d’assistants.

Dès 1971, JB entre dans l’équipe de direction de l’UER de sciences éco. Le travail d’harmonisation de l’organisation post-68 n’est pas une mince affaire. Très vite, JB pousse à la création de laboratoires de recherche, sur le modèle des laboratoires scientifiques. Son rôle est de forcer les enseignants à entrer dans un cadre "laboratoire". L’entretien apporte des informations sur les premières créations.

Au début des années 1980, JB est chargé de mission à la direction de l’université, dans la cellule recherche. C’est la période de mise en place des premiers contrats d’établissement. C’est JB qui commence à travailler, au niveau de l’établissement USTL, sur la valorisation économique de la recherche et sur le transfert des technologies. La liaison entre université et entreprise semble être chez lui une préoccupation constante depuis ses premières études en sciences économiques.

A entendre Jean Bourgain, on a l’impression que le rattachement des sciences économiques à une université scientifique, opéré au début des années soixante-dix, n’a eu que des effets bénéfiques.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jean-Paul BRASSELET

L’entretien a été réalisé le 7 juin 2021 par Bernard et Marie-Thérèse Pourprix.

Jean-Paul Brasselet a fait ses études à Lille. Brillant élève en DEA, remarqué par Pham Mau Quan et Marie-Hélène Schwartz (1913-2013), il devient assistant. Dès lors sa carrière sera intimement mêlée à celle de Marie-Hélène Schwartz (MHS). Il publie très rapidement et passe sous sa direction une thèse de troisième cycle sur les variétés analytiques complexes en 1969. MHS ne trouve rien de mieux qu’Henri Cartan (1904-2008) pour l’encadrement de sa thèse d’Etat qu’il soutient en 1977. JPB est l’avant-dernier élève de Cartan. Si JPB bénéficie de ce fameux coup de pouce, il s’avère rapidement que MHS ne s’est pas trompée sur l’élève. En effet, elle avait fait une note passée inaperçue au CRAS en 1965 (la date de parution de cette note étant curieusement celle des 20 ans de JPB). C’est alors que, trois ans plus tard, en 1968, Grothendieck et Deligne émettent une conjecture sur les classes de variétés algébriques. Or, celle-ci s’avère avoir été démontrée pour la première fois dans cette fameuse note de 1965. C’est ce que JPB et MHS mettent en évidence après que Robert MacPherson a donné, en 1974, une autre preuve de cette conjecture. Il est rare qu’une conjecture de ce niveau soit démontrée avant d’être émise.

Pour des raisons familiales, JPB est professeur à Lille jusqu’en 1991. Il est un pilier de l’URA qui se construit autour de la géométrie. Son rôle est crucial pour le financement par le CNRS de la bibliothèque de mathématiques. Marcos Sebastiani, spécialiste de la théorie des catastrophes, lui a proposé son deuxième sujet de thèse. La collaboration des deux amis sera ponctuée par de nombreux séjours dans les universités brésiliennes de JPB. Dans le cadre d’accords entre Lille 1 et Lille 3, JPB soulève l’intérêt de collègues de Lille 3 et Lille 2 en introduisant la théorie des catastrophes dans l’enseignement de psychologie, bouleversant des approches traditionnelles et remettant en cause certains résultats.

L’intérêt de l’interview repose aussi sur l’exposé des méthodes de travail de JPB comme étudiant de MHS, comme enseignant, puis comme directeur d’une multitude de thèses à Lille puis à Marseille. JPB dresse un portrait de MHS emprunt de respect, d’admiration et d’affection. Celle-ci a les idées foisonnantes, esquissées souvent dans des phrases qui se bousculent. Aussi, sur fond de misogynie de l’époque, il arrive qu’elle soit incomprise. JPB y décèlera tout de suite une intelligence et un terreau on ne peut plus stimulants. L’évocation du travail hebdomadaire avec Cartan et des exigences du maître lors de la préparation de la thèse est de même un morceau d’histoire de la sociologie des mathématiques dans des circonstances où JPB, rare grand mathématicien non sorti d’une ENS, arrive à faire sa place.

JPB rapporte aussi des anecdotes sur mai 1968 à Lille, sur les conseils d’UFR et les conseils scientifiques de Lille 1 où il participe. De façon savoureuse il raconte aussi comment la SNCF est venue chercher des géomètres à Lille 1 puis à l’UFR de math pour le tracé de la ligne TGV Paris-Lille-Londres. Il s’agissait d’éviter une gare TGV hors de Lille, un tracé avec tunnel souterrain s’avérant trop coûteux. Le logiciel de tracé de courbes en zone urbaine qu’il élabore avec Carlos Sacré et Patrick Van Ingelandt est le premier logiciel utilisé par la SNCF.

Le succès du grand colloque sur les singularités qu’il organise à Lille en 1991, et dont il édite les Actes aux Cambridge University Press, fait connaître ses talents d’organisateur et ses capacités de travail. Sur incitation pressante de Jean-Pierre Bourguignon, il est nommé en 1991 directeur du CIRM (Centre international de rencontres mathématiques) de Luminy pour quatre ans et renouvelé ensuite. Un seul autre centre international existe à l’époque, en Allemagne. A Marseille, JPB réussit à fédérer les équipes de mathématiques des trois universités en une équipe CNRS autour de la géométrie. Il y organise de multiples rencontres et congrès sur les singularités qui se déroulent aussi au Brésil, au Mexique, au Japon, en Pologne. Actuellement directeur de recherche émérite du CNRS, ses interventions dans ces pays sont incessantes.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Claude BREZINSKI

L’entretien a été réalisé le 30 janvier 2018 par Marie-Thérèse et Bernard Pourprix.

Claude Brezinski (CB) est né en 1941. A la Faculté des sciences de Paris, il passe sa licence et deux DES, l’un intitulé « calcul automatique », l’autre de physique nucléaire à Saclay où il s’initie seul à l’analyse numérique. Il enseigne au CNAM, dans des écoles d’ingénieurs, et il est ensuite embauché comme ingénieur au centre de calcul scientifique de l’armement. Il y prépare une thèse d’État sur des problèmes d’accélération de la convergence sous la direction lointaine de Noël Gastinel, de Grenoble.

Lors d’un colloque d’analyse numérique, Florent Cordellier et Bernard Germain-Bonne l’informent qu’un poste est libre à Lille. C’est ainsi que CB arrive en 1973. Le laboratoire d’analyse numérique qu’il fonde est alors rattaché à l’IEEA. Il est ensuite rattaché à l’UFR de mathématiques, étant donné que ses membres y font leurs enseignements, mais son implantation reste au bâtiment M3. CB a enseigné toute sa vie essentiellement en maîtrise. Il décrit comment, à son arrivée, il organise l’équipe de recherche d’analyse numérique avec un séminaire hebdomadaire (le premier en math à Lille ?), y impulsant une dynamique attestée par la direction de soixante thèses et habilitations.

CB explique pourquoi cette équipe n’a pas obtenu le label du CNRS. Les mathématiques appliquées sont alors, au niveau national, sous la domination écrasante de Jacques-Louis Lions et de son équipe des équations aux dérivées partielles (EDP). Le domaine de l’analyse numérique (la théorie de l’approximation, des polynômes orthogonaux) en a subi l’ombre. Mais c’est par les gens des EDP que CB obtient ses promotions. Ailleurs, aux USA ou dans différents pays d’Europe, les mathématiques appliquées sont davantage diversifiées et CB conserve des liens étroits avec des collègues italiens et espagnols.

CB a « trempé » dans la création de plusieurs sociétés dont la SMAI (Société des mathématiques appliquées et industrielles) en 1983. Actuellement, il garde des responsabilités éditoriales, en particulier envers la revue Numerical algorithms qu’il a fondée en 1991. Il produit encore une multitude d’articles et d’ouvrages qui ont trait autant à l’analyse numérique qu’à l’histoire des sciences, et il est intarissable sur ces sujets.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Alain CAPPY

L’entretien a été réalisé le 19 janvier 2022 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Alain Cappy (AC) est professeur émérite d’électronique à l’UFR d’IEEA de l’université Lille 1. De 2002 à 2009, il a dirigé l’Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie (IEMN). De 2010 à 2014, il a dirigé l’Institut de recherche sur les composants logiciels et matériels pour l’information et la communication avancée (IRCICA).

Ancien élève de l’ENS de Cachan, AC arrive en 1977 à Lille pour préparer un DEA de « physique appliquée », c’est son souhait le plus cher. On lui conseille de frapper à la porte du laboratoire du professeur Constant. Il entre ainsi au Centre hyperfréquences et semi-conducteurs (CHS), qui deviendra la principale composante de l’IEMN. Il y restera sa vie durant.

En 1979, AC est assistant-agrégé au département de Biologie de l’IUT A. Puis il devient maître de conférences à l’EUDIL. Enfin il est nommé professeur à l’UFR d’IEEA en 1991.

AC retrace brièvement l’histoire du CHS, dont la principale activité consistait dans la caractérisation physique et électrique de composants microélectroniques, et dans leur simulation numérique. Il souligne la décision visionnaire d’Eugène Constant, directeur du CHS (et futur fondateur de l’IEMN), d’installer des équipements lourds permettant au laboratoire de réaliser lui-même des composants microélectroniques qui étaient fournis auparavant par l’industrie. Après avoir rappelé les débuts de l’IEMN (créé en 1992), AC expose les problèmes qu’il a rencontrés lors de son mandat de directeur.

AC nous fait prendre la mesure des investissements et des crédits nécessaires pour maintenir à niveau un laboratoire de la taille de l’IEMN. Il indique quelles sont les sources de financement. Il donne les raisons de l’aisance de la situation financière sous son mandat de directeur par rapport à la situation actuelle.

AC évoque ses rapports avec les responsables de la recherche au Conseil régional. Si les départements du CNRS ont une vraie stratégie de recherche, ce n’est pas le cas de la Région, qui a une politique scientifique à courte vue. De plus, l’industrie électronique étant peu puissante dans la région, il est souvent difficile de négocier des contrats de Plan Etat-Région dans ce domaine (excepté le contrat 2006-2013).

AC parle de la nature et de la qualité des liens de l’IEMN avec les autres secteurs de l’université, et notamment la Physique, la Chimie et la Biologie. Il déplore le manque d’interaction avec les informaticiens lillois, peu enclins à s’intéresser aux aspects matériels et aux interfaces avec les disciplines expérimentales.

AC explique comment fonctionne l’IRCICA, qui a pour tutelles l’université et le CNRS. Fait assez rare, cet institut peut développer ses propres sujets de recherche, le contrôle est fait a posteriori.

Enfin AC se livre à une critique de l’évaluation des laboratoires par le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES). Il plaide pour un renforcement des financements récurrents avec, en contrepartie, une évaluation extrêmement stricte des résultats sur des critères uniquement scientifiques.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jean CELEYRETTE

L’entretien a été réalisé le 24 septembre 2014 par Marie-Thérèse Pourprix.

Jean Celeyrette (JC), né en 1938, reçoit une formation de mathématicien à l’ENS de Saint-Cloud. A la fin des années soixante, à Paris, il participe à la création des IREM et à l’écriture des statuts de l’Université de Vincennes.

Pierre Deyon, doyen de la Faculté des lettres de Lille, lui demande de venir créer à Lille un département de mathématiques appliquées aux sciences sociales. JC explique dans quelles circonstances ce projet se réalise en 1970, pourquoi il obtient d’être nommé à la fois à Lille 1 et à Lille 3, et comment il y est accueilli.

JC compare le déroulement des Conseils de l’UFR de mathématiques à Lille 1 et des Conseils d’Université à Lille 3 des années soixante-dix. Il détaille les positions des mathématiciens de cette époque agitée (Daniel Lehmann, Marie-Hélène Schwartz, Françoise et Maurice Chamontin, Robert Gergondey, Jean Gadrey, Michel Parreau), ainsi que les interventions tonitruantes de Rudolf Bkouche dans ces deux conseils.

JC est amené à mettre en place un service de la recherche à Lille 3. L’instauration de la loi Sauvage de 1980 précipite son élection, évidemment compliquée, à la présidence de cette université. Il assure, en même temps, au Ministère, des fonctions relatives à la formation des maîtres et à la formation permanente.

Pourquoi, après avoir fréquenté le Ministère et avoir eu des propositions de carrière attrayantes, décide-t-il de revenir à une vie d’enseignant-chercheur ? Comment réussit-il à créer de toutes pièces, avec son ami Edmond Mazet, un laboratoire d’histoire de la philosophie médiévale, qui sera reconnu plus tard par le CNRS ?

JC, qui a eu des pouvoirs, nous livre enfin une réflexion sur le pouvoir. Et il conclut que tout cela était « intéressant »…

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Claude CERF

L’entretien a été réalisé le 28 février 2013 par Pierre Louis et Yves Crosnier.

Ayant déjà accordé un entretien à l’ASA en 2004 à propos de la "journée commémorative Michel Migeon", Claude Cerf a souhaité ne pas trop se répéter et le présent entretien s’est donc plutôt focalisé sur l’immédiateté de l’avant et de l’après 1968, période dont il a été un acteur important dans notre université.

Claude Cerf a suivi une filière universitaire lilloise ancien régime de la licence ès-sciences comportant : MPC, MMP, Physique et Chimie Générales. Après quoi, ayant rejoint l’Institut de Chimie, il y a préparé, pratiquement tout seul, une thèse de Doctorat d’Etat sur un sujet théorique choisi par lui-même et à forte connotation mathématique. Officiellement rattaché au laboratoire de Spectroscopie Raman, c’est paradoxalement à l’extérieur de l’université de Lille qu’il a réussi à faire reconnaître son travail et à constituer son jury de thèse, laquelle a été soutenue en 1963. Michel Delhaye, lorsqu’il sera devenu directeur du Laboratoire de Spectroscopie Raman, reconnaîtra après coup l’intérêt de son travail. Entraîné ensuite dans d’autres activités du fait des événements de 1968 et de son engagement de militant syndicaliste, Claude Cerf ne pourra pas poursuivre dans le domaine de recherche de sa thèse mais, par contre, il orientera progressivement son enseignement vers les mathématiques. Il n’abandonnera pas pour autant l’enseignement de la chimie, notamment en remplaçant son ami Michel Migeon quand celui-ci sera appelé aux hautes fonctions de Président de l’université (1977-1981), puis de Recteur (1981-1984 et 1985-1986).

Le présent entretien a porté principalement sur : la rarissime expérience vécue avant 1968 par Claude Cerf en ayant été l’un des deux seuls représentants (élus) du collège B siégeant au Conseil de faculté, alors que celui-ci ne comportait pratiquement à l’époque que des Professeurs ; le contraste de gouvernance entre l’autocratisme des multiples décanats d’Henri Lefebvre (1949-1961) et l’amorce d’ouverture introduite sous le décanat de Jacques Tillieu (1964-1967) ; dans l’après 1968, le nouveau style de travail inauguré par l’équipe de Direction mise en place sous la Présidence de Michel Parreau (1973-1975) et où Claude Cerf était chargé des Personnels AITOS et Enseignants tandis que Michel Migeon s’occupait de la Scolarité ; le caractère éprouvant de ses propres responsabilités auprès des Personnels et, à ce titre, la complexité de ses relations avec les différents rouages de l’université : Administration, Conseils, Commissions, etc.

 

Yves Crosnier

Résumé de l’entretien avec Maurice CHAMONTIN

L’entretien a été réalisé le 7 mars 2018 par Bernard et Marie-Thérèse Pourprix.

Les études de Maurice Chamontin (MC) sont celles de ceux qui « partent d’assez bas (sic) » : cours complémentaire, école normale primaire, prépa Saint-Cloud et ENSET (école normale supérieure de l’enseignement technique de Cachan). Agrégé de mathématiques, MC enseigne au lycée La Martinière de Lyon, aux Arts et métiers de Cluny, puis il est recruté à la faculté des sciences de Marseille. Là, son patron de recherche, Pierre Boughon, désireux d’en partir, emmène « en fourgon » « ses » quatre assistants à Lille. On est en 1965, le monde universitaire est tout petit, et MC trouve Lille « très agréable, plus ouvert ».

Le Deug personnalisé, créé en 1973-74, est la raison principale de cet entretien. Voici quelques considérations de MC à ce sujet : « Il se trouvait que le cours magistral semblait le reflet de l’organisation du pouvoir appelé à disparaître ». « Après des tonnes et des tonnes de discussions, on a essayé de proposer une nouvelle organisation de l’enseignement [de mathématiques], pour les premiers cycles. Nos ambitions étaient grandes, basées sur une plus grande autonomie de l’étudiant, une plus grande implication, une plus grande prise en charge par l’étudiant de ses études. Cela entraînait la suppression du cours magistral, de l’abomination de la science déléguée par le haut ». « Il n’y avait plus de hiérarchie, tous les enseignants étaient sur le même plan, et tous les étudiants aussi. Alors ça, on a réussi à le faire ». « Le travail ne comportait pas de cours, seulement des séances de TP où les étudiants travaillaient sur des fiches qui avaient été mises au point auparavant par le collectif d’enseignants ». MC explique le mode de contrôle, la réception d’un tel enseignement et pourquoi l’expérience a pris fin en 1981-82. Toutefois le Deug personnalisé a servi de socle à d’autres expériences pédagogiques comme celles des Bac F et du Deug alterné.

MC enseigne ensuite en licence avec Paul Dedecker et participe activement à la création du Deug MISS (mathématiques, informatique et sciences sociales) avec ses stages en entreprise.

MC décrit finement des personnalités marquantes de l’UFR de mathématiques : Laurent Gruson, Rudolf Bkouche, Michel Parreau dont l’influence a été considérable pour l’UFR et l’université. Il évoque le rôle d’« avant-garde un peu gauchisante » des conseils d’UFR de math où tout était objet de débats. Témoin et acteur d’une époque où l’université a explosé du fait de l’accroissement considérable du nombre d’étudiants et où l’encadrement de la recherche a été peu maîtrisé, MC émet l’hypothèse d’avoir appartenu à une génération de transition.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien d’Elisabeth Charlon

L’entretien a eu lieu le 20 novembre 2018 en présence de Marie-Thérèse et Bernard Pourprix

Elisabeth Charlon (EC) passe deux ans en coopération au Liban et prépare une thèse de lettres. Prévoyant sa rentrée en France, elle dépose sa candidature auprès d’André Lebrun pour enseigner au CUEEP (Centre université économie d’éducation permanente) sur un poste d’enseignement d’expression écrite et orale. Les hasards de son retour en France font qu’elle arrive au CUEEP en 1973 et y travaille dans le cadre de la formation des travailleurs migrants. Cela lui convient très bien. Comme contractuelle, puis assistante, puis maître de conférences, elle assure la responsabilité de nombreuses formations dont celle des sciences de l’éducation après avoir fait une thèse dans ce domaine. Elle assure la direction du CUEEP pendant 18 mois en 1998-99 et y est rappelée pour cinq ans entre 2003 et 2008 alors que l’institution est en situation délicate. EC prend sa retraite en 2009.

L’histoire du CUEEP et plus généralement la création et la mise en place de la formation continue au niveau régional nous sont retracés de l’intérieur par EC. La fermeture des Houillères et la fin programmée du textile des années soixante nécessitent la reconversion de milliers d’ouvriers et employés peu scolarisées des départements du Nord et du Pas-de-Calais. En face existent la loi sur la formation professionnelle continue initiée par les accords de Grenelle de 1971 et un réseau d’associations d’éducation populaire d’obédience syndicale et catholique. Pour des raisons liées à ses origines et à son parcours, André Lebrun s’empare du problème, recrute ses « marginaux sécants » et laisse une totale autonomie aux équipes hétéroclites qu’il met sur pied. Globalement, la mayonnaise prend ! Une dynamique s’instaure avec le congé individuel de formation issu de la loi de 1971 que le CUEEP fait vivre par l’intermédiaire de l’analyse des demandes des entreprises. Des centres de formation permanente extérieurs à Lille s’ouvrent à Roubaix-Tourcoing puis à Sallaumines-Noyelles. EC explique les partenariats tissés avec les HBNPC, le patronat du textile, le CNPF du Nord et du Pas-de-Calais, les syndicats (en particulier la CFDT), le rectorat. D’autres expériences, comme celle de Bertrand Schwartz à Briey-Merlebach, enrichiront la réflexion. EC dresse le portrait de multiples figures qui ont mis en place et ont fait évoluer le CUEEP. La construction de formations est l‘occasion d’évolutions extraordinaires de pratiques comme celle de l’enseignement de l’anglais. Sont évoqués aussi la création compliquée du SUDES (Service universitaire de développement économique et social) et le succès des unités capitalisables dont le CUEEP eut l’idée en formation pré-bac et qui s’imposeront en formation universitaire.

Marie-Thérèse Pourprix

Voir aussi La mise en place de la formation continue à la faculté des sciences de Lille

Résumé de l’entretien avec Gérard CŒURÉ

L’entretien a été réalisé en février 2014 par Nelly Hanoune et Jeanne Parreau.

Gérard Cœuré est né en 1933. Venant de Nancy, il arrive à Lille en 1975 sur la chaire laissée vacante de Jean Vaillant. Un an plus tard, il succède à Daniel Lehmann à la direction de l’UER de math. L’héritage de mai 68 est prégnant à Lille, contrairement à l’université de Nancy où les événements de 68 avaient eu peu d’impact. GC est heureusement surpris du fonctionnement de type informel de l’UER. Le collège B, très tourné vers l’enseignement, y a une importance primordiale et les recrutements d’enseignants-chercheurs sont, de fait, décidés par le Conseil d’UER.

En analyse, l’équipe lilloise des équations aux dérivées partielles a souhaité se rattacher à Paris VI où Vaillant a été nommé. GC institue avec Michel Parreau un séminaire d’analyse ; Philippe Antoine et son équipe d’analyse fonctionnelle y participent. La recherche de GC porte sur l’analyse complexe en dimension infinie jusqu’alors inconnue à Lille. L’équipe d’analyse de GC est ensuite intégrée à l’URA de géométrie et topologie de Daniel Lehmann. Elle développe des collaborations étroites avec l’Institut Steklov de Moscou, l’université de Wuhan en Chine, l’université d’Oran et l’équipe Pierre Lelong - Henri Skoda de Paris VI. GC encadre plus de dix thèses. Trois de ses élèves obtiennent des postes de professeur et des liens ont perduré, après sa retraite, avec d’anciens étudiants venus à Lille depuis l’Algérie et le Maroc.

En 1978, GC est nommé représentant du collège A de l’UFR de mathématiques auprès du Conseil d’Administration de l’université (sous la loi Savary). Il fréquente aussi la Cellule, ce qui éclaire son témoignage sur le fonctionnement, les successions et les joutes entre la direction de l’université et son opposition, sur la période couvrant les mandats des présidents successifs : Jacques Lombard, Michel Migeon et Jean Cortois.

GC analyse les expériences pédagogiques mises en route sous Migeon. Lui-même, avec Chantal Duprez pour la physique, s’est investi dans la création de la licence destinée à former les futurs Professeurs des écoles.

GC n’a rien perdu de ses convictions. Se souvenant que la licence et la maîtrise de math comptaient 400 étudiants quand il est arrivé à Lille, il déplore qu’actuellement les meilleurs étudiants délaissent les mathématiques et la physique au profit de l’informatique et de l’économie.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien n°1 avec Eugène CONSTANT

L’entretien a été réalisé le 4 février 2013 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Issu d’une famille d’industriels, Eugène Constant obtient le baccalauréat en 1954. Il fait une très courte expérience de la Taupe et passe ensuite un an dans une entreprise où il est le seul bachelier parmi 200 personnes. Après quoi, en 1955, il entre comme étudiant à la faculté des sciences de Lille et y effectue un parcours éclair d’études supérieures, terminé en 1959 en ayant obtenu : MPC, une licence de Physique comportant les CES d’Electricité, Optique, Electronique et Chimie, et 3 DES en Electronique, Physique Théorique et Astronomie Approfondie. Il prépare dans la foulée une thèse de doctorat ès-sciences physiques avec le Professeur d’Electronique Roger Arnoult et la soutient fin 1962. C’est toute cette expérience, menée tambour battant, que nous décrit le début de l’entretien, mélangeant regard critique sur la vieille faculté mais aussi une certaine nostalgie de son organisation « mandarinale ». Après un intermède de deux ans de service militaire, il retourne dans le laboratoire d’Electronique dont la direction est alors assurée par Robert Gabillard et André Lebrun, et, dès la fin de 1964, il est nommé Maître de Conférences.

La deuxième partie de l’entretien met en scène le scientifique passionné, l’homme de laboratoire et animateur hors pair qu’est E. Constant. Toute sa carrière va être consacrée à travailler sur des sujets relatifs aux matériaux, composants et systèmes de microélectronique avec l’objectif ambitieux de promouvoir sur le Nord de la France une recherche à fort potentiel novateur dans ce domaine. Très tôt distingué par le CNRS et bénéficiant de l’admiration et de l’appui de ses collègues électroniciens, en particulier R. Gabillard et A. Lebrun, il va réussir à toujours placer son activité dans le cadre du CNRS, obtenant le titre d’équipe associée en 1971, puis de laboratoire associé en 1974 et, enfin, d’unité mixte de recherche en 1992 : l’Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie (IEMN), vaste regroupement de tous les laboratoires de l’université de Lille, de celle de Valenciennes et de l’Institut Supérieur d’Electronique du Nord travaillant dans ces domaines. En 1998 E. Constant part en retraite. Il laisse derrière lui le bel héritage de l’IEMN, un centre de recherche en électronique dans le concert des grands laboratoires de réputation internationale (voir l’Histoire de la création de l’IEMN, 2ème entretien avec E. Constant, réalisé le 4 Mars 2014).

 

Yves Crosnier

Résumé de l’entretien n°2 avec Eugène CONSTANT

L’entretien a été réalisé le 24 mars 2014 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Le grand laboratoire qu’est l’IEMN (Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologies), Unité Mixte de Recherche CNRS, était apparu dans un premier entretien d’Eugène Constant, en date du 4 février 2013, comme venant couronner toute sa carrière. Cette création, fédérant à peu près tout ce que compte la recherche en électronique dans le Nord de la France, impliquait que deux conditions soient satisfaites : premièrement, que les laboratoires concernés acceptent de se fondre dans ce regroupement ; deuxièmement, que tous les organismes de tutelle impliqués dans cette création acceptent d’y contribuer financièrement et se mettent d’accord sur son lieu d’implantation. C’est sur ces deux problématiques qu’a porté ce deuxième entretien.

Concernant la première, c’est-à-dire le côté humain, ce que met en lumière le présent entretien est qu’une réelle proximité préexistait de longue date entre les principaux protagonistes, la plupart s’étant connus dans la seconde moitié des années 50 lorsqu’ils suivaient ensemble certificats et diplômes d’Etudes Supérieures de Physique et d’Electronique à l’Institut de Physique de la Faculté des sciences de Lille. Trois opportunités devaient ensuite permettre à ce noyau de base de rester dans la région du Nord et d’y développer des activités dans le domaine de la physique ou de l’électronique : la création à Lille en 1956 de l’ISEN, l’ouverture en 1962 du Centre Universitaire de Valenciennes et, enfin, dès la fin des années 60, le fantastique développement de la Faculté des sciences de Lille elle-même sur son nouveau campus d’Annappes-Villeneuve d’Ascq. C’est ainsi que, dans les années 80, chacun des trois établissements possède sa propre unité associée au CNRS travaillant dans les domaines de la microélectronique, de l’optoélectronique et de l’acoustoélectronique, tant sur les aspects théoriques que sur les applications industrielles les plus diverses. Dès lors, avec les relations et interactions qui règnent entre les trois laboratoires, en particulier depuis l’implantation au CHS (Centre Hyperfréquences et Semi-conducteurs) de Lille 1 d’un centre important CNRS de technologie microélectronique, désigné en 1985 « Pôle Microélectronique CNRS du Nord-Pas de Calais », la voie est résolument ouverte à un regroupement encore plus large. Le cadre d’un nouveau plan de la Région en est l’occasion et il échoit à E. Constant, le fondateur et longtemps directeur du CHS, d’être le négociateur de l’entité qui, le 1er janvier 1992, va être officiellement créée sous le nom d’IEMN.

Les péripéties de cette négociation constituent la deuxième grande partie de l’entretien. Le budget nécessaire pour créer ce laboratoire de la classe de ceux existant aux Etats-Unis est très important et il faut obtenir le soutien non seulement du CNRS mais aussi de la Région Nord-Pas de Calais, de la DRET, du CNET, du Ministère de la Recherche, de la DAII, etc. Pour cette tâche, où la relation personnelle est primordiale, les liens que E. Constant a pu établir au cours des vingt-cinq années antérieures s’avèrent d’une grande aide. La notoriété acquise par les différentes prouesses de son laboratoire, le CHS, et la notoriété liée à son engagement personnel dans les différents organismes nationaux impliqués dans la recherche sur les composants électroniques sont des atouts fondamentaux et lui ouvrent opportunément bien des portes. Les obstacles qu’il doit surmonter sont néanmoins nombreux. Certains décideurs sont à la fois juges et parties, étant eux-mêmes en responsabilité de grands labos potentiellement concurrents du futur Institut. Il y a, aussi, les justifications que E. Constant doit fournir de sa propre capacité managériale en matière de retombées industrielles… Ces difficultés n’empêchent pas E. Constant de boucler en temps voulu le budget du projet… au grand ébahissement du Directeur du département Sciences pour l’Ingénieur du CNRS. Après quoi, le dernier problème restant à résoudre est celui de la localisation du futur institut car il y a une offre pressante du Président du Conseil Général pour l’accueillir sur le territoire de la ville dont il est également Maire. Cette proposition ayant le gros inconvénient de mettre à l’écart du campus de l’université le futur Institut, E. Constant ne peut pas l’accepter. Et, cette fois, c’est sur le plan local, par le biais du Conseil Régional, et en usant de beaucoup de persuasion, qu’est obtenu le renoncement du Président du Conseil Général. Et c’est ainsi que, dès 1990, va pouvoir commencer sur le campus même de l’université de Lille 1 la construction du Centre commun de technologie microélectronique de l’IEMN.

 

Yves Crosnier

Témoignage de Florent CORDELLIER sur l’histoire de l’informatique à la faculté des sciences de Lille et à l’USTL

Le témoignage a été recueilli en septembre 2014 par Marie-Paule Quétu, avec la participation de Jo Losfeld.

Arrivé à Lille en 1959, Florent Cordellier obtient une licence de maths, puis s’inscrit en DEA en 64/65, première année de l’existence officielle du DEA à Lille. Il entre alors au Laboratoire de calcul qui vient d’être créé par Georges Poitou au sein de l’Institut de mathématiques, sans personnel et sans matériel informatique.

Florent Cordellier nous parle du démarrage du Labo de calcul, première structure à la faculté des sciences de Lille où on utilisera et enseignera les nouveaux outils de calcul qui arrivent sur le marché à cette époque. Florent Cordellier a des souvenirs très précis sur l’organisation du labo, les enseignants qui y sont arrivés peu à peu, les enseignements qui y ont été dispensés, les locaux de la place Philippe Lebon à Lille, les matériels qui ont été progressivement acquis, la vie quotidienne au labo. Il nous fournit en particulier le contenu des enseignements du DEA de 1964/65 et les noms des premiers étudiants et des premiers enseignants.

Florent Cordellier parle aussi des débuts de la recherche en informatique qui s’organise autour de Pierre Pouzet en analyse numérique, Pierre Huard en programmation mathématique, et de manière moins organisée avec Pierre Bacchus et Jean-Claude Herz.

C’est toute l’histoire des débuts de l’informatique à Lille que Florent Cordellier nous conte, jusqu’au déménagement de l’informatique à Villeneuve d’Ascq et le rattachement de l’informatique à l’EEA avec la création de l’UFR d’IEEA.

 

Marie-Paule Quétu

Résumé de l’entretien avec Vincent CORDONNIER

L’entretien a été réalisé le 14 octobre 2015 par Marie-Paule Quétu et Jean-Pierre Sawerysyn.

Vincent Cordonnier (VC) est né en 1937. Ingénieur ISEN en 1960, il passe sa thèse en 1968, après avoir été Directeur des Etudes à l’ISEN et enseignant à l’Université Paris Dauphine. Il a été nommé Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Lille en 1972, puis professeur d’informatique en 1978. VC a été un pionnier en enseignement et en recherche, et a eu beaucoup de responsabilités nationales et internationales aussi bien à l’université que dans d’autres structures…

De formation électronique, VC développe d’abord une équipe de recherche autour des aspects matériels de l’informatique et en particulier des machines non conventionnelles (1965-1978). Par la suite, il créera une équipe d’informatique graphique (1979-1987), qui conduira à la réalisation de simulateurs médicaux, puis une autre autour de la carte à puces et de la sécurité informatique avec la société Gemplus à partir de 1989. Ses travaux de recherche ont impliqué de nombreux liens avec le monde économique et industriel et ont fourni de nombreux débouchés à nos étudiants.

En enseignement, il établit une ouverture sur les entreprises en créant, en 1974, la Maitrise d’informatique appliquée à la gestion (MIAGE) – première formation professionnalisante de l’université de Lille1 avec l’IAE et avec 30% d’enseignants issus du monde économique – puis en créant la MIAGE en Formation Continue avec le CUEEP, et le DESS réseaux avec l’ENIC.

VC évoque l’émergence difficile de l’informatique au sein de l’université de Lille, la résistance rencontrée pour avoir une existence réelle et une autonomie (postes, matériel, nouvelles filières, etc.), mais aussi l’association réussie avec l’électronique et l’automatique dans l’UFR d’IEEA.

Il évoque aussi les problèmes d’introduction à petits pas de l’informatique dans les autres formations de l’université, les liens qui ont existé depuis le début avec le monde de l’entreprise (AREMI et ADRINORD) aussi bien en enseignement qu’en recherche, le choix de faire de la recherche appliquée, qui demande des moyens importants, ce qui implique que de nombreux travaux ont été faits sous contrat, la création du LIFL en 1983, les relations avec l’Université Catholique de Lille, etc.

 

Marie-Paule Quétu

Résumé de l’entretien avec Paule CORSIN

L’entretien a été réalisé le 20 juin 2014 par Yvonne Mounier et Jeanne Parreau.

Paule Corsin a été recrutée à l’université en 1949, comme assistante dans le laboratoire de Paléobotanique dirigé par son père, le professeur Paul Corsin. Elle avait obtenu sa licence en 1948 et elle décrit, dans son entretien, la facilité de recrutement dans l’enseignement supérieur, caractéristique de cette époque.

Les recherches menées par le laboratoire auquel elle était intégrée se rapportaient aux plantes dans les zones carbonifères des houillères. La palynologie, c’est-à-dire l’étude des spores et des grains de pollen provenant des charbons et des sédiments minéraux, connaissait un réel essor. Ces études, en relation avec l’industrie, ont donc été très fortement développées dans le laboratoire et elles ont permis de nombreux recrutements et l’accueil de chercheurs étrangers intéressés par les travaux sur le charbon. Plus tard, ce thème a subi de plein fouet la fermeture des houillères.

Paule Corsin a été nommée professeur en 1972 sur le poste libéré par son père et elle s’est ensuite préférentiellement consacrée à l’enseignement, choisissant de ne pas s’investir dans la participation à la vie collective aussi bien pour le fonctionnement de l’UFR que pour celui de l’université.

 

Yvonne Mounier

Résumé de l’entretien avec Jean CORTOIS

L’entretien a été réalisé le 13 février 2013 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Jean Cortois est recruté en 1960 comme assistant par le Professeur Roig, alors "patron" de l’Institut de Physique de la Faculté des sciences de Lille. Ne voulant pas se plier aux vues de celui-ci selon lesquelles chaque assistant se doit de passer l’agrégation, il choisit de devenir élève d’un jeune professeur récemment arrivé à Lille, François Lurçat, et s’engage sous sa direction d’abord dans un DES (Diplôme d’Etudes Supérieures) puis dans la préparation d’une thèse d’Etat. Malgré le départ de Lurçat à Orsay en 1963 et malgré la coupure du service militaire, il réussit à soutenir cette thèse en février 1968 et il est nommé Maître de conférences de physique, toujours à la Faculté des sciences de Lille, en octobre 1968. Toute la suite de sa carrière sera entièrement effectuée dans le cadre universitaire de Lille, où il sera nommé Professeur. Ses activités de recherche se situent essentiellement dans la mouvance de la Physique théorique et dans la proximité du laboratoire du Professeur Jacques Tillieu. Etant, par ailleurs, un militant politique engagé et étant doué de grandes capacités d’organisateur, il a trouvé, dans les événements de 1968 et les réformes structurelles en découlant, l’occasion de donner sa pleine mesure, notamment comme vice-président de notre université, à partir de 1975, puis en tant que président, de 1982 à 1987.

Dans cet entretien, en dehors de quelques souvenirs concernant le début des années 60, l’organisation en hiérarchie "mandarinale" de la Faculté et ses attributions d’enseignement en tant qu’assistant puis maître-assistant, Jean Cortois a principalement parlé de sa perception des événements de 1968 et de la mise en place de la nouvelle université. Y sont successivement abordés : les premiers pas, avant 1968, de la mise en place des laboratoires du secteur de la physique ; les événements mêmes de 1968 et la dureté des affrontements entre les camps et entre les personnes ; les débuts de la structuration des disciplines en UER (Unité d’enseignement et de recherche) et le rôle moteur du décanat de Jacques Tillieu (1964-1967) à ce sujet ; et, enfin, les grandes lignes des trois premières présidences ayant suivi 1968, avec René Defretin, Michel Parreau et Jacques Lombard.

 

Yves Crosnier

Résumé de l’entretien avec Roger COULON

L’entretien a été réalisé le 22 février 2018 par Jean-Pierre Sawerysyn.

Roger Coulon est né le 22 janvier 1945 à Busnes (62350). Recruté en 1976 au CUEEP sur un poste de professeur certifié, il rejoint Gilberte Niquet pour développer le département « Expression écrite et orale », créé pour répondre aux besoins de formation en français exprimés par divers publics et par des entreprises régionales.

En 1982, il présente une thèse en Sciences de l’Education intitulée « Méthode pédagogique directive et non directive en milieu populaire ». Il est alors nommé sur un poste de maître de conférences au département « Expression écrite et orale ». En 1993, Gilberte Niquet quittant le CUEEP, il prend la direction de ce département.

L’évocation de son parcours professionnel lui permet de retracer « l’aventure pédagogique » du CUEEP à travers la création et le développement du département « Expression Ecrite et Orale ». Il en décrit le fonctionnement et rappelle la structuration en niveaux des formations mis au point par l’équipe pédagogique. La pédagogie utilisée est une pédagogie par objectifs adaptée aux auditeurs en formation, comprenant des adultes relevant de la formation continue, et des étudiants inscrits en formation initiale à l’université.

La mise en place d’une préparation par unités capitalisables à l'ESEU (Examen Spécial d’Entrée à l’Université) de 1969 à 1995, puis au DAEU (Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires), à partir de 1995, a constitué l’une des activités pédagogiques les plus importantes du CUEEP en raison du nombre d’auditeurs intéressés et de la diversité des sites de formation impliqués en Nord-Pas de Calais. Enfin, Roger Coulon propose quelques éléments d’explication pour la disparition du CUEEP et s’interroge sur le devenir de la formation continue dans le cadre de la nouvelle université de Lille.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l'entretien avec Jean D'ALMEIDA

L’entretien a été réalisé le 18 décembre 2023 par Bernard et Marie-Thérèse Pourprix

En vue de préparer des journées d’études sur l’histoire de l’université de Lille, nous avons demandé un entretien à Jean D’Almeida (JDA) en tant qu'acteur de la structuration de la recherche en mathématiques. Il nous a parlé de l'organisation de la recherche en mathématiques dont il s’est occupé pendant un certain nombre d'années.

D’abord maître de conférences à Caen, JDA arrive comme professeur à Lille en 1992 et prend, en janvier 2002, la succession de Daniel Tanré à la tête du laboratoire AGAT (arithmétique, géométrie, analyse, topologie) qui avait un statut d’UMR. Sur demande pressante du CNRS, JDA entreprend de rassembler ce laboratoire avec deux autres laboratoires non reconnus par le CNRS : probabilité, statistiques et analyse numérique, optimisation. L’intérêt de ce regroupement est, d’abord, de briser les frontières, d’élargir le champ des recherches. L’exemple type est celui des équations aux dérivées partielles qui relèvent des thématiques des trois laboratoires. Ainsi nait le 1er janvier 2004, soutenu par l’Université Lille1 et le CNRS, le laboratoire Paul Painlevé. JDA le dirige jusqu'en 2009. La participation efficace de ce nouveau laboratoire à la fondation de l’INRIA montre la pertinence d’un tel regroupement de toutes les mathématiques lilloises. Au passage, et sous l’insistance encore du CNRS Mathématiques, l’abandon total des recrutements locaux en mathématiques est acquis définitivement à Lille.

Plus tard, des Labex et des Fédérations voient le jour, sous le label du CNRS. Le CEMPI (centre européen pour les mathématiques, la physique et leurs interactions) regroupa des membres du laboratoire Painlevé et du laboratoire Physique des Lasers, Atomes et Molécules (PhLAM). D'autre part, JDA mit en place la Fédération de recherches mathématiques des Hauts de France (FR2037) qui regroupe aujourd'hui les mathématiciens de six universités (Lille, Littoral, Artois, Valenciennes, Picardie, Compiègne).

Au cours de cet entretien, les fonctionnements antérieurs, les enjeux et intérêts de tels regroupements, les opportunités offertes par le CNRS, sont décrits. JDA livre aussi des analyses fines, en particulier sur la cause de la chute du nombre de femmes recrutées comme professeur en mathématiques à Lille depuis les années 1990. Il évoque aussi la spécificité des mathématiques par rapport aux sciences expérimentales où l’achat de matériel conditionne la recherche, ce qui n’est pas le cas en mathématiques, où chacun est libre de définir sa recherche.   

Marie-Thérèse Pourprix

 

Résumé de l’entretien avec Max Dauchet

L’entretien a été réalisé le 17 février 2023 par Bernard Pourprix.


Max Dauchet (MD) étudie les mathématiques à la faculté des sciences de Lille. Ses études débouchent sur un DEA de mathématiques appliquées au laboratoire de calcul numérique dirigé par Pierre Bacchus, et sur l’agrégation de mathématiques. MD est nommé assistant agrégé détaché du secondaire à Lille 1 en 1970, puis maître-assistant. Après sa thèse de doctorat, préparée sous la direction de Maurice Nivat, professeur d’informatique à Paris 7, il monte une équipe de recherche en Informatique théorique avec deux collègues lillois, André Arnold et Michel Latteux. En 1981, il est nommé professeur d’informatique. En 1982, son équipe est regroupée avec l’ERA Architecture des systèmes informatiques de Vincent Cordonnier dans un LA CNRS, le laboratoire d’Informatique fondamentale de Lille (LIFL). Les domaines de recherche de MD sont les outils logiques et les méthodes formelles pour la programmation, l’algorithmique, et aussi la bio-informatique.
MD retrace la genèse du laboratoire CRIStAL (Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille), né en 2015 de la fusion de deux entités : le LIFL et le laboratoire d’automatique, génie informatique et signal (LAGIS). Les histoires (d’une partie) de l’automatique et (d’une partie) de l’informatique s’entrelacent dès la décennie 1970. Pourtant la demande de création, à Lille, d’un centre INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) est refusée en 1984. En 2000, MD est nommé directeur régional de la recherche et de la technologie (DRRT) en Nord-Pas-de-Calais. Il est chargé, entre autres, d’instruire la venue de l’INRIA à Lille. Le centre de Lille est créé en 2008, MD en est le directeur de 2008 à 2011. L’INRIA facilite les rapports entre équipes, et la naissance de CRIStAL apparaît alors comme quelque chose de naturel. 
Fin 1999, Lille apprend que le projet de synchrotron SOLEIL lui échappe. En compensation, la Région obtient le Plan de renforcement de la recherche avec, entre autres, la création de l’IRCICA et de l’IRI. Ces deux centres de recherche CNRS, bâtis en 2005 et 2006 à la Haute-Borne, fonctionnent sur l’idée de projets transverses. Pour l’IRCICA, les projets transverses concernent les électroniciens, les informaticiens, et aussi les biologistes. Quant à l’IRI, c’est un hôtel à projets orientés Biologie, sur le modèle de ce qui existe en Allemagne. 
De 2009 à 2011, MD est vice-président du PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) Université Lille Nord de France, alors qu’il est encore détaché à l’INRIA. Les PRES sont les premières initiatives pour rapprocher les universités d’une région et leur donner plus de force. Le PRES a très peu de moyens pour mener des opérations de recherche transverses à la région. Mais son rôle s’accroît lorsqu’il est chargé de construire le dossier IDEX (initiatives d’excellence). La tâche n’est pas mince, il est difficile de faire travailler des gens ensemble. Mais, dans les IDEX, contrairement au PRES, il y a de l’argent, donc l’énergie de liaison entre les gens est beaucoup plus forte. Pourtant le dossier est retoqué deux fois. Enfin, Lille obtient un I-SITE, qui est le statut actuel. 
Répondant à la question "quel impact a pu avoir votre passage à la DRRT ou au cabinet du ministre Luc Ferry ", Max Dauchet cite des exemples illustrant les bienfaits d’une culture universitaire introduite dans le milieu des énarques et autres technocrates.
 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Henri DEBRAY

L’entretien a été réalisé le 20 janvier 2016 par Bernard Pourprix.

Henri Debray obtient SPCN en 1963 à la faculté des sciences de Lille. Comme beaucoup d’étudiants, il est enthousiasmé par le cours de licence de Jean Montreuil et il prend soudainement intérêt à la chimie biologique. C’est sous l’impulsion de Montreuil – qui vient de la faculté de médecine – que cette discipline prend naissance et se développe à la faculté des sciences (ERA en 1971, LA en 1973). A partir de 1973, toutes les recherches de ce laboratoire sont axées sur les glycoconjugués.

Recruté comme assistant en 1967, H. Debray fait ses premiers pas de chercheur sous la conduite d’Emile Ségard. Ensuite, de 1973 à 1981, il effectue sa recherche à l’IRCL, dans un laboratoire dirigé également par Montreuil, sur le thème des membranes plasmiques des cellules. Il travaille à l’isolement de glycoconjugués de membranes de cellules de foie de rat et à l’isolement de lectines végétales nouvelles. Il poursuit ce travail à son retour au labo Montreuil de la Cité scientifique en 1981. Il est nommé professeur en 1995. L’entretien donne un aperçu des résultats qu’il a obtenus, certains en collaboration internationale.

Emile Ségard quitte le laboratoire dès 1970, suivi par Michel Monsigny en 1971 ; H. Debray s’interroge sur les raisons qui poussent ces premiers élèves de Montreuil à partir. Les statuts du laboratoire associé au CNRS prévoient un Conseil de laboratoire et l’élection du directeur, mais ces dispositions ne sont pas mises en place avant le départ à la « retraite » de Montreuil, en 1990. On le voit, la figure du grand patron est présente tout le long de l’entretien…

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jacques DEBUISSER

L’entretien a été réalisé le 14 janvier 2019 par Jean-Pierre Sawerysyn.

Jacques Debuisser a consacré toute sa carrière à la formation continue. Il a été nommé en 1972 sur un poste de chargé d’études pour participer à la création d’un service de formation continue à l’université de Lille 1. Il intégra le CUEEP au bout d’un an. Le CUEEP, fondé en 1968 par le professeur André Lebrun, était une UER à dérogation, dont les activités étaient dédiées à la formation continue pré-universitaire. Le travail de J. Debuisser concerna l’organisation, la négociation, la contractualisation, le suivi et à la présentation des projets de formation continue. A partir de 1975, il a été chargé des relations avec les entreprises et les branches professionnelles régionales. Il est devenu ensuite responsable du personnel du CUEEP. Il prit sa retraite en 2010.

Au cours de sa carrière (1972-2010), J. Debuisser a vécu les principaux points forts qui ont marqué l’existence du CUEEP : premières étapes de son développement, expansion régionale des sites, innovations pédagogiques, modes de recrutement, évolution des financements et difficultés de gestion, création du SUDES. Ses différentes responsabilités, qui l’ont placé au cœur du fonctionnement du CUEEP, lui permettent d’apporter un témoignage riche d’informations sur ces différents éléments.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l'entretien de Jean-Claude De Jaeger

Résumé de l’entretien avec Jean-Paul DELAHAYE

L’entretien a été réalisé le 15 décembre 2021 par Bernard Pourprix.

Jean-Paul Delahaye (JPD), né en 1952, a étudié les mathématiques à l’université d’Orsay. Après avoir obtenu l’agrégation en 1976, il a enseigné quelques années en lycée. Pendant ce temps, et après avoir pris contact avec l’université de Lille, il a préparé un DEA, puis une thèse de troisième cycle en analyse numérique sous la direction de Pierre Huard de la Marre. En 1981, JPD obtient un poste d’assistant-agrégé au département Informatique de l’IUT A de Lille. En 1982, il soutient une thèse de doctorat d’Etat sous la direction de Claude Brezinski. En 1984, il obtient un poste de maître-assistant au département Informatique de l’UFR d’IEEA et il entre dans le laboratoire d’informatique fondamentale de Lille (LIFL). Trois ans plus tard, il devient PU en informatique à l’UFR d’IEEA.

Après avoir donné quelques renseignements sur le fonctionnement et les principaux acteurs du département Informatique (de gestion) de l’IUT durant les quinze premières années de ce département, JPD se focalise sur la recherche au laboratoire. Il explique d’abord ce qui l’a conduit à quitter le laboratoire Analyse numérique et optimisation (ANO) et à entrer au LIFL. Il décrit l’état de l’informatique à Lille à cette époque : un petit labo d’une vingtaine d’enseignants-chercheurs qui deviendra un gros labo d’une centaine ; une séparation entre "théoriciens" et "praticiens" qui a tendance à s’estomper à mesure que le nombre d’ordinateurs augmente et que leur accès se généralise ; etc.

Le LIFL comptait une dizaine d’équipes, et notamment les équipes de calcul formel, théorie du langage, théorie algébrique des arbres, architecture, calcul parallèle, bio-informatique, informatique théorique. Qu’est-ce qui permettait à ces équipes de coexister dans un même laboratoire ? Il y a eu, pendant de nombreuses années, une unité de lieu (le bâtiment M3), un séminaire commun, et aussi de nombreuses créations de postes (à partir de 1985 et dans les années 1990), ce qui, tout compte fait, contribuait à atténuer les tensions…

Le laboratoire a été reconnu par le CNRS à partir de 1981. JPD raconte comment se passait l’examen quadriennal par un conseil scientifique. Quels genres de rapports le laboratoire entretenait-il avec l’extérieur ? Selon JPD, ce sont les GRECO du CNRS, groupements de recherches coordonnées, entre universitaires, qui ont amené une partie du labo à s’ouvrir sur l’extérieur et à rapporter des financements. Quand ces financements ont paru insuffisants, quelques équipes ont noué des contrats avec des entreprises.

Outre son travail d’enseignant et de chercheur, JPD consacre une part de son énergie à la diffusion de la culture scientifique, en particulier par le biais d’une rubrique régulière dans la revue Pour la Science. Il a aussi publié une vingtaine de livres. Ces activités constituent pour lui, selon ses propres termes, un épanouissement.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Bernard Delahousse

L’entretien a été réalisé le 16 mars 2022 par Bernard Pourprix.

Bernard Delahousse (BD) a été professeur d’anglais au département de Mesures physiques de l’IUT A de Lille de 1976 à 2004. Après avoir été reçu au concours de l’IPES, puis au CAPES en 1969, il enseigne au lycée Paul Hazard d’Armentières. Il est contacté pour donner quelques cours au CUEEP, puis au département de Mesures physiques de l’IUT A. C’est ainsi qu’il est amené à poser sa candidature dans ce département, où il est nommé en 1976..

Pendant trois décennies, BD a vu se succéder plusieurs chefs de département, dont il brosse les portraits les plus remarquables. Lui-même a été responsable de la scolarité des étudiants de 1ère année pendant un certain temps. Il donne les raisons du manque d’attractivité du département Mesures physiques auprès des étudiants. Il dresse le tableau sans concession d’un département peu ouvert à l’innovation pédagogique ou à la mise en place de nouvelles formations. C’est un fin connaisseur du département Mesures physiques et de l’IUT en général.

 

BD fut le principal acteur du développement des relations internationales de l’IUT, et notamment des échanges ERASMUS. Sur moins de dix ans, le nombre de partenariats est passé de zéro à une quarantaine. Il explique en quoi consistent les échanges, comment ils se déroulent, et comment ils évoluent au cours du temps.

Autre sujet évoqué, les modules européens, auxquels BD a participé. Ce sont des modules construits et enseignés en partenariat avec des collègues européens. Ces modules ont donné lieu à des publications de la part de leurs auteurs.

Au nom de l’IUT, BD a participé à d’autres programmes, notamment le programme Leonardo, dans le cadre de l’Association des directeurs d’IUT. Pour terminer l’entretien, BD mentionne son engagement au sein de l’Association des professeurs de langues vivantes (APLV).

Bernard Pourprix 

 

Résumé de l’entretien avec Michel DELHAYE

L’entretien a été réalisé le 20 novembre 2013 par Jean-Pierre Sawerysyn.

Michel DELHAYE est né à Fresnes-sur-Escaut (59970) le 10 mars 1929. Avant de parler de sa carrière universitaire, Michel DELHAYE a tenu à rappeler le contexte des années 50 au sein de la Faculté des sciences et de l’Institut de chimie, situé rue Barthélémy Delespaul. On y découvre un doyen omnipotent (Henri LEFEBVRE) et des relations tendues entre le doyen et le laboratoire de Félix FRANÇOIS, dont la direction fut reprise, après sa mort, par Marie-Louise DELWAULLE. Sur le plan des enseignements, le nombre de professeurs enseignant la chimie était relativement peu nombreux : Henri NORMANT, remplacé à partir de 1952 par Jean-Eugène GERMAIN, Félix FRANÇOIS, et SAVART.

Après ses études universitaires, Michel DELHAYE est recruté au laboratoire de FRANÇOIS en 1949 comme collaborateur technique. Il est payé sur des allocations individuelles du CNRS, sans être officiellement déclaré. Il découvrit avec surprise les conséquences de cette situation au moment de son départ en retraite. A son arrivée au laboratoire, l’équipe était constituée de FRANÇOIS, Marie-Louise DELWAULLE et de Marie-Berthe BUISSET (devenue son épouse en 1951) qui était assistante.

Souhaitant disposer d’une aide pour ses montages, Michel DELHAYE fit embaucher son père (Henri DELHAYE) comme collaborateur technique CNRS. Ce recrutement familial, qui déplut au doyen LEFEBVRE, fut extrêmement bénéfique à l’équipe. Après la soutenance de sa thèse en 1960, Michel DELHAYE fut nommé sur un poste d’attaché de recherche au CNRS, puis de chargé. A la disparition de M.-L. DELWAULLE en 1962, c’est le doyen PARREAU, qui avait remplacé LEFEBVRE, qui lui proposa de devenir maître de conférences et de prendre la direction du laboratoire.

Dans les années 50-60, les chercheurs qui s’intéressaient à l’effet RAMAN étaient peu nombreux : quelques physiciens à la Sorbonne, des chimistes à Bordeaux, et l’équipe de Lille. C’était le temps des pionniers qui défrichaient le domaine. Au cours de son entretien, Michel DELHAYE décrit l’ambiance de travail qui régnait dans son laboratoire. Son récit est plein de reconnaissance, de respect voire de vénération pour ses anciens patrons et son père. Il témoigne d’une époque où la recherche dans ce domaine disposait de moyens limités, souvent artisanaux, et pouvait s’effectuer dans des conditions de travail comportant des risques sanitaires inconnus.

Pour répondre aux besoins d’équipement du laboratoire, l’équipe s’est lancée progressivement dans l’élaboration de nouveaux spectrographes Raman en exploitant les performances nouvellement offertes par les avancées technologiques (lampes de puissance, photomultiplicateurs, lasers, etc.). La vocation « instrumentale » du laboratoire, qui a fait sa renommée internationale, était née.

Une étape importante a également marqué la carrière de Michel DELHAYE : c’est sa nomination en 1974 comme directeur d’un nouveau Laboratoire propre CNRS, le LASIR, composé de deux entités, l’ancien laboratoire de Mlle JOSIEN, situé à Thiais et spécialisé en infra-rouge, et le laboratoire de spectroscopie Raman de Lille. Michel DELHAYE accomplit un mandat de 12 ans à la tête du LASIR. Thiais fut pour lui une expérience éprouvante en raison des problèmes humains à résoudre.

Après une carrière foisonnante qui a porté l’instrumentation française à son plus haut niveau sur le plan international, Michel DELHAYE a pris sa retraite en 1990.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Marie-Madeleine DELMAIRE-BRAY

L’entretien a été réalisé le 25 janvier 2019 par Alain Barré et Francis Gugenheim.

Née en 1945, Marie-Madeleine Delmaire a été recrutée comme assistante en géomorphologie à l’Institut de géographie de la faculté des lettres de Lille à la rentrée 1970. Elle a accompli un cursus classique des géographes d’alors : classes préparatoires à Sceaux ; Ipes ; études à la Sorbonne : licence d’histoire, Capes (1968), agrégation de géographie (1969) ; puis un an en lycée à Metz.

Arrivée à Lille, elle assiste aux débats qui conduisent la Géographie à demander son rattachement à Lille1. Le directeur de l’Institut, Pierre Flatrès, était partisan de rester avec les littéraires, voire de rejoindre une université de sciences humaines. D’autres voyaient dans un rapprochement avec les scientifiques la possibilité d’élargir les débouchés pour les étudiants et de disposer de moyens financiers plus importants. Ces derniers l’emportent, entraînant la démission de Pierre Flatrès, remplacé par Pierre Bruyelle. Les géographes s’installent sur le campus en 1973 : le bâtiment B2 accueille enseignants, secrétariat, laboratoires et bibliothèque, tandis que les cours et TD ont lieu dans le bâtiment B6.

Marie-Madeleine Delmaire, qui effectue des recherches en géomorphologie en Espagne sous la direction de Pierre Birot (Paris-Sorbonne), a un service d’enseignement portant sur la géographie physique et la géographie humaine. A l’époque, c’est cette dualité de besoins qui était avancée pour justifier le recrutement d’assistants titulaires de l’agrégation. Ce concours était la garantie d’une « large culture » et le passage par l’enseignement secondaire gage de « qualités pédagogiques ».

Si, pour des raisons personnelles, Marie-Madeleine Delmaire prend une retraite anticipée en 1982, elle conserve des années passées à l’Institut de géographie le souvenir de la bonne entente existant entre les enseignants. Elle évoque aussi l’intérêt des travaux de terrain effectués avec les étudiants, sous la direction des enseignants lillois ou de collègues d’autres universités, tout en soulignant la contrainte que cela représentait pour la vie familiale, de même que les déplacements qu’elle réalisait en Espagne dans le cadre de ses recherches.

 

Alain Barré

Résumé de l’entretien avec Bernard DELMAS

L’entretien a été réalisé le 17 septembre 2015 par Jacques Duveau et Bernard Pourprix.

Après un bac philo, Bernard Delmas entre en 1963 à la faculté de droit et sciences économiques de Lille. Tout en préparant une licence de sciences économiques, il est très actif à l’AGEL-UNEF, dont il devient le président en 1967. Delmas brosse un tableau vivant de l’enseignement mandarinal, du vécu et du ressenti des étudiants, de leurs revendications, sans oublier la description des activités variées de l’AGEL dans les années soixante. Fin connaisseur des rouages du syndicalisme étudiant, il donne son analyse des particularités lilloises du mouvement de 1968.

Bernard Delmas est recruté comme assistant à l’UER de sciences économiques en 1971. Le flux d’étudiants étant en forte progression et les professeurs peu nombreux, ce sont les assistants qui font fonctionner l’UER. Delmas rappelle la variété des tâches qui leur incombent. Les assistants ne sont pas titulaires. Leurs carrières sont actives mais stationnaires.

Bernard Delmas retrace les activités déployées par la sous-section Snesup de sciences économiques de Lille, et notamment sa participation au mouvement des assistants non-titulaires (1976-83). C’est aussi l’occasion, pour lui, de rappeler combien fut importante l’influence des syndicats sur la structuration, le fonctionnement et la vie de l’USTL jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix.

Bernard Delmas décrit la mise en place progressive de structures de recherche en sciences économiques à Lille, et rappelle les noms et les profils des universitaires qui ont apporté leur contribution à cette œuvre. Lui-même a pu commencer une recherche sérieuse à la fin des années quatre-vingt. Il a soutenu une thèse en 2000, puis il est devenu maître de conférences.

L’entretien se termine par un retour en arrière : comment les économistes ont vécu leur rattachement aux sciences dures en 1968, et comment leur arrivée a été perçue par les scientifiques.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jean-Michel DEWAILLY

L’entretien a été réalisé le 27 janvier 2016 par Alain Barré et Francis Gugenheim.

Jean-Michel Dewailly a effectué ses études de géographie à la « Catho » de Lille (Propédeutique en 1962, Licence en 1964). Puis, il s’inscrit à « l’État » pour préparer son DES (1966) et l’agrégation de Géographie qu’il obtient en 1968. Pendant ses études, il est amené à donner des cours d’histoire et géographie dans des établissements libres.

Sitôt l’agrégation obtenue, il part en coopération, au titre du Service National : il enseigne pendant deux ans au lycée de Tamatave à Madagascar. A la rentrée 1970, il est nommé assistant à l’Institut de géographie de la faculté des Lettres de Lille ; comme tous les géographes lillois, il rejoint ensuite l’USTL.

Sous la direction du Professeur Pierre Flatrès, il entreprend des recherches sur la géographie du tourisme dans le Nord de la France et les pays voisins. Sa thèse d’État, intitulée « Tourisme et Loisirs dans le Nord-Pas-de-Calais », est soutenue en 1985. Elle lui permet d’obtenir un poste de Professeur à Lille 1. Déjà fortement impliqué dans la MST Envar, où il oriente de nombreux étudiants vers les « métiers du tourisme », il entreprend de créer en 1990 le DESS « Euretos », cohabilité par les universités de Lille 1 et de Lille 2.

De 1994 à 1997, il assure la fonction de Directeur de l’UFR de Géographie, ce qui le conduit notamment à gérer, en 1996, le déménagement de l’UFR, qui abandonne le bâtiment B2 où elle était hébergée depuis 1973, pour le tout nouveau bâtiment de Géographie.

En 1997, il quitte Lille 1 pour Lyon 2, où il prend en charge un DESS orienté vers le tourisme ; de 2001 à 2004, il y exerce les fonctions de Doyen, avant de prendre sa retraite.

 

Alain Barré

Résumé de l’entretien avec Chantal D’HALLUIN

L’entretien a été réalisé le 27 septembre 2017 par Bernard Belsot et Jean-Pierre Sawerysyn.

Chantal D’Halluin, maître de conférences, a été surtout une enseignante pour adultes. D’abord assistante de mathématiques à Valenciennes (1969), puis à Lille (1970), elle a soutenu une thèse de 3ème cycle de mathématiques (1982), puis une thèse d’Etat en sciences de l’éducation (1988). Elle a enseigné en DEUG par unités capitalisables (UC), en DEUG personnalisé, puis en formation des adultes.

Dès 1976, au CUEEP (Centre Université Economie d’Education Permanente), elle enseigne les mathématiques à des adultes au niveau CAP avec utilisation d’outils technologiques (calculettes à fil). Elle prend des responsabilités dans l’ESEU (examen spécial d’entrée à l’université), en maths et en sciences de l’éducation, puis elle met en place des formations à distance. L’ESEU est un examen du niveau baccalauréat. A partir de 1975, sa préparation est assurée par UC au CUEEP. Cette formation est réalisée dans plusieurs centres et entreprises régionales. En 1994, l’ESEU devient un diplôme national : le DAEU (diplôme d’accès aux études universitaires).

Chantal D’Halluin intervient dans d’autres formations innovantes. Dès 1980, elle participe à la création de l’EAO (enseignement assisté par ordinateur) utilisant le nanoréseau, et à l’IPT (Informatique Pour Tous) avec création de logiciels pour faciliter l’apprentissage des étudiants en maths et français, de l’alphabétisation au niveau bac, mis à disposition de l’enseignement secondaire suite à des appels d’offre (1986-1989). En 1989, le CUEEP propose SIMFI (système informatique multimédia pour la formation individualisée) et un enseignement à distance.

De 1989 à 2008, Chantal D’Halluin s’occupe de l’enseignement à distance : financements nationaux et européens, échange avec d’autres universités françaises et étrangères, télétutorat par visioconférences (avec l’Enic), formation de formateurs.

En résumé, la carrière d’enseignante de Chantal D’Halluin est dédiée à la formation d’adultes en utilisant des technologies et pédagogies favorisant l’autonomie des apprenants.

 

Bernard Belsot

Résumé de l'entretien avec Ginette Doclot

Résumé de l’entretien avec Jean-Claude DOUKHAN

L’entretien a été réalisé le 27 mai 2013 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Jean-Claude Doukhan (JCD) effectue toute sa carrière à la faculté des sciences de Lille, d’abord assistant de physique en 1958, puis professeur en 1980. Il dépeint les mutations de la faculté dans les années 1960 : des locaux lillois exigus aux nouveaux bâtiments du campus d’Annappes, des rapports de type mandarinal à des relations humaines plus chaleureuses.

Dans les années 1960, il se fait peu de recherche à Lille, et trouver un sujet de thèse n’est pas chose aisée. JCD profite de l’arrivée à Lille de Georges Saada pour créer avec lui un embryon de laboratoire, et, après dix années de travail acharné, il soutient en 1971 une thèse sur le tellure. Dès lors, JCD entre à l’EUDIL, école d’ingénieurs qui vient d’être créée. Gérer un département, celui de Science des matériaux, sans abandonner la recherche, est une tâche bien difficile, surtout lorsque la nouvelle école doit faire ses preuves.

L’embryon de laboratoire se développe grâce à Bertrand Escaig, qui remplace Saada. Il devient une ERA CNRS en 1972. Le laboratoire grossit, des regroupements sont opérés autour de l’étude des propriétés mécaniques des matériaux. Le CNRS pousse à faire entrer le laboratoire de métallurgie physique (Jacques Foct) mais le mariage échoue.

Pour terminer, JCD se demande ce que mai 68 a réellement apporté à l’université.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Baudouin DRIEUX

L’entretien a été réalisé le 22 septembre 2018 par Georges Salmer et Yves Crosnier.

Baudouin Drieux est né en 1942. Après une prépa effectuée au Lycée Faidherbe de Lille, il intègre l’Ecole Polytechnique en 1962. Il y retrouve son ami Christian Carrez, un autre lillois. Fortement poussé par ce dernier, il entre en 1965, soit un an après celui-ci, dans le Laboratoire de Calcul Numérique récemment créé à la Faculté des sciences de Lille. C’est le tout début de l’informatique lilloise. Sa création revient à l’initiative de Georges Poitou et Michel Parreau, mathématiciens purs l’un et l’autre mais convaincus de la nécessité que cette discipline émergente s’implante aussi à Lille.

A l’arrivée de C. Carrez et B. Drieux, le noyau de base de l’informatique lilloise est en pleine constitution. Il a à sa tête Pierre Bacchus et Pierre Pouzet, respectivement astrophysicien et mathématicien appliqué, et secondés par Pierre Huard de la Marre, issu d’EDF, et par Jean-Claude Herz, qui vient d’IBM, l’un et l’autre ayant acquis au sein de leurs sociétés respectives une connaissance pratique de l’informatique.

L’entretien avec B. Drieux décrit en détail l’ambiance pionnière régnant alors au sein du service. Au départ, rien n’est encore vraiment établi et l’inventivité est permanente dans tous les domaines : programmation, compilation, analyse numérique, matériels… La grande préoccupation de Pierre Bacchus était de réaliser un compilateur Algol, plus efficient que les compilateurs disponibles. Baudoin a eu en charge pour sa thèse de résoudre un problème clé de ces compilateurs : l’accélération de l’analyse syntaxique. C’est Claude Pair, le futur Recteur d’académie, qui l’a vraiment lancé ensuite sur les aspects les plus théoriques de l’informatique et l’engagera résolument à se consacrer à l’enseignement. Baudoin prendra donc un emploi de Chargé d’enseignement.

Néanmoins, toutes ces avancées ne sont pas exemptes des difficultés inhérentes à toute nouvelle discipline, et surtout de celle d’être reconnue à part entière. Baudoin Drieux en a vécu personnellement l’expérience, en ayant sa carrière universitaire bloquée au niveau des instances nationales par le mathématicien directeur en second de sa thèse. Ayant quitté notre université en 1975 pour cette raison, il connaîtra ensuite une belle réussite professionnelle et exercera de très grandes responsabilités au sein de diverses sociétés très importantes, en particulier le groupe textile Prouvost, puis une SSII issue des Houillères et finalement le groupe américain EDS.

 

Georges Salmer

Résumé de l’entretien avec Henri DUBOIS

L’entretien a été réalisé en octobre 2016 par Yves Crosnier et Jean-Pierre Sawerysyn.

Le parcours universitaire d’Henri Dubois (HD) est classique pour l’époque. Il se déroule à la Faculté des sciences de Lille et comprend MPC, la licence de physique en 1960, puis le CAPES dans le cadre des IPES en 1962. HD prépare ensuite un DES de physique théorique.

Après une période de changement d’orientation vers la physique des particules, puis vers la RMN, HD trouve la stabilité au LSH dirigé par R. Wertheimer qui lui propose de travailler sur un détecteur bolométrique à base d’InSb, fonctionnant à 1°K. Ce sujet l’entraîne dans les problèmes de transport électronique dans les semi-conducteurs III-V et aboutit à son doctorat d’État en 1971 et à la constitution d’une équipe de physique des solides au sein du LSH.

Une partie très importante de son activité administrative a trait à la responsabilité et à l’organisation des études dans l’UFR de Physique, puis au niveau de l’université Lille 1 lorsqu’il en sera Vice-Président chargé des études.

L’entretien avec HD se poursuit dans le but de recueillir ses souvenirs en tant que premier responsable et organisateur du DEUG Alterné de Lille 1. Il développe les origines de la création de ce DEUG, le dispositif mis en place en 1974 et son déroulement à son tout début. Quelques points durs apparus à la mise en pratique de ce DEUG sont analysés ensuite.

H D a aussi participé à la mise en œuvre d’autres filières de formation à finalité industrielle, mais cette fois en deuxième et en troisième cycle. Une licence et une maîtrise, comportant l’une et l’autre des stages en entreprise, sont ainsi créées, respectivement en 1980 et 1981, sous la dénomination « Mesures et Contrôle ». La qualité de la formation est telle que les meilleurs étudiants intègrent ensuite les plus grandes écoles d’ingénieur.

Le dispositif s’est poursuivi en 3ème cycle en 1985, avec la mise en place du DESS « Réseaux Câblés ». Répondant opportunément au développement, alors en pleine envolée, des réseaux de communication reposant sur la fibre optique, cette formation est venue se placer de manière très originale dans un créneau encore inoccupé au niveau universitaire.

À l’occasion de son entretien, H. Dubois a transmis un abondant fond d’archives sur le vécu au jour le jour du DEUG Alterné de Lille 1.

 

Jacques Crampon

Résumé de l'entretien avec Jean Duez

Résumé de l'entretien avec Claudine Dumont

Résumé de l'entretien avec Bruno DURIEZ

L’entretien a été réalisé le 9 mars 2016 par Francis Gugenheim et Bernard Pourprix.

Bruno Duriez s'est inscrit en DUEL de sociologie en 1966 à la faculté des lettres de la rue Angellier. Après avoir été chargé d'études au Centre d'Analyse du Développement (CAD), puis avoir soutenu une thèse de 3ème cycle de sociologie, il devient attaché de recherche au CNRS en 1980 et membre du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE) en 1981. Après avoir dirigé une équipe puis intégré l'équipe de direction du laboratoire, il en deviendra le directeur. A ce titre il participera également à de nombreuses réunions de la faculté de sciences économiques et sociales.

Bruno Duriez a donc été tour à tour témoin et acteur du développement de la sociologie (alors nouvelle discipline universitaire) à Lille, du rôle des étudiants de sociologie en mai 1968, de la création et du développement du CAD, structure de recherche contractuelle para-universitaire où jeunes économistes et sociologues ont appris à travailler ensemble, du passage de l'Institut de sociologie de la faculté des lettres à l'UER (qui deviendra faculté) de sciences économiques et sociales (SES) de l'USTL, et de la structuration de la recherche en sociologie dans notre université à partir de la fin des années 70 jusqu'à la fin des années 90.

Il a bénéficié, comme étudiant, des réformes de la pédagogie de l'enseignement de la sociologie en 1968 et de l'incitation donnée à la recherche appliquée dans une atmosphère très éloignée de la relation mandarinale entre professeurs et étudiants, sinon professeurs et assistants voire maîtres-assistants, que l'on a pu observer dans d'autres disciplines voisines.

Ayant plus que d'autres sociologues l'expérience du travail commun avec les économistes (longue coopération avec Didier Cornuel, économiste qui deviendra doyen de la faculté), Bruno Duriez a cherché, tant au CLERSE qu'à la faculté des SES, à atténuer les tensions entre économistes et sociologues qui à l'origine n'avaient ni la même culture ni les mêmes modes de fonctionnement.

 

Francis Gugenheim

Résumé de l’entretien avec Bertrand ESCAIG

L’entretien a été réalisé le mardi 15 octobre 2013 par Jacques Crampon.

B. Escaig est diplômé de l’ENSIC de Nancy en 1960. Il possède aussi six ou sept certificats de licence de physique. Il a préparé son DEA de physique des solides en 1960-61, tout en étant assistant chez J. Friedel. Il a ensuite enseigné au CSU d’Orléans jusqu’à la soutenance de sa thèse de 3ème cycle. De retour du service militaire en 1964, il a été nommé maître-assistant à Orléans et il a préparé sa thèse d’État à Orsay, qu’il a soutenue en juin 1968.

Il est allé à Berkeley, à l’Université de Californie, comme post-doc pendant un an et il est rentré en France, toujours comme maître-assistant à Orléans de 1969 à 1970. Il s’est présenté à Lille à la succession de G. Saada et il a été recruté en 1970 comme Chargé de cours et titularisé en 1971.

Au début, il a dispensé un cours de plasticité des matériaux en MST lancée à Lille en 1971. C’est à ce moment qu’il a rencontré J. P. Beaufils qui l’a aidé pour financer l’acquisition du premier MET (Philips EM 300) de son labo en 1972. Dans la foulée, il a créé le Laboratoire des Défauts de l’État Solide qui est devenu la troisième Équipe de Recherche Associée au CNRS, n°374, du Département de Physique au 1er janvier 1973. Avec deux collègues de l’EUDIL il a construit ensuite le LSPES, laboratoire innovant dans le domaine des matériaux, allant des matériaux industriels (métaux, polymères, céramiques, semi-conducteurs) aux matériaux naturels de la géophysique, laboratoire qui a été le premier laboratoire de l’UER de Physique associé au CNRS le 1er janvier 1975 (LA-CNRS n°234).

En janvier 1985, B. Escaig a quitté la direction du LSPES pour prendre un poste de Chef du Département Matériaux à la MST du Ministère de la Recherche et de la Technologie (MRT) qu’il a occupé jusqu’en 1988.

B. Escaig présente ensuite sa contribution à la Structuration de la Recherche Matériaux au niveau régional. Son objectif ici est de coupler la recherche et l’industrie. C’est ainsi qu’il a développé le pôle F.I.R.TECH régional "Métallurgie des Matériaux" en 1989. Dans le prolongement du pôle F.I.R.TECH et malgré l’avortement de son projet fédératif de Cr2mn, il a mis en place le "Réseau Matériaux et Métallurgie" dont il a assuré la coordination dans le cadre du Contrat de Plan État Région (CPER) de 1994 à 1999.

B. Escaig s’est toujours préoccupé de l’insertion professionnelle des thésards. Dès son retour du MRT en 1988, il a pris la Direction du DEA de Physique des Matériaux et il a toujours été animé d’un esprit de couplage des docteurs avec l’industrie. En 1990, il est devenu Président de la bourse de l’emploi de l’Association Bernard Grégory (ABG) de Lille. En 1996, faute de moyens financiers pour organiser ses propres Doctoriales®, il a envoyé quelques doctorants à celles organisées par l’ABG dans d’autres universités. Au cours du premier semestre de l'année 1997, sept Doctoriales® ont eu lieu en France dont celle qu’il a pu organiser en avril.

L’entretien se termine par la création de la clinique médico-pédagogique. B. Escaig s’est beaucoup investi pour la réalisation de cet établissement sur le campus de la cité scientifique en 2005. Lille1 a eu la générosité de donner le terrain près des Quatre Cantons. Il pense que beaucoup d’autres universités auraient refusé une telle implantation. B. Escaig croit que cette action mérite de figurer dans l’histoire du campus de Lille1.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Michel FEUTRIE

L’entretien a été réalisé le 25 février 2016 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Michel Feutrie (MF) commence ses études de sociologie à Lille en 1967. Il est recruté pour mettre en place au CUEEP (Centre université-économie d’éducation permanente), créé en 1968 par André Lebrun, des expériences innovantes de formation continue, l’une dans le bassin minier, l’autre dans le bassin textile à Roubaix-Tourcoing.

MF rappelle la genèse du CUEEP, les premières actions de formation continue, et ce qui a conduit à l’élargissement de l’intervention du CUEEP au niveau universitaire. Les rapports du CUEEP avec l’université sont décrits soigneusement. Ils évoluent au cours du temps, au gré de son créateur et en application des décisions ministérielles. La participation du CUEEP au Contrat d’assistance initiale obtenu par l’USTL en 1972, suite à une loi sur la formation professionnelle, en est un premier exemple.

MF donne ensuite les raisons qui amènent l’USTL à créer, après la promulgation de la loi Savary de 1984, le Service universitaire de développement économique et social (SUDES), destiné à jouer un rôle d’animation pour l’ensemble des composantes de l’université. Le SUDES fait-il concurrence au CUEEP ? Premier directeur du SUDES, Feutrie peut donner sa vision des rapports entre le CUEEP et ce nouveau service.

Il est bien placé aussi pour voir comment a évolué le regard des scientifiques de l’USTL sur la formation continue pendant quatre décennies. Quelles sont les ressources financières du CUEEP ? Quels formateurs travaillent au CUEEP et au SUDES ? Y a-t-il des équipes de recherche au CUEEP ? Voilà encore le genre de question dont on peut trouver des éléments de réponse dans l’entretien.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Hubert FONTAINE

L’entretien a été réalisé le 29 mai 2013 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Après avoir passé son baccalauréat, Hubert Fontaine prépare une licence ès-sciences physiques à la faculté des sciences de Lille et, pour subvenir à ses besoins, il est en même temps maître d’internat au lycée d’Arras puis au lycée Faidherbe de Lille. Sitôt la licence obtenue, en 1959, il est recruté en tant qu’assistant par le Professeur Roig, alors "Patron" de l’Institut de physique de la faculté des sciences de Lille. Il est principalement chargé du montage des manipulations du cours d’optique de celui-ci. A son retour du service militaire, H. Fontaine rejoint René Fouret, jeune agrégé sorti de l’ENS de Saint-Cloud, récemment nommé Professeur à l’Institut de physique de Lille et en train de monter un laboratoire de physique des cristaux. Dans ce laboratoire en constitution, il faut tout réaliser soi-même : les cryostats, les monocristaux, etc. Toute la carrière de H. Fontaine se déroulera ensuite dans le cadre du secteur Physique de notre université où il sera amené à exercer d’importantes responsabilités, notamment au sein de son laboratoire et de son UFR (Unité de Formation et de Recherche).

Les différents sujets abordés au cours de l’entretien portent sur : les différentes personnes ayant composé le laboratoire originellement créé par R. Fouret et l’évolution des activités de ce laboratoire dans le domaine de la physique des cristaux ; les propres travaux menés par H. Fontaine sur le cristal plastique succinonitrile et l’ayant conduit à passer sa thèse d’Etat en 1973 et à devenir Professeur en 1976 ; quelques aperçus sur les directeurs ayant succédé à René Fouret après 1986 (Hubert Fontaine, Jacques Lefebvre et Marc Descamps) et la permanence des relations étroites du laboratoire avec Grenoble et la Catho de Lille ; les responsabilités assurées par H. Fontaine dans les enseignements des DEUG A2, A’2 et de la Maîtrise Mesures et Contrôles ; sa forte implication dans les responsabilités administratives, principalement celles concernant le personnel, tant au niveau de l’UFR de Physique qu’à celui de l’université ; et enfin, un bref retour sur l’avant 1968 où il avait eu l’occasion d’être un des rares représentants des maîtres-assistants (ils étaient 3 !) au Conseil de faculté.

 

Yves Crosnier

Résumé de l’entretien avec Jean GADREY

L’entretien a été réalisé le 8 avril 2014 par Jacques Duveau et Bernard Pourprix.

Jean Gadrey (JG) fait des études de mathématiques à la faculté des sciences de Lille. Michel Parreau vient chez ses parents pour le recruter sur un poste d’assistant en 1966. Il n’y a pas de procédure officielle de recrutement, ni engagement en matière de recherche. Agrégé en 1967, JG s’impliquera fortement dans l’IREM à sa création.

Sa réorientation vers les sciences économiques a pour raison principale mai 68 et ce qui s’ensuit. JG a lié connaissance avec des gens de sciences éco dans le cadre de luttes et de débats politiques et syndicaux. Il s’engage dans un cycle complet de formation en sciences éco, il obtient un DEA en 1976 et soutient une thèse en 1980. Il négocie le transfert de son poste de l’UER de math à celle de sciences éco et sociales. La manière dont il est accueilli par les économistes lui révèle les divisions en leur sein. Dès la victoire de la gauche en 1981, avec d’autres collègues, il s’emploie à donner une «impulsion de gauche» à l’UER et il est l’adjoint de Jean-Claude Delaunay à la nouvelle direction.

De 1973 jusqu’à la fin des années 70, JG est secrétaire de la section syndicale SNESUP de l’USTL. C’est l’époque de la lutte entre les proches des communistes et les proches des gauchistes, les uns comme les autres faisant preuve d’un dynamisme formidable, que JG se plait à décrire. Soit en rappelant les grandes périodes de mobilisation, comme celle concernant le problème des assistants non-titulaires, soit en évoquant l’influence majeure des positions syndicales sur les équipes de direction de l’université.

Jean Gadrey est devenu professeur et économiste reconnu. A la fin de l’entretien, il présente une intéressante vue synthétique des courants actuels en économie, ce qui permet de mieux comprendre les particularités lilloises, et notamment celles des «hétérodoxes», les seuls économistes lillois médiatiquement connus.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Gabriel GOSSELIN

L’entretien a été réalisé le 1er juin 2016 par Bernard Pourprix et Jean-Michel Stiévenard.

Après des études à la Sorbonne et un séjour en Afrique, Gabriel Gosselin arrive à l’Institut de sociologie de Lille en 1967, d’abord assistant, puis professeur à partir de 1974. Par la peinture qu’il brosse des sociologues lillois, l’entretien permet d’imaginer les rapports qui pouvaient exister entre les membres de cette petite communauté dans la période bouleversée des années 1960 et 1970. François-André Isambert, Jean-René Tréanton (personne-pivot et véritable organisateur de la discipline à Lille), Michel Simon, Christian Baudelot, Jacques Lombard comptent parmi les principales figures, à des titres divers.

Après avoir été une branche de la philosophie, la sociologie profite de la restructuration des universités consécutive à la loi Edgar Faure de 1971 pour demander son rattachement à l’université des sciences et technologies de Lille (USTL), pour diverses raisons, notamment politiques. Sur ce sujet, Gosselin est quasiment le seul à avoir une attitude critique envers Simon. Aujourd’hui encore il regrette d’avoir dû quitter les philosophes et les historiens. Dans le même temps, les sciences économiques divorcent du Droit et se marient à la sociologie dans une même UER fondée sur la convention tacite d’autonomie dans l’interdépendance. Il faut attendre de nombreuses années pour que change le regard porté par les scientifiques “purs et durs” sur les nouveaux arrivants.

Avant l’arrivée à l’USTL, la notion de laboratoire n’existait pas. Ensuite, pour «faire scientifique», est créé le Centre interdisciplinaire de recherches en sciences humaines (CIRSH), qui constituera la base du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE). La structuration d’un troisième cycle se fait tardivement, dans les années 1990. C’est principalement Gosselin qui dirige des thèses, même si d’autres, comme Tréanton, participent à l’encadrement.

Le milieu des sociologues lillois n’est presque pas touché par le mouvement des assistants non-titulaires à partir du milieu des années 1970. Il faut dire que la sociologie était alors une discipline en rapide expansion et que les dotations de postes y étaient régulières.

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien de Francis GRASE réalisé le 16 décembre 2023 par Jean-Pierre Sawerysyn

          Titulaire d’un baccalauréat « Mathématiques Elémentaires » (juin 1962), Francis Grase fait deux ans de classes préparatoires et intègre l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Lille en 1964-1965. Au cours de la 1ère année, il se présente à l’examen de propédeutique MPC qu’il obtient avec la mention « Bien ». Exclu de l’ENSCL en deuxième année, il se réfugie en maîtrise de chimie (obtenue en juin 1968), puis s’inscrit au DEA de « Chimie Structurale ». Il fait son stage de DEA au laboratoire de Michel Delhaye, dans l’équipe de Michel Bridoux. En 1970, il est nommé assistant-délégué à l’IUT de Béthune. En 1971-1972, il effectue son service militaire au Mali dans le cadre de la coopération culturelle. A son retour en France, il poursuit sa carrière d’enseignant à l’IUT de Béthune. Bien qu’’il s’investisse dans les travaux de recherche entrepris dans l’équipe de Michel Bridoux, il ne souhaite pas soutenir de thèse. A partir de 2000, il est en cessation progressive d’activité. Il prend sa retraite anticipée en 2004 à 60 ans.

Dès 1966, Francis Grase se passionne pour l’astronomie. Cette passion se manifeste par un investissement personnel ininterrompu dans cette discipline en parallèle avec sa carrière d’enseignant-chercheur. Plusieurs points forts illustrent son intérêt pour l’astronomie :

  • Fabrication de sa propre lunette astronomique avec laquelle il réalise plusieurs centaines de clichés de la surface solaire dont il mesure les positions. Ces résultats lui permettent de participer au « Programme de Mesure des Mouvements Propres des Taches Solaires (PMMPTS) ». Pour ce travail, il reçoit le prix « Julien Saget » de la Société Astronomique de France en 1981.
  • Construction d’un observatoire à ciel ouvert au Mali, à Banankoro, région de Ségou, pendant son service militaire effectué comme enseignant (1971-72). Il l’équipera de sa lunette personnelle pour les observations célestes.
  • Implication dans les activités de l’Association Astronomique du Nord hébergée sous la coupole de l’Université catholique. Avec la lunette de 130mm de cet observatoire, il réalise des clichés de planètes qui lui valent le prix Pierre Bourge de l’Association Française d’Astronomie en 1977.
  • Volonté d’intégrer l’Observatoire de Lille (1976).  Participation active et assidue à la maintenance, la valorisation d’instruments scientifiques et au perfectionnement de la lunette astronomique Jonckheere de l’Observatoire. Publication de divers articles. 
  • Co-fondateur en 2004 de l’Association Jonckheere - Les amis de l’Observatoire de Lille. Participation à la diffusion des connaissances en astronomie auprès d’étudiants, d’élèves et du grand public.

Au cours de son entretien, Francis Grase évoque plusieurs anecdotes vécues dans le cadre de l’Observatoire de Lille. Il termine son exposé par quelques réflexions d’ordre philosophique.

Jean-Pierre Sawerysyn

 

Résumé de l’entretien avec Gérard HECQUET

L’entretien a été réalisé le 4 mai 2016 par Pierre Louis et Marie-Thérèse Pourprix.

Gérard Hecquet est un mathématicien né en 1938, qui a fait ses études à la Faculté des sciences de Lille. Le nombre d’enseignants recrutés à la fin des années cinquante est considérable. Gérard Hecquet est recruté, au sortir de l’agrégation, comme assistant délégué, puis stagiaire. Il se souvient avec sérénité et émotion de ses années d’étudiant et de jeune enseignant, de l’ambiance bon enfant du département de mathématiques et des manifestations des années qui suivirent mai 68.

Il raconte ses enseignements, son travail comme directeur de l’IREM, sa thèse avec les professeurs Maurice Roseau et Lamberto Cesari, et sa reconnaissance envers Michel Parreau qui a guidé sa carrière et celle de son épouse Josette.

Cette interview aborde aussi un morceau de l’histoire de l’astronomie à Lille. La transition difficile entre la direction de Vladimir Kourganoff et celle de Pierre Bacchus, à l’Observatoire de Lille, est en effet évoquée à travers le parcours de Josette Hecquet. Elle sera nommée par la suite à l’Observatoire du Pic du Midi. C’est la raison pour laquelle Gérard Hecquet terminera sa carrière à l’université de Toulouse.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Maurice HERMAN

L’entretien a été réalisé en février 2015 par Jacques Crampon.

Maurice Herman (MH) a fait toutes ses études comme boursier et, après son bac, il s’inscrit à la Faculté des sciences de Lille pour y préparer une licence de physique. En 1962, il tombe sur une annonce recherchant un assistant de physique. Alors qu’il n’a pas encore terminé sa licence, il frappe à la porte du Professeur Jean Roig. Celui-ci l’engage après moins d’un quart d’heure d’entretien.

Il est donc recruté et il termine sa licence tout en étant assistant. Désireux de s’impliquer dans la recherche, plutôt que de préparer l’agrégation, il se présente à Madame Jacqueline Lenoble, qui venait de créer, en 1960, le Laboratoire d'Optique Atmosphérique. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé être le premier thésard du LOA.

Il considère qu’il n’est pas un témoin pertinent des événements de mai 1968, car c’est à cette époque qu’il termine et soutient sa thèse d’État sur la « Contribution à l’étude du transfert radiatif dans un milieu diffusant et absorbant ».

Il explique ensuite le développement du LOA, après son transfert sur le campus de l’USTL, auquel il a activement contribué. En 1975, le LOA a obtenu le statut d’Équipe de Recherche Associée au CNRS (ERA 466) et a commencé à bénéficier d'un support régulier du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES). Mme Lenoble a dirigé le labo pendant un quart de siècle, jusqu’en 1985/86.

Après une transition d’un ou deux ans, assurée par Y. Fouquart, MH a dirigé le labo jusqu’en 1999. Sous les mandats de J. Lenoble comme de MH, le labo n’a pas mis en place de statuts ni de conseil élu, représentatif des personnels. La direction de Mme Lenoble peut être qualifiée de « familiale ». Sous la direction de MH, le conseil de labo est demeuré restreint aux collèges A et B. Les ingénieurs assistaient aussi au conseil. La direction du labo était restée un peu « mandarinale », dit-il, avec un éclat de rire.

MH considère qu’il n’a été directement impliqué dans le fonctionnement de l’université que pendant les quatre années où il a été directeur de l’UFR de Physique. En 1976, M. Migeon, alors premier Vice-Président, lui a demandé de participer à l’expérience pédagogique du DEUG « personnalisé ». Il en a gardé un bon souvenir.

Selon MH, le LOA était mal placé avec sa thématique sur l’optique atmosphérique pour avoir de fortes relations avec le milieu industriel. De ce fait, le débouché des thésards ne s’est pas fait dans l’industrie mais principalement dans le monde universitaire.

MH termine son entretien en parlant de l’évolution des thématiques de recherche du LOA. Celles-ci ont recouvert l’océanographie spatiale par l’observation satellitaire, l’étude des nuages avec le développement des premiers codes radiatifs, et la polarisation du rayonnement pour l’étude des aérosols stratosphériques.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Michèle HOCHEDEZ

L’entretien a été réalisé le 1er décembre 2021 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Michèle Hochedez (MH) était maître de conférences en électronique au département Génie électrique et informatique industrielle (GEII) de l’IUT A de Lille, où elle est arrivée en 1982. Elle a été chef du département GEII de 1997 à 2003, puis chargée de mission "IUT en ligne" au niveau national de 2003 à 2007. À l’université de Lille 1, de 2007 à 2016, elle a été vice-présidente en charge de la réussite des étudiants et directrice du SUAIO.

MH passe en revue la série de propositions faites par les IUT, et notamment par les départements GEII, pour ne pas être marginalisés lors de la mise en place du LMD dans les universités et pour reposer, à cette occasion, la question récurrente du passage au DUT en trois ans. MH a vécu d’autant plus intensément cette période bouleversée qu’elle était secrétaire de l’assemblée des chefs de département GEII. Le récit détaillé de ces événements porte l’empreinte de sa forte implication.

La demande du DUT en trois ans n’a jamais été satisfaite mais, à mesure que le temps passait, des propositions adaptées à l’évolution du contexte ont été formulées et ont abouti à des concrétisations comme le DUT+1 (1 étant la licence professionnelle) ou encore la licence universitaire de technologie. MH détaille, entre autres, les changements profonds apportés par le programme pédagogique national de 2005, avec une organisation en semestres et en modules, qui, pour la première fois, de manière officielle, donne la possibilité de poursuite d’études après l’IUT.

Au milieu des années 1980, à l’initiative des départements GEII, un enseignement à distance est mis en place, puis cette voie d’obtention du DUT s’éteint. Elle renaît plus tard, suite à un appel à projet de campus numérique de la part du ministère. MH raconte la genèse du projet, puis elle explique en quoi a consisté sa fonction de chargée de mission pour le développement de ressources dans le champ STIC. Dans ce champ de haute technicité, les ressources sont compliquées à numériser et à mettre en œuvre. Néanmoins, le label Campus numérique a été obtenu.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Michèle Hochedez sur le SUAIO

L’entretien a été réalisé le 25 mai 2022 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Michèle Hochedez (MH) était maître de conférences en électronique au département Génie électrique et informatique industrielle (GEII) de l’IUT A de Lille, où elle est arrivée en 1982. Elle a été chef du département GEII de 1997 à 2003, puis chargée de mission "IUT en ligne" au niveau national de 2003 à 2007. Un premier entretien, réalisé le 1er décembre 2021, portait sur ses activités à l’IUT.

À l’université de Lille 1, de 2007 à 2016, MH a été vice-présidente en charge de la réussite des étudiants et directrice du Service universitaire d’accompagnement, information et orientation (SUAIO). Ce deuxième entretien a pour objet d’exposer et expliquer les tâches qu’elle a assumées dans ce domaine.

MH commence par un bref historique du SUAIO. Elle arrive à la direction alors que vient d’être décidée la séparation entre la partie Information-Orientation et la partie Insertion professionnelle.

En 2008, MH travaille à la mise en place d’APB, "Admission post bac", une procédure incorporée dans le plan ministériel "Réussite en licence". APB supplante le DOP, "Dossier d’orientation pédagogique", une procédure élaborée en interne, sur laquelle Lille 1 avait entièrement la main, et qui fonctionnait bien. La mise en place d’APB s’avère compliquée.

En 2009, suite à l’appel à projet "Comment améliorer le dispositif de l’orientation active", MH travaille à une réponse commune des SUAIO des trois universités lilloises qui, avec les proviseurs des lycées, bâtissent un dispositif cohérent nommé "Demain l’Université". Ce dispositif comprend un ensemble d’actions devant faciliter la transition entre lycée et université. Ces actions seront favorablement appréciées.

Lille 1, qui a une longue et riche expérience dans l’aide à la réussite des étudiants, sait s’adapter aux nombreuses demandes du Ministère. L’appel à projet de Martin Hirsch, intitulé "Portefeuille d’expériences et de compétences" (PEC), est également suivi d’une réponse. Il s’agit de préparer les étudiants à la formulation de leur bilan d’expériences et de compétences, en vue de la rédaction de leur CV et de leur présentation orale en situation d’embauche.

Suite à des appels à projet venant de la Région, différentes actions spécifiques d’aide à la réussite des étudiants sont conçues et mises en place. C’est ainsi qu’est créé le diplôme d’université Tremplin, destiné aux étudiants se trouvant en situation d’échec à l’issue du premier semestre. Le DU Biologie est l’exemple type de DU Tremplin.

Par ailleurs, MH travaille aussi à la conception et à la réalisation des premières Journées d’immersion vie étudiante (Jivé). Il s’agit, concrètement, d’une semaine d’intégration des nouveaux étudiants avant la rentrée.

Grâce à ce riche entretien, Michèle Hochedez nous permet de découvrir une variété de dispositifs mis en place pour l’aide à la réussite des étudiants lillois.

Bernard Pourprix

 

 

Résumé de l’entretien avec Raymond JEAN

L’entretien a été réalisé le 27 novembre 2014 par Yvonne Mounier et Bernard Pourprix.

Raymond JEAN est arrivé à Lille le 2 octobre 1962, venant de Strasbourg pour intégrer un poste d’assistant dans l’équipe du Pr Linder. Celui-ci l’avait « repéré » en tant qu’étudiant à Strasbourg, quelques années auparavant, alors qu’il y était enseignant avant sa nomination comme Pr à Lille. Il avait été en 1957 reçu au CAPES, avait démissionné pour aller à la faculté de théologie puis était revenu à des études universitaires.

A son arrivée, il fut surpris par les faibles moyens en physiologie végétale comparés à ceux dont disposait l’université de Strasbourg. Mais l’installation sur le campus, en 1966, l’enthousiasma par « l’espace formidable » pour le laboratoire au bâtiment SN2 et par « la beauté » des amphis et les équipements performants pour les TP au bâtiment SN1, après une étape initiale au « provisoire ». Raymond JEAN était passionné par son activité d’enseignement, par l’encadrement des sorties des étudiants sur le terrain pour les études de la flore, notamment dans la baie de la Canche.

Sa thématique de recherche a porté sur la génétique des œnothères. C’est une plante de nos jardins, de type hétérozygote, qui, par autofécondation, reste hétérozygote, phénomène unique. Raymond JEAN a passé sa thèse en 1974 et n’a pas constitué d’équipe, estimant que son thème de recherche ne serait pas très porteur pour des ouvertures sur l’emploi. Néanmoins, ses compétences ont été reconnues et utilisées aussi bien par le milieu industriel que par d’autres chercheurs français et étrangers travaillant sur les plantes haploïdes. Le thème de la génétique des plantes a ensuite été bien développé à Lille 1, à partir de 1982, avec le recrutement de plusieurs enseignants-chercheurs et chercheurs CNRS.

La participation de Raymond JEAN aux tâches collectives s’est concrétisée par son activité de gestion des déchets radioactifs à l’UFR de Biologie (ce qui n’était pas une mince affaire), et aussi par la préparation et le suivi de la construction des serres. Par ailleurs, il a écrit un livre sur le Professeur Maige, il a contribué à une flore et il a eu des activités de consultant.

 

Yvonne Mounier

Résumé de l’entretien avec Pierre JEANNIN

L'entretien a été réalisé le 11 mars 2016 par Jeanne Parreau et Marie-Paule Quetu, en présence de Marc Prévost.

A travers Pierre JEANNIN (PJ), nous assistons aux premiers pas de l’université du Littoral. Après l’obtention de l’agrégation de mathématiques et un an d’enseignement au lycée Faidherbe, PJ est recruté à la faculté de Lille, en 1963, chargé d’assurer les premiers enseignements de MGP à Calais où le CESS (centre d’enseignement supérieur scientifique) ouvre à l’initiative de Michel Parreau et Jacques Vendroux. Le but est de permettre aux étudiants du littoral de faire des études supérieures, l’éloignement de Lille étant un frein aux études post bac et à la formation des maîtres en particulier. Avec Fernand Parsy et Mme Crémieux, ils sont trois enseignants à l’ouverture du centre ; l’enseignement se fait dans des baraquements et y restera quelque temps. L’arrivée d’autres enseignants de math, de physique, puis de chimie, est évoquée ainsi que le passage délicat du premier cycle à deux ans et l’acquisition de l’autonomie administrative vis-à-vis de la municipalité de Calais. L’esprit d’équipe est fort, les réunions pédagogiques se font lors des repas et les déplacements des enseignants de Lille à Calais sont bloqués sur une journée, selon la discipline.

PJ évoque sa carrière. D’abord agrégé détaché du second degré, il devient PRAG en 1975. Des circonstances le rapprochent de Jean-Charles Fiorot. Un travail d’équipe fructueux aboutit à une thèse, deux livres, et de multiples publications communes à partir de 1988. Ainsi PJ devient en 1991 directement professeur d’université, sur poste de l’université du Littoral, sans passer par la case maître-assistant ou maître de conférences.

Dans la troisième partie de l’interview, et non des moins intéressantes, PJ évoque la partie de son service statutaire effectuée à Lille, à l’IREM. Il regrette de s’être fait leurrer sur le recyclage des professeurs du secondaire. A l’époque, les directives ministérielles imposaient l’introduction des nombres négatifs via des classes d’équivalence et une dichotomie affichée entre géométries affine et métrique, tout ceci au collège ! Il considère toutefois très intéressants les apports différents de Daniel Lehmann et de Rudolf Bkouche à l’IREM de Lille.

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jean-Pierre LAVEINE

L’entretien a été réalisé le 6 mars 2014 par Yvonne Mounier et Bernard Pourprix.

Jean-Pierre LAVEINE est un paléontologue de pure souche lilloise, effectuant ses études universitaires à Lille en étant instituteur, puis entrant à l’université comme attaché de recherche au CNRS en 1961. Il franchit successivement les grades de chargé puis maître de recherche pour intégrer en 1974 l’enseignement supérieur comme professeur. J.P. Laveine décrit le fonctionnement très hiérarchisé et mandarinal à cette époque, en particulier en géologie, son domaine, où il fut amené à subir plusieurs répressions.

Sa discipline de recherche est la paléontologie et plus spécialement la paléobotanique, en relation avec le bassin minier très proche. Il étudiait en effet les plantes fossiles du Paléozoïque et du Carbonifère, domaine qui était soutenu financièrement par les Houillères du Nord et intéressait aussi les Houillères de Lorraine. Ses travaux l’avaient conduit à des collaborations répétées avec la Chine. J.P. Laveine développait un thème très porteur pour lequel les industries pétrolières étaient également fortement intéressées. Corrélativement, la discipline suscitait un vif intérêt auprès des étudiants, nombreux dans les cursus, conscients des perspectives professionnelles possibles.

Yvonne Mounier

Résumé de l’entretien avec Lucien LECLERCQ

L’entretien a été réalisé le 13 mai 2017 par Jean-Pierre Sawerysyn et Francis Gugenheim.

Lucien Leclercq est né le 12 juillet 1943 à Thiant (59224). En 1958, il est recruté comme assistant à l’université de Poitiers. Il passe sa thèse d’État à Poitiers en 1976. De décembre 1976 à avril 1978, il est à Stanford (Californie) en stage postdoctoral. Ses travaux ont pour objectif de remplacer le platine, qui coûtait très cher comme catalyseur, par le carbure de tungstène.

Ce stage est l’occasion pour lui de découvrir comment se transmet le savoir sur le plan pratique à l’intérieur des laboratoires et, par ailleurs, de côtoyer de nombreux « Prix Nobel » dans le cadre de séminaires organisés sur le campus. Cette proximité lui offre des opportunités sur le plan scientifique. A son retour de Stanford, il est nommé maître-assistant à l’université de Poitiers. Pour des raisons personnelles, il souhaite et obtient son transfert à Lille comme maître-assistant au sein de l’ENSCL. En 1988, il est promu Professeur à l’UFR de chimie. Il intègre le Laboratoire de catalyse.

L. Leclercq assume de nombreuses responsabilités administratives. De 1992 à 1997, il est élu directeur de l’UFR de chimie, puis réélu en 1998 mais il ne termine pas son second mandat pour des raisons de santé. Fort de son expérience acquise à Poitiers, il mutualise les financements accordés aux laboratoires de l’UFR de chimie. Il rappelle à cette occasion l’importance et la nécessité des crédits d’origine privée obtenus par les laboratoires de chimie dont les recherches relèvent aussi bien du domaine fondamental qu’appliqué, cette dualité pouvant générer des difficultés de reconnaissance scientifique pour la promotion des chercheurs. En tant que directeur d’UFR, il est sensibilisé aux problèmes d’hygiène et de sécurité posés au sein des laboratoires de chimie.

De 1998 à 2003, il est membre du CNU. Par ailleurs, sur le plan local, de 1997 à 2002, il est chargé de la Politique de contractualisation d’établissement au sein l’Équipe de direction de Lille 1 sous la Présidence de Jacques Duveau.

Au terme de l’entretien, une discussion s’engage sur les modalités de recrutement des enseignants universitaires avant et après 1968, et sur la rareté des postes ouverts au recrutement de 1975 à 1990.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Pierre LECOUFFE et Alain RAUCH

L’entretien a été réalisé le 10 février 2016 par Marie-Paule Quétu et Bernard Pourprix.

Pierre Lecouffe (PL) et Alain Rauch (AR) obtiennent leurs certificats de licence tout en étant employés comme techniciens au laboratoire de calcul numérique de la faculté des sciences de Lille. En 1968, sur proposition du directeur de ce laboratoire, Pierre Bacchus, ils entrent comme assistants à l’IUT A, dans le département Informatique (de gestion) qui vient d’être créé. Ce département est une émanation du laboratoire de calcul.

L’informatique est au stade des balbutiements. La première année est difficile : pas de machine (on utilise celle du labo de calcul), pas ou peu de documents sur lesquels s’appuyer pour bâtir un cours. L’année suivante, il faut trouver des stages pour les étudiants. Ensuite, on loue une machine, puis on en achète une d’occasion.

PL et AR passent en revue les premiers enseignants du département en indiquant d’où ils viennent et quelle formation ils ont reçue. Le département Informatique, à orientation gestion, fait appel à de nombreux vacataires professionnels. PL et AR se considèrent comme les deux seuls informaticiens du département.

Au laboratoire de calcul, Pierre Lecouffe passe une thèse sous la direction de Vincent Cordonnier, puis il travaille dans l’équipe de Bernard Toursel. Alain Rauch, lui, se cantonne dans son département d’IUT où il s’occupe de l’installation et de la gestion des machines informatiques.

L’interview prend fin après l’évocation des belles années passées dans la bonne ambiance du laboratoire de calcul numérique de Lille avant le déménagement sur le triste campus de la Cité scientifique de Villeneuve d’Ascq.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jacqueline LENOBLE

L’entretien a été réalisé en février 2013 par Chantal Duprez.

Jacqueline Lenoble est entrée au lycée de filles Camille Sée en classe de 8ème. Elle a préparé le concours de Sup-Optique au lycée Fénelon dans le Quartier latin. Lorsqu’elle est sortie Ingénieur de Sup-Optique, elle n’avait pas envie de faire carrière dans l’industrie.

Elle est entrée au Laboratoire de physique appliquée du Muséum national d’histoire naturelle, dans l’équipe d’un Professeur qu’elle avait eu à Sup-Optique. Elle a eu un poste au CNRS, tout en continuant de faire une licence à la Sorbonne. Elle a travaillé sur l’étude du rayonnement solaire UV reçu au sol. Sa vocation d’optique de l’atmosphère est née là dans le début des années 1950. Elle s’est mise à la théorie du transfert radiatif.

Après sa thèse, elle a effectué un séjour aux USA dans le laboratoire de Segura, spécialiste du transfert radiatif et qui faisait de la polarisation.

Alors qu’elle était chargée de recherche, elle a compris qu’en restant au CNRS cela ne lui permettrait pas de créer et de développer un labo. C’était le moment où les postes d’enseignants se créaient en province. Lille avait l’avantage d’être très près de Paris.

Quand elle est arrivée à Lille en 1961, elle a créé le Laboratoire d’Optique Atmosphérique (LOA). L’étiquette selon elle n’est pas la meilleure, elle pense que le mot « rayonnement » serait plus adapté que le mot « optique ». Cette création ne s’est pas faite sans difficultés, car un nouveau labo à l’Institut de physique, cela nécessitait des moyens humains qui n’iraient pas ailleurs.

À son arrivée à Lille, elle a recruté M. Herman qui venait de terminer une licence ; elle a toujours travaillé avec lui, et il lui a succédé à la direction du LOA. En arrivant sur le campus en 1967, elle a essayé de fédérer les opticiens de Lille autour d’elle : J. Schiltz et Montel, sans grand succès.

C’est avec l’aide d’organismes extérieurs comme le CNEXO (devenu IFREMER) qu’elle a pu développer son laboratoire au moyen de contrats de recherche et de postes de type CDD, qui ont permis de recruter du personnel.

Le LOA a obtenu la première reconnaissance CNRS en 1974, en devenant Équipe de Recherche Associée (ERA 466). En 1985, il devient Unité Associée (UA), puis Unité de Recherche Associée (URA 713).

L’entretien se termine sur les difficultés rencontrées par une femme dans le milieu très masculin de la recherche dans la période d’activité de Jacqueline Lenoble.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Alain LEPRÊTRE

L’entretien a été réalisé le 2 mars 2022 par Bernard Pourprix.

Alain Leprêtre (AL) est professeur émérite à l’UFR de Biologie. Après une thèse de 3ème cycle en écologie sous la direction de Maurice Durchon et Emile Vivier, il entre dans le laboratoire d’Ecologie numérique que Serge Frontier vient de créer en 1981. Après un cheminement un peu compliqué, AL obtient un poste de maître de conférences en 1988 au département de Biologie appliquée de l’IUT A, où il enseigne les biostatistiques. Il dépeint les différents chefs de département qu’il a connus jusqu’en 2002, date de sa nomination comme professeur à l’UFR de Biologie.

AL décrit ensuite une réalisation à laquelle il attache beaucoup d’importance. Alors qu’il est en poste à l’IUT, il est l’initiateur et le porteur du projet d’IUP QEPI (Qualité et environnement des productions industrielles). D’emblée le système IUP (Institut universitaire professionnalisé), créé en 1992 par le ministre Claude Allègre, lui semble très intéressant parce qu’il donne aux universitaires la possibilité de faire quelque chose dans l’ingénierie tout en restant dans l’université. AL prend son bâton de pèlerin pour présenter son projet "multi-composantes" aux directeurs des UFR impliquées et trouver de nombreux intervenants, rencontrer les responsables des entreprises concernées, frapper à la porte du ministère pour obtenir un soutien. A l’UFR de Biologie, on objecte que cette formation détournera les bons étudiants de biologie « vers un IUT ». La direction de l’université est pour le moins frileuse, mais l’IUT, en la personne de son directeur Bertin de Bettignies, apporte son soutien. L’IUP QEPI ouvre en 1995 avec 60 étudiants en première année. AL en est le responsable jusqu’en 2002. L’IUP QEPI existe toujours, mais adapté au cadre du LMD.

AL présente ensuite l’évolution de la recherche en biologie à Lille 1. Le départ des « mandarins » (Maurice Durchon, Robert Bouriquet) a été suivi d’une période de flottement, d’un émiettement des laboratoires (excepté celui de Jean Montreuil en biochimie), jusqu’à la fin des années 1990. Sur ces miettes se sont structurés d’autres laboratoires, et la biologie moléculaire semble maintenant bien installée à Lille 1.

AL explique en quoi consiste sa recherche en écologie numérique, une manière de rapprocher l’étude des « bestioles » et les mathématiques, ses deux activités préférées. Aujourd’hui il appartient au Laboratoire Génie Civil et géo-Environnement (LGCgE), dirigé par Isam Shahrour.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Yves LEROY

L’entretien a été réalisé le 21 octobre 2013 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Yves Leroy a obtenu en 1956 une licence d’enseignement de physique, incluant les certificats d’électronique et d’hyperfréquences. L’année suivante, il prépare un diplôme d’études supérieures (DES) au sein du Laboratoire de radioélectricité et électronique sous la direction du Professeur Arnoult. Il est nommé assistant en 1957 à la Faculté des sciences de Lille.

Après son service militaire, il reprend ses fonctions d’assistant, puis devient maître-assistant en 1963, affecté à l’Institut radiotechnique. Il y assure la formation de BTS, puis il contribue, sous la direction du professeur Liebaert, à la création de la section Génie Electrique de l’IUT. Il passe sa thèse de doctorat d’Etat en 1967, et devient maître de conférences à l’IUT de Lille. Il y participe à l’élaboration des programmes d’études, en particulier l’introduction des projets, et il y développe des contacts suivis avec les industriels, tout particulièrement régionaux. Il exerce les responsabilités de chef du département Génie Electrique de 1969 à 1976.

Son activité de recherche s’est déployée dans les années 60 sur le thème de la dynamique moléculaire dans les liquides polaires sous la direction d’Eugène Constant. Il a contribué à la montée en fréquence vers le millimétrique des techniques de spectrométrie microondes et il a été un des premiers chercheurs à montrer la diminution de l’absorption des liquides polaires dans l’infrarouge. En 1976, il crée une équipe de recherche au sein du Centre hyperfréquences et semi-conducteurs (CHS) sur les nouvelles applications des microondes, équipe qui comportera jusqu’à une douzaine de membres. Outre les applications médicales, telles que la thermographie et l’hyperthermie microondes, il investigue toute une gamme d’applications industrielles et grand public au sein de l’Institut d’électronique et microélectronique du nord (IEMN).

 

Georges Salmer

Résumé de l’entretien avec Pierre LOUIS

L’entretien a été réalisé le 21 février 2018 par Francis Gugenheim et Jean-Pierre Sawerysyn.

Pierre Louis est né le 4 septembre 1942 à Montigny-en-Gohelle (62640). Il a été recruté comme assistant à la Faculté des Sciences de Lille en 1963, maître-assistant en 1965 et maître de conférences en 1985. Il a obtenu l’agrégation de mathématiques en 1964. Il a assuré ses enseignements en mathématiques au niveau des premier et second cycles. Ses responsabilités administratives ont été nombreuses et de premier plan : Responsable des études (2 ans) sous la présidence de Jean Cortois en 1982, Vice-président du CEVU (Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire) pendant le mandat d’Alain Dubrulle (1987-1992), et enfin Président de l’Université Lille 1 de 1992 à 1997.

Au cours de cet entretien, des échanges ont eu lieu concernant les différentes réformes pédagogiques mises en place pour permettre aux titulaires d’un DUT ou d’un BTS, venant des baccalauréats D ou F, d’accéder au DEUG A : amélioration de l’orientation, semestrialisation des enseignements et création de filières adaptées. Des éléments ont alors été fournis pour expliquer l’abandon de ces différentes expériences pédagogiques.

Par contre, la création des DEUST (Diplôme d'Etudes Universitaires Scientifiques et Techniques) en formation initiale (pour les étudiants en difficulté en DEUG) et en formation continue a été un véritable succès. Celle des IUP (Instituts Universitaires Professionnalisés), qui était plus ambitieuse car donnant une formation en trois ans assimilable à celle donnée dans les grandes écoles, a souffert du manque de reconnaissance dans les conventions collectives du niveau Bac+4.

D’autres créations pédagogiques ont été également évoquées : DESS (Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées), Deug A Alterné, IESP (Ingénieur d’Exploitation des Systèmes de Production). La création de filières innovantes intégrant des stages en entreprises a permis de renforcer les liens entre universitaires et industriels.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Michel LUCQUIN

L’entretien a été réalisé le 20 février 2013 par Jean-Pierre Sawerysyn

Michel LUCQUIN est né le 15 juillet 1927 à Braie-sur-Seine (77480). Après l’obtention de son diplôme d’ingénieur-chimiste à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris (ENSCP), il prépara une thèse d’Etat à la Sorbonne, au laboratoire de Chimie générale du professeur Paul LAFFITTE. Sa thèse, soutenue en 1957, fut consacrée à l’étude expérimentale des phénomènes de combustion des hydrocarbures saturés à basse température.

Il devint assistant au laboratoire de Chimie générale, puis maître de conférences à la Faculté des Sciences de Lille en octobre 1959 où il créa un nouveau laboratoire de recherche intitulé « Laboratoire de chimie de la combustion ». Ce laboratoire était installé à l’Institut de chimie, rue Barthélémy Delespaul à Lille.

Au cours de son entretien, il rappela que l’Institut de chimie comportait deux structures vivant en symbiose : la Faculté des Sciences et l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Lille (ENSCL). Les laboratoires de chimie, qui dépendaient de la Faculté des Sciences, étaient organisés en services, dirigés chacun par un professeur avec chaire régnant de manière absolue sur le fonctionnement de certains enseignements et laboratoires de recherche. Pour lui, la création du Département de chimie en 1962 a été déterminante pour freiner les ardeurs de certains chefs de service et coordonner les enseignements et les recrutements des nouveaux enseignants.

Le déménagement à Annappes à partir de 1967 de tous les laboratoires de chimie et de l’ENSCL a considérablement modifié les relations entre ces deux entités. Si l’arrivée à Annappes a permis de renforcer le rôle du Département de chimie, elle s’est également traduite par la consolidation de l’autonomie de l’Ecole par rapport à la Faculté puis l’Université. Michel LUCQUIN a été nommé chef du Département de chimie de 1967 à 1969. C’est avec enthousiasme qu’il a décrit le rôle qu’il a joué comme chef de département. Enfin, il a tenu à donner sa vision sur l’évolution des relations entre le Département de chimie (devenu UER de chimie en 1970) et l’ENSCL. Il a pris sa retraite en 1987.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Daniel Lusiak

L’entretien a été réalisé le 12 février 2023 par Bernard Belsot et Jean-Pierre Sawerysyn.

Titulaire d’un baccalauréat math élem, Daniel Lusiak s’inscrit au centre universitaire de Valenciennes pour y préparer un DUES (mathématique, physique chimie). C’était l’époque où le centre universitaire, dirigé par Moriamez, était en préfabriqués et ne comportait pas d’amphi. Les TP avaient lieu au lycée Wallon. Il passe avec succès son DUES en deux ans (1966-67). D. Lusiak poursuit ensuite ses études supérieures sur le campus universitaire de Villeneuve d’Ascq. Il y obtient une licence et une maîtrise de sciences physiques (68-71). Puis il décide de préparer un DEA en chimie. Le stage pratique s’effectue au laboratoire de Chimie macromoléculaire dirigé par Claude Loucheux. Finalement peu motivé par les études de laboratoire, il abandonne le DEA pour devenir maître-auxiliaire dans différents établissements de la région. Il regrette de n’avoir rencontré aucun conseiller d’orientation durant toute sa scolarité.

En 1974, l’annonce d’une offre d’emploi diffusée par l’université pour participer à la création d’une cellule d’information et d’orientation (CIO) pour les lycéens provoque un véritable déclic dans sa recherche professionnelle. Au cours de son entretien d’embauche, il propose que chaque étudiant de première année soit reçu individuellement par un conseiller. Cette idée a probablement séduit le jury dont fait partie Michel Migeon, le premier chargé de mission nommé par l’université, puisque c’est lui qui est recruté en mars 74 sur le poste de contractuel. Sa formation est assurée par divers stages effectués à l’ONISEP (Office National d’Information Sur les Enseignements et les Professions), à la CIO de Lille et au Rectorat.  Sous l’impulsion de Migeon, les moyens d’actions de la cellule sont renforcés par le recrutement supplémentaire de personnels sur des fonds accordés par le ministère. Par ailleurs, dans chaque composante, est créée une antenne comprenant un enseignant chargé d’organiser l’information des étudiants intéressés par les enseignements de leur UER, et un personnel administratif dont le rôle est d’assurer une liaison permanente avec la cellule centrale.

Trois ans plus tard (en 77), la cellule devient le Service Universitaire Accueil Information Orientation (SUAIO). Au sein de cette structure, en dehors de la responsabilité administrative, les activités de Daniel Lusiak sont principalement centrées sur la transition Lycée-université (ne sont donc pas développées ici les autres activités du SUAIO, notamment l’aide à l’insertion professionnelle). A ce titre, il rappelle les nombreuses actions mises en place par la CIO, puis le SUAIO. Elles concernent non seulement les élèves de terminale désirant s’inscrire à l’université mais également le système éducatif. Toutes les actions entreprises visent à informer les futurs étudiants sur les formations accessibles en première année, mieux faire connaître l’université et les conditions matérielles de vie sur le campus afin de faciliter leur intégration. Parmi celles-ci, les journées « Portes Ouvertes », le Guide de l’étudiant, les semaines de pré-rentrée, le dossier d’orientation pédagogique (DOP), les Journées de découverte du campus pour des groupes de lycéens de la métropole, les journées d’échanges avec les conseillers et les enseignants de terminale, « Tremplins », etc...

Si toutes ces manifestations et réalisations ont nécessité un investissement important de chaque membre du SUAIO, elles n’ont pas eu lieu sans difficultés. C’est notamment le cas de la mise en place de la réforme des DEUG de 84 et celui de l’organisation des journées « Tremplins ». Concernant ce dernier point, pour le SUAIO, il s’agit de proposer aux lycéens et aux étudiants une information objective, dénuée de tout caractère publicitaire, à la différence d’une société privée dont le but était purement commercial. Par ailleurs, Daniel Lusiak évoque les pérégrinations de la localisation du SUAIO sur le campus. Il a pris sa retraite en 2009.

Au terme de cet entretien, il exprime son entière satisfaction d’avoir côtoyé tous les types d’étudiants durant sa carrière, contribué à l’élaboration du DOP qui a été reconnu et adopté par toutes les universités lilloises, et enfin participé à la mise en place d’une coordination régionale forte des services d’information de l’académie dans les domaines publics et privés, sans laquelle les opérations communes auraient été irréalisables.  

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Bruno MACKE

L’entretien a été réalisé le 14 janvier 2013 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Bruno Macke est diplômé de Supélec et il a passé simultanément une licence de physique à la Sorbonne. Puis il prépare le DEA de physique du solide chez Friedel. Après avoir été recruté pour un an au CNET comme chercheur contractuel pour travailler sur les lasers, il fait un passage au CNRS comme stagiaire, puis il revient à Lille pour des raisons familiales. Il sera alors recruté comme assistant à la Faculté des sciences en 1964.

En recherche, B. Macke étudie des effets non-linéaires dans le domaine microondes. Sa thèse de doctorat d’État, dirigée par Raymond Wertheimer et intitulée « Dispersion et saturation dans les expériences de double résonance », est soutenue en 1970.

Il obtient un poste de Maître de conférences (rang A) en 1974. Il devient Professeur sans chaire en 1979. Il succède à Raymond Wertheimer à la direction du Laboratoire de Spectroscopie Hertzienne (LSH) en 1984.

Bruno Macke se dit très impliqué dans les événements de mai 68. Avant 1968, comme beaucoup, il ne connaît rien de l’organisation et du fonctionnement de la Faculté des sciences, alors aux mains des « mandarins ». Pour lui, le département de Physique, avant 1968, c’était « la réunion des laboratoires des Professeurs titulaires de chaire ». Quant à l’Institut de physique, « c’est un bâtiment qui regroupait physique et radioélectricité ». À cette époque, il n’y avait pas de véritable structure institutionnelle.

B. Macke a été membre des trois premiers Conseils d’université, sous les présidences de R. Defretin, de M. Parreau et de J. Lombard. Il lui semble que les statuts de l’université ont été élaborés avant la mise en place du premier Conseil. Il se souvient de l’attitude de certains mandarins, et notamment de R. Gabillard en larmes au cours de la première réunion du Conseil (10 juin 1968), de Bouriquet et de Tridot opposant une farouche résistance.

L’entretien porte ensuite sur l’éventualité d’une fusion entre la Physique et l’EEA. La loi d’orientation du 12 novembre 1969 conduit à la création des UER et pousse au regroupement des disciplines. Cependant, les rapports entre les gens de la Physique et ceux de l’EEA sont, à cette époque, assez conflictuels du fait de leurs engagements opposés dans les événements de 68, et aussi parce que « les physiciens n’ont pas été corrects vis-à-vis de l’EEA qu’ils voulaient absorber ».

Le dernier point abordé est celui du fonctionnement du LSH et de la crise interne qu’il a traversée au début des années 1970.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Bernard MAITTE

L’entretien a été réalisé en trois fois, en 2013 et 2014, par Francis Meilliez et Chantal Duprez.

Bernard Maitte, né en 1942, devenu assistant en 1966, est d’abord rattaché au secteur de la Géologie. Membre du laboratoire de minéralogie (responsable Jean Prouvost), il s’intéresse à l’histoire de l’optique et de la cristallographie. Il quittera ce laboratoire pour cofonder, au début des années 1980, le Groupe d’histoire des sciences de Lille 1. Il deviendra professeur d’histoire des sciences et d’épistémologie.

B. Maitte est éminemment représentatif du bouillonnement des idées dans le monde estudiantin et universitaire lillois des années 1960 et 1970. Ayant, dès sa jeunesse, assumé des responsabilités et participé à toutes sortes d’activités, notamment syndicales, Maitte est un fin connaisseur du milieu universitaire. Il décrit en détail la vie étudiante à Lille, l’organisation institutionnelle de l’ancienne faculté des sciences, la genèse de la cité scientifique, les événements de 1968 à Lille, la mise en place des structures de cogestion, les actions gauchistes des années 1970, etc., le tout ponctué de savoureuses anecdotes.

La seconde moitié de l’entretien porte sur la genèse et la mise en place d’un centre de culture scientifique et technique. Dès le début des années 1980, Maitte est l’initiateur et le porteur du projet. Il décrit longuement ses multiples interventions auprès des responsables politiques et institutionnels régionaux et nationaux. Avec un tel guide, nous voyons réellement ce qui s’est passé dans les coulisses pour que son projet puisse aboutir à une première concrétisation, l’ALIAS (Association lilloise d’information et d’animation scientifique et culturelle), et, ultérieurement, à ce qui deviendra le Forum des sciences.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Michel MARE

L’entretien a été réalisé le 14 octobre 2022 par Bernard Pourprix.


Michel Mare naît en 1935. Il entre à l’ENSET de Cachan en section D, il en sort en 1961 avec le CAPET de sciences et techniques économiques. Après 18 mois de service militaire, il est nommé professeur au lycée technique de Poligny (Jura). Puis, de 1964 à 1969, il enseigne à Lille au lycée technique Gaston Berger. En septembre 1969, il est mis à la disposition de l’enseignement supérieur à l’IUT A de Lille au département ACPE (administration des collectivités publiques et des entreprises). Ce département, créé en 1967, est bientôt rebaptisé GEA (gestion des entreprises et des administrations).  
Michel Mare reste sur un poste de certifié en GEA jusqu’à sa retraite en octobre 1998. Il enseigne l’économie d’entreprise. Il fait un cours de mathématiques appliquées à l’économie, des mathématiques financières. Au milieu des années 1970, il éprouve le besoin de se perfectionner : il refait une licence complète et il obtient un DEA en 1978.
Michel Mare enseigne aussi à l’ESC, à l’EDHEC et à l’Institut d’expertise comptable de la Catho. Il trouve intéressant de s’adresser à des publics diversifiés et de niveaux différents, notamment les niveaux supérieurs à bac+2. Mais le travail est très prenant (trente heures d’enseignement en moyenne par semaine) et nuit à la qualité des rapports avec les collègues, notamment avec les enseignants-chercheurs, qu’il n’a pas l’occasion de rencontrer.
Michel Mare passe en revue les chefs de département qui se sont succédé à la tête de GEA. C’est d’abord M. Maire, proviseur du lycée Gaston Berger, qui met en place GEA dans son lycée et en assure la direction. Ensuite GEA est installé rue Gauthier de Châtillon à Lille, puis à Villeneuve d’Ascq successivement sur les campus du Pont-de-Bois et de la Cité scientifique.
Michel Mare a été responsable de l’année spéciale en GEA, une formation accélérée sur un an, avec deux options, finance et gestion, ouverte à des étudiants de niveau supérieur au bac. L’ambiance était remarquable ; les étudiants travaillaient ensemble, s’aidaient et se nourrissaient mutuellement grâce à la variété de leurs parcours de formation.

Bernard Pourprix

Entretiens avec des mathématiciens

Les entretiens ont été réalisés entre 2004 et 2009.

Ce document rassemble des notes prises lors d’entretiens avec des collègues mathématiciens entre 2004 et 2009. Il s’agissait alors, pour moi, d’écrire Des mathématiciens à la Faculté des Sciences de Lille. 1854-1971, livre paru en 2009 aux éditions L’Harmattan. Ce livre contient donc une partie de ces conversations. Après parution du livre, certains collègues m’ont fait part de compléments ici ajoutés.

En 2013, il a été décidé, dans le cadre du Groupe mémoire orale (GMO) de l’ASA, d’interroger des témoins des années 1960-80, avec un questionnement qui s’affina peu à peu en direction des formations innovantes et de la structuration de la recherche. Il m’était difficile d’interroger de nouveau ces collègues sur cette période. Il m’a semblé que ces notes (36 pages environ), prises hors du cadre défini en 2013, contribuent cependant à la mémoire orale de l’université.

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Patrick MILLOT

L’entretien a été réalisé le 12 février 2018 par Bernard Pourprix, accompagné de Jean-Charles Fiorot.

Après l’obtention de son DEA en 1976 au laboratoire d’automatique de Pierre Vidal à l’USTL, Patrick Millot (PM) effectue toute sa carrière universitaire à Valenciennes. C’est en 1978 que le CSU, antenne de Lille mise en place par Michel Moriamez, devient université de plein exercice. PM décrit par le menu la genèse et le développement de la jeune université, prompte à s’émanciper de la tutelle lilloise. L’entretien permet de saisir "l’esprit de Valenciennes", bien résumé par la formule : « on est petits, on est récents, on ne peut pas être en concurrence avec Lille, donc on doit être originaux ».

La création de l’université de Valenciennes répond à la volonté politique de former des cadres intermédiaires dans ce bassin d’emploi. Les étudiants, de condition modeste, ont envie de s’en sortir ; ils ont un peu le même esprit pionnier que leurs maîtres. PM décrit la mise en place progressive d’enseignements dans la plupart des secteurs de sciences dures et sciences humaines (sauf biologie et médecine). C’est en 1980 que la formation bac+5 en Sciences, techniques et méthodes de l’ingénieur (STM) est transformée en ENSI de Mécanique et Energétique de Valenciennes (ENSIMEV). PM évoque les confrontations d’egos entre le directeur de l’ENSI et le président Malvache. D’ailleurs, la totalité de l’entretien est ponctuée d’intéressantes anecdotes.

Aux yeux de PM, c’est Noël Malvache qui est la personnalité vraiment marquante, à la fois comme fondateur et directeur du laboratoire d’automatique industrielle et humaine (LAIH), et comme président de l’université (1979-1986). Avec l’appui de Vidal, Malvache est le précurseur, en France, d’une branche de l’automatique complètement originale à l’époque (un courant qui venait des Etats-Unis) : la modélisation de l’activité humaine dans les systèmes, le système homme-machine, l’humain dans la boucle. Le LAIH est devenu LAMIH (Laboratoire d’automatique, de mécanique et d’informatique industrielles et humaines). Patrick Millot en a été directeur jusque fin 2005, puis il a été vice-président de l’université en charge de la recherche. "L’esprit de Valenciennes", qui a animé les pionniers, est encore vivant aujourd’hui, comme en témoigne le projet d’INSA dans le cadre de l’Université Polytechnique des Hauts-de-France (UPHF).

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Laure et Raymond MOCHÉ

L’entretien a été réalisé le 22 septembre 2017 par Jean-Pierre Sawerysyn.

Laure Moché

Sortie de l’ENS de Sèvres en 1963, Laure Moché a été recrutée par Michel Parreau à la Faculté des sciences de Lille. Elle débuta son enseignement des mathématiques Place Philippe Lebon avant d’aller à Villeneuve d’Ascq. A son retour du Portugal en 1979, on lui attribua l’enseignement des mathématiques en DEUG alterné 2ème année. Dans le cadre de cet enseignement, elle pratiqua une pédagogie personnalisée basée sur l’exploitation de documents intégrant cours et TD qu’elle avait elle-même élaborés. Ses étudiants obtenaient des résultats remarquables et remarqués aux examens. En 1983-84, elle accepta de prendre la responsabilité de la 2ème année du DEUG alterné, responsabilité qu’elle conservera jusqu’à la disparition du DEUG alterné en 1997-98. En tant que responsable de cette 2ème année, elle constata une nette dégradation au cours des années dans la motivation des étudiants. Elle observa la même évolution dans d’autres filières.

Raymond Moché

Formé à l’Ecole Normale d’Instituteurs de Douai, puis à l’ENS de Saint-Cloud (1962-66), Raymond Moché enseigna pendant un an au lycée d’État d’Amiens (1966-67). Il a été ensuite recruté au Laboratoire de calcul de Lille par Pierre Bacchus et Pierre Pouzet. Après l’obtention de sa thèse d’État en 1977, il est parti enseigner pendant deux ans à l’université de Coïmbra (Portugal). De retour à Lille, il est nommé professeur de Calcul des probabilités. De 2000 à 2002, il a également enseigné à l’université francophone de Galatasaray à Istanbul (Turquie). Il a pris sa retraite en 2007. À l’USTL, R. Moché a joué un rôle déterminant dans la création du DEUG MISS (Mathématiques, informatique, sciences sociales), l’ancêtre de l’actuel DEUG MASS. Le DEUG MISS était destiné aux étudiants rebutés par la physique mais qui étaient suffisamment bons en mathématiques pour entreprendre des études en économie quantitative. Ce DEUG se distinguait des autres DEUG par son mode d’inscription basé sur une présélection des étudiants.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Alain MOÏSES

L’entretien a été réalisé par Bernard Pourprix et Jean-Pierre Sawerysyn en mars 2015.

Alain Moïses a vécu à Roubaix. Après un Certificat d’études primaires, il entre en 5ème au lycée technique Turgot. Tout en préparant des diplômes professionnels, il obtient un Bac technique en 1958. Il aurait souhaité faire médecine mais, vu son parcours antérieur, c’était trop long. Il s’inscrit donc en Mathématiques Générales à la Faculté des sciences de Lille. Ensuite, il y prépare les certificats de licence de physique.

Etant attiré vers la recherche, il se voit proposer en 1962-63 un poste d’assistant délégué à la Faculté de médecine. Il est assistant une année en médecine pour y enseigner la physique. Puis le doyen Roig lui propose un poste d’assistant en Physique à la Faculté des sciences. Fin 1966, toujours stagiaire au bout de trois ans, il a un entretien avec Roig, et il est alors nommé maître-assistant stagiaire en 1967.

Il commence à travailler en recherche à l’Institut de Physique à Lille avec R. Wertheimer en spectroscopie hertzienne. Il passe un DEA d’optique mention « spectroscopie hertzienne » en 1966, puis il soutient une thèse de troisième cycle en 1967, sous la direction d’Agnès Bauer.

Il décrit ensuite sa vision des événements de mai 1968 à Annappes.

Après le déménagement de Lille à Annappes, il a changé d’orientation en recherche en travaillant sur les ondes hétérogènes dans le domaine hertzien, en physique des stases anisotropes, labo que Jean Billard commençait à développer à Lille1. Ayant rencontré d’énormes difficultés dans la mise au point de ses expériences, il a préféré mettre un terme à son activité de recherche en 1985 pour se consacrer pleinement à ses activités d’enseignement et d’administration.

Alain Moïses a assumé de nombreuses responsabilités administratives. En 1985, il a pris la direction de l’UFR de physique, qu’il a quittée en 1987 pour se consacrer à ses fonctions de Vice-Président de l’université, chargé des bâtiments et de la logistique, sous la présidence d’Alain Dubrulle.

Alain Moïses présente ensuite toutes les réalisations, en termes de nouvelles constructions, qu’il a conduites dans le cadre du plan Université 2000. Il explique pourquoi et comment il a créé la direction de la logistique en étant parfois en opposition avec le secrétaire général de l’époque. Il a poursuivi son action sous les présidences de P. Louis et de J. Duveau.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Yvonne MOUNIER

L’entretien a été réalisé le 23 novembre 2016 par Bernard Pourprix.

Yvonne Mounier (YM) obtient une licence de chimie-physiologie à Orsay en 1965, puis un DES en physiologie au laboratoire d’Edouard Coraboeuf. Elle explique comment elle est recrutée à Lille en 1967 et pourquoi elle devient l’assistante de Pierre Guilbaut au CSU d’Amiens. Elle parle de ses activités d’enseignement les plus originales : le DEUG par unités capitalisables à Villeneuve d’Ascq et la délocalisation du DEUG B à Calais.

Son activité de recherche, à l’origine, porte sur le fonctionnement des cellules musculaires excitables. YM entretient une collaboration étroite avec le CNES, dans le but d’étudier notamment l’atrophie musculaire des cosmonautes.

YM conserve une activité de recherche en même temps qu’elle assume d’importantes responsabilités dans toutes les équipes de direction de l’université à partir de 1974. Elle devient vice-présidente chargée de la recherche à partir de 1987. Elle est donc bien placée pour parler de la structuration de notre université en matière de recherche.

Elle entend suggérer, à coups d’aperçus partiels (le travail dans la cellule de recherche, la mise en œuvre de la politique ministérielle des plans quadriennaux, les regroupements d’équipes et la préparation des contrats de plan Etat-Région, entre autres) et de questions transversales (la volonté politique qui sous-tend les projets et les réalisations), une vision d’ensemble qui ne soit pas trop incomplète du travail réalisé par les équipes de direction successives de l’USTL en ce qui concerne la recherche.

Pour terminer l’entretien, Yvonne parle de son engagement politique au Conseil régional.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jacques PAQUET

Lentretien a été réalisé en mars 2015 par Jacques Crampon.

Après des études secondaires au lycée Faidherbe de Lille, Jacques Paquet (JP) a été le deuxième « Ipésien » en Sc. Nat. de la Faculté des Sciences de l’Université de Lille en 1957-58. Il avait obtenu sa licence (3 certificats principaux) en un an en demandant une dérogation au ministère. Alors qu’il n’avait que 20 ans, il a été recruté comme assistant délégué en 1958 pour faire les TPS de la chaire de géologie du Pr. G. Waterlot. Tout en préparant un D.E.S., il a été détaché pendant un an et demi dans une des filiales de la S.N.P.A. (Soc. Nat. des Pétroles d’Aquitaine), où il s’est retrouvé en Ardèche au milieu d’une équipe de géologues pétroliers. En 1960, après son D.E.S., il est rentré dans un labo parisien de Géologie de la Méditerranée. C’est sous la direction du Pr. M. Durand Delga qu’il a soutenu sa thèse d’Etat, le 4 novembre 1967, dans la salle du conseil toute neuve du bâtiment A3 de la cité scientifique, sur l’étude géologique de l’Ouest de la Province de Murcie (Espagne). Il est alors maître-assistant.

À cette époque, JP est un électron libre car il n’a pas de référent scientifique en Sci. Nat. à Lille. Par ailleurs, son labo parisien ne peut plus le soutenir financièrement. Il est inscrit sur les deux listes de qualification (large et restreinte) pour devenir Professeur (on dit Maître de Conférences à l’époque).

JP a participé aux événements de mai 68 et aux bouleversements qui ont suivi. Il en parle largement. « Il y avait le Conseil d'Université qui comportait les Professeurs avec chaire, on l’avait juste étendu aux Professeurs sans chaire, je ne sais pas si c'était le pressentiment de 68, mais ils étaient toujours entre eux, et bien sûr 68 est arrivé, avec le grand bouleversement. Et là on ne savait plus très bien, je dirais ce qui se passait, puisque les structures anciennes ne gouvernaient plus. Et c'est là que tous ensemble on a vécu les événements de 68 et j'ai été parmi, je dirais cette fois-ci, les enseignants titulaires qui sont allés virer le Conseil d'Université « manu militari », ça les jeunes actuellement ne s'en aperçoivent pas. Nous avions été mis à l'écart depuis un siècle ! Là, on est rentré « manu militari » devant les membres du Conseil, on ne les a pas molestés, on a enlevé des tables et des chaises, ils ne pouvaient plus se réunir. Ce fut déjà la révolution bon enfant. »

L’année 1969 a été décisive pour JP. Après la non création d’un INSA à Lille, la décision a été prise par l’Université de créer, en lien avec le monde économique régional, un nouveau département d’enseignement sur le campus de la cité scientifique : le Département de Sciences Appliquées.  Ce département et ses maîtrises de sciences et techniques (MST) ont précédé la création de l’EUDIL. Les UFR ont proposé des programmes d’enseignement et des enseignants qui ont mis en œuvre un certain nombre de filières (technico-commercial ; informatique, mesure et automatisme ; sciences des matériaux) qui ont été institutionnalisées lors d’une réunion avec le recteur Debeyre. Il est apparu que le jour de la finalisation des filières, celle de géotechnique, proche de la fédération du BTP, ne pouvait pas être représentée par le Pr. A. Bonte, Ingénieur IDN.  C’est donc JP qui a participé en juin 1969 à la réunion de finalisation et qui a proposé la création de la filière génie civil. À la rentrée d’octobre 1969, JP a été nommé Maître de Conférences de géotechnique (Pr. actuellement) pour mettre en place cet enseignement.

Dans le sillage de la création du Département de Sciences Appliquées, puis de l’EUDIL, JP a participé à l’essor régional de la géotechnique et du génie civil : à l’IDN (actuelle Centrale Lille), à l’École des Mines de Douai, à l’IUT de Béthune, en relation avec le Pr. Kelvinias des Arts et Métiers, spécialiste des structures et du calcul aux éléments finis, et avec l’appui de la fédération du bâtiment et des travaux publics.

Jusqu’aux années 1973-74, JP a consolidé le département de Génie civil et son équipe de Géotechnique à l’EUDIL. La difficulté, à l’époque, c’est qu’on ne peut pas faire de recherche à l’EUDIL. La recherche doit se faire dans les UFR mères de l’EUDIL : l’UFR de Physique, l’UFR d’IEEA, l’UFR des Sciences de la Terre, etc. JP a pris des élèves en thèse : Bruno Duthoit, Robert Hazebrouck. Après avoir recruté comme enseignant P. Debrabant (Pr. de géochimie), son premier recrutement structurant pour son embryon de Laboratoire de Mécanique des Roches est Jean-Pierre Henry, Ingénieur des Arts et Métiers, agrégé de mécanique, détaché à l’EUDIL. Il deviendra maître-assistant, puis fera une thèse d’État sur la mécanique des roches avant de passer Pr. à l’EUDIL.

Après la création du Département de Sciences Appliquées, puis de la MST de Sciences des Matériaux, des chercheurs du Laboratoire des Défauts de l’État Solide (ERA-CNRS 374), de l’UFR de Physique Fondamentale située au P5, y enseignent ou y sont nommés : B. Escaig, J.C. Doukhan, G. Vanderschaeve, et N. Doukhan. Des liens se tissent entre ces chercheurs et ceux de la filière Géotechnique-Génie civil dirigée par JP. Rapidement, il apparaît que pour développer les recherches dans le domaine des matériaux, au sein d’une unité de recherche compétitive et bien équipée en matériel, les deux structures : Labo des Défauts dans les solides (ERA-CNRS 374) et Labo de Mécanique des Roches, sont trop petites. C’est ainsi que JP a accompagné B. Escaig, de 1973 à 1975, dans le projet de création d’un Laboratoire Associé au CNRS capable d’un tel développement.

Le Laboratoire de Structure et Propriétés de l’État Solide (LSPES) a été créé et labellisé Laboratoire Associé au CNRS (LA-234) le 1er janvier 1975. Le contrat d’association est quadriennal. Après un certain nombre d’hésitations, le laboratoire s’installera dans un bâtiment de chimie, au C6. Le déménagement des physiciens du P5 au C6 aura duré près d’un an. L’équipe de JP se renforce de Francis Meilliez, nommé assistant à l’EUDIL et membre du LSPES jusqu’en 1979, de J.P. Tancrez (P.T.A. Ensam) et de Ph. François (IR-CNRS). Au cours de la première période d’association, JP est nommé Pr. de Géologie Appliquée à l’UFR de Sciences de la Terre. Il est de retour statutairement dans son UFR d’origine, mais son équipe de recherche est restée en grande partie à l’EUDIL tandis que lui-même est au C6. En juillet 1976, l’organisation scientifique du LSPES est fondée sur quatre objectifs de recherche dont J. Paquet et J.C. Doukhan animent celui dénommé : Tectonophysique et Métallurgie physique des minéraux.

Par la suite, J. Paquet se retirera du LSPES pour recentrer son activité sur l’UFR des Sciences de la Terre, dont il assurera deux directions (en 1985 et en 1993). Avec Jean Dercourt, il participera à la mise en place localement de la MAFPEN (Mission Académique de Formation des Professeurs de l’Éducation Nationale). De 1982 à 1998, cette mission académique sera le prototype de ce qu’il fallait faire : la fusion des structures de formation initiale et continue. C’était en quelque sorte la partie formation continue des IUFM, qui ont été mis en place plus tard.

Jacques Paquet prendra sa retraite en 1998.

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Didier Paris

L’entretien a été réalisé le 1er décembre 2022 par Alain Barré et Francis Gugenheim

Didier Paris, né en 1955, a passé sa jeunesse à Condé-sur-l’Escaut, où il a effectué ses études primaires et secondaires. Il obtient le baccalauréat en 1972 et, passionné par l’aménagement du territoire, il entreprend des études de Géographie à l’Université de Lille 1. Après sa maîtrise de Géographie (1976), il décide de passer les concours de recrutement et est admis, en 1978, à l’agrégation de Géographie (3e). Il effectue son service national en 1978-79, puis il accomplit son stage d’agrégation à Grenoble et démarre son enseignement en collège dans cette même agglomération.
Souhaitant entreprendre une thèse de géographie sur le Nord de la France, il décide de revenir dans l’académie de Lille en 1981 et obtient un poste en collège à Wattrelos. En 1983, il est recruté comme assistant en Géographie à Lille 1 et dépose un sujet de thèse avec Michel Bonneau. La réforme Savary de 1984 l’incite à opter pour une « nouvelle thèse », qu’il soutient en 1985. Puis, sous la direction de Pierre-Jean Thumerelle, il passe une HDR en 1992. Il est nommé professeur de Géographie à l’Université d’Artois en 1993.
Il revient à Lille en 1995 ; mais, qualifié en 24ème section (Aménagement et Urbanisme), le poste obtenu prévoyait de développer une formation d’urbanisme à Lille. En 1997, il crée le DESS « Ville et Projet ». De 1998 à 2001, il dirige l’UFR de Géographie de Lille 1. Puis, il porte le projet pour le nouveau Master « Aménagement et Développement des territoires ». En 2006, il crée le laboratoire TVES (Territoires, Villes, Environnement et Sociétés) regroupant les laboratoires de géographie de Lille 1. En 2010, il pilote l’élargissement de ce laboratoire avec une équipe dunkerquoise. Dans les formations qu’il dirige, il a toujours veillé à associer des professionnels aux enseignements et à organiser des cursus comportant des ateliers d’études et des stages, plaçant ainsi les étudiants dans les conditions de leurs futurs emplois. 
En dehors de l’université, Didier Paris noue de nombreux contacts avec les milieux professionnels de l’urbanisme. Ainsi, de 2008 à 2012, il assure la présidence de l’APERAU  internationale (Association pour la Promotion et l’Enseignement de la Recherche en Aménagement et Urbanisme). Il est également membre du Conseil de Ia Métropole de Lille depuis 2005 et en assure la présidence de 2008 à 2014.
Bien entendu, toute sa carrière s’est accompagnée de publications, de participations à des colloques et de multiples voyages d’études.
 

Alain Barré
 

Résumé de l’entretien avec Jeanne PARREAU

L’entretien a été réalisé le 15 septembre 2017 par Jean-Pierre Sawerysyn.

Jeanne PARREAU est née en 1937. Professeure agrégée du secondaire en mathématiques, elle fut détachée sur un poste d’assistant en 1962 à la Faculté des sciences de Lille. Elle fut par la suite nommée maître-assistante (MA), puis maître de conférences lors de la disparition du corps des MA. Elle consacra toute sa carrière d’enseignant-chercheur à l’enseignement et aux questions que son exercice soulève.

Au début des années 60, elle participa à la première expérience d’un enseignement par correspondance mis en place par Michel Parreau en propédeutiques pour permettre aux étudiants salariés inscrits à l’université, qui ne pouvaient pas assister aux cours et TD, de poursuivre leurs études. De même, son intérêt porté aux innovations pédagogiques la conduisit à enseigner aux DEUG par unités capitalisables, aux DEUG des instituteurs, au DEUG A personnalisé et au DEUG MISS (Mathématiques, Informatique, Sciences Sociales).

De 1982 à 1992, elle assura à mi-temps la direction du SUAIO (Service Universitaire d’Accueil, d’Information et d’Orientation). A partir de cette période, elle préconisa la possibilité de stages en entreprise pour tous les étudiants de l’université au moins une fois dans leur cursus universitaire avec validation du stage dans leur diplôme. En 1984, la loi « Savary » cristallisa les réflexions sur l’inadéquation des enseignements de DEUG à la réalité des flux croissants de bacheliers entrant à l’université sans projet précis. S’appuyant sur l’expérience acquise par le SUAIO, elle favorisa trois expérimentations : un dossier d’entrée à l’université pour chaque bachelier devant le guider pour son premier choix de filière, une semestrialisation généralisée des DEUG avec changement d’orientation possible entre les DEUG, et la création de formations professionnelles courtes, les DEUST (Diplôme d’Etudes Universitaires Scientifiques et Techniques). Certains aspects furent abandonnés avant que la semestrialisation ne s’installât partout au cours des années 90.

Enfin, elle évoqua son vécu des événements de mai 1968 à Lille, et à Paris où elle se rendit en tant que secrétaire de la section locale du SNESup. Ce fut l’occasion pour Jeanne Parreau de fournir une analyse politique de cette période agitée. Elle a pris sa retraite en 1997.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Pierre PERROT

L’entretien a été réalisé le 7 juin 2013 par Jean-Pierre Sawerysyn.

Pierre Perrot est né le 6 février 1939 à Paris (XIVe). En 1966, il soutient à Nancy une thèse d’Etat consacrée à la minette de Lorraine. Il quitte Nancy comme chargé de recherche au CNRS pour intégrer le laboratoire de chimie minérale appliquée dirigé par Gabriel Tridot à Lille.

Il est nommé en 1971 sur un poste de maître de conférences à l’UER de Chimie mais il enseigne également à l’Ecole de Chimie. Côtoyant les problèmes générés par l’éviction de Tridot comme directeur de l’ENSCL, il préfère intégrer le laboratoire de métallurgie de Jacques Foct, qui avait succédé à Montariol décédé.

En tant qu’enseignant, il s’investit dans le 1er cycle. Sur proposition de Michel Migeon, qui était alors Vice-président de l’université chargé des études, il accepte de remplacer Jean Schiltz malade, comme président de jury du DEUG A 1ère année. Il a dû assumer seul cette lourde charge, sans l’aide d’un secrétariat pédagogique. Il garde cette responsabilité pendant neuf ans jusqu’à ce qu’il soit élu directeur de l’UER de chimie en 1982.

C’est l’occasion pour P. Perrot de livrer, non sans malice, quelques anecdotes inédites sur le fonctionnement interne de l’UER de chimie et la notation du personnel des laboratoires.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Bernard PINCHEMEL

L’entretien a été réalisé le 12 octobre 2022 par Bernard Pourprix et Jean-Pierre Sawerysyn.


Bernard Pinchemel (BP) est un physicien recruté en 1973 sur un poste d’assistant au département Génie mécanique (GM) de l’IUT A de Lille. Il devient maître de conférences, puis professeur des universités. Il enseigne pendant quarante ans dans le même département et, parallèlement, il effectue ses recherches au laboratoire PhLAM (Physique des Lasers, Atomes et Molécules) de l’université Lille 1, laboratoire ainsi nommé depuis 1998.
Le département GM ouvre en 1973 au Recueil, où est situé aussi le département Chimie. BP explique pourquoi ces deux départements sont à orientation textile et il expose les problèmes rencontrés au démarrage, tant par les enseignants que par les étudiants.
BP rappelle le problème du blocage de carrière de nombreux assistants au début des années 1980. Il est dans cette situation. Bien qu’inscrits sur la LAFMA (liste d’aptitude aux fonctions de maître-assistant), ils restent assistants par manque de création de postes de maîtres-assistants. BP décrit les actions menées contre ce blocage.
Ce qui fait la spécificité de la formation au département GM, c’est la conception et la fabrication mécanique. L’atelier doit être doté de moyens matériels conséquents. Les enseignants doivent évoluer et se former sur le tas. La conception et la mise en place de formations nouvelles, telles les trois licences professionnelles, et notamment "Ecoconception des produits innovants", est une lourde charge. La coexistence de la recherche et de l’enseignement est évoquée. 
BP voit se succéder de nombreux chefs de département, depuis Yves Guégan jusqu’à Jean-Paul Bernard, en passant par Jacques Foct, Roger Desjardins, Claude Crincket et Michel Reghem, entre autres. Il illustre ses propos avec des anecdotes savoureuses sur ses collègues ou sur les étudiants.
BP est très attentif au suivi des étudiants. La diversité des origines scolaires au sein d’une promotion (les uns effrayés par les machines, d’autres par la théorie) est parfois difficile à gérer. A la création de l’IUT, la grande majorité des étudiants diplômés entrent dans la vie active ; au fil du temps, le nombre de poursuites d’études après l’IUT augmente considérablement.
Le style direct de la transcription donne un texte vivant, fidèle à la personnalité du locuteur.

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Maurice PORCHET

L’entretien a été réalisé le 19 octobre 2016 par Bernard Pourprix et Georges Salmer.

Maurice Porchet (MP) a préparé une licence de sciences naturelles à la faculté des sciences de Lille au début des années 1960. A l’issue de la licence, Maurice Durchon, professeur de biologie, lui a proposé à la fois un poste d’assistant et la préparation d’une thèse dans son laboratoire. Sa thèse a porté sur l’isolement d’hormones très primitives, sujet qu’il a continué à développer au sein du même laboratoire, y compris quand il en a été le directeur.

D’après MP, le professeur Durchon a été l’initiateur d’une évolution importante de la biologie à Lille qui, à l’époque où il a fait sa licence, était très marquée par le naturalisme et l’observation classique. Maurice Durchon a promu le développement de l’expérimentation et l’utilisation d’outils nouveaux, voie qui s’est développée avec l’arrivée de Jean Montreuil en biochimie. Ces deux laboratoires de biologie animale et de biochimie, tous deux associés au CNRS, étaient en 1980 les deux «locomotives» du secteur. MP a souligné aussi l’importance du développement de la biologie moléculaire sous l’influence de l’Institut Pasteur et son regret du positionnement de l’Institut de biologie de Lille, laboratoire propre du CNRS, coupé de l’université. Il estime toutefois que le CNRS a une importance primordiale comme évaluateur privilégié de l’activité des laboratoires de recherche et comme soutien à leur développement.

MP a connu les évolutions structurelles du domaine de la biologie avec la création du département, de l’UER puis de l’UFR de Biologie, et celles des conditions d’enseignement : introduction des TD en 1968, puis massification des effectifs (1000 étudiants en DEUG en 1980). Il a été le responsable d’un DESS, où la biologie moléculaire prenait une grande place et qui lui a valu beaucoup de satisfactions, tant de la part des étudiants que de leurs employeurs.

 

Georges Salmer

Résumé de l'entretien avec Ladislas RACZY

L’entretien a été réalisé le 2 mars 2015 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Ladislas Raczy (LR) a obtenu la licence ès sciences physiques, incluant le certificat d’électronique, à la Faculté des sciences de Lille en 1958. André Lebrun lui a alors proposé un poste d’assistant et la préparation d’un DES. LR a assuré les enseignements d’électronique en licence. Il a préparé une thèse en spectrométrie diélectrique appliquée à la connaissance des interactions moléculaires dans les liquides, principalement les acides et les alcools, sous la direction d’Eugène Constant. Pour sa thèse, soutenue en1966, il a mis en œuvre de nouvelles techniques résultant de l’utilisation des ondes millimétriques.

Maître de conférences à Valenciennes en 1967, il est de retour à Lille en 1969 et il y fera toute sa carrière. Il a enseigné la physique en DEUG et l’électronique en licence et maîtrise. Parallèlement, à la demande d’André Lebrun, il a pris une part importante au développement des enseignements d’électronique du Centre Associé au CNAM.

LR a assumé des responsabilités importantes au sein de l’université ; entre autres, il a été responsable de la filière IMA de l’EUDIL, il a été directeur de l’UER d’IEEA et il a participé activement à de nombreux Conseils. Il a pris une part déterminante dans le lancement de la filière Télécommunications au sein de l’université, avec ses différentes composantes, licence, DESS et Ecole d’Ingénieurs. Il a largement contribué au développement des relations internationales de l’université, en particulier avec la Pologne.

Après sa thèse, son activité de recherche au sein du Centre Hyperfréquences et Semi-conducteurs a d’abord été centrée sur les semi-conducteurs amorphes et cristallins, puis elle a évolué vers les études électromagnétiques des lignes micro-ondes. Grâce à ses excellentes relations industrielles, en particulier avec IBM, le laboratoire a pu acquérir dans d’excellentes conditions de nombreux matériels pour l’élaboration de composants électroniques, base de la Centrale de Technologie. Dans ce cadre, il a eu en charge plus particulièrement un ensemble d’épitaxie par jet moléculaire acquis en 1985.

C’est donc tout naturellement qu’il s’est vu confier, à la fin des années 80, la responsabilité du Pôle Nord-Pas de Calais de formation en microélectronique avec la dotation de moyens technologiques spécifiques à l’enseignement. Au plan national, il a été vice-président du Club des enseignants EEA et membre du CNU pendant huit ans. A la fin de sa carrière, il a été responsable du Centre régional d’Initiation à l’Enseignement Supérieur.

 

Georges Salmer

Résumé de l’entretien avec Marie-Cécile RIEDI

L’entretien a été réalisé le 25 mars 2016 par Yvonne Mounier et Marie-Thérèse Pourprix.

Marie-Cécile Riedi, née en 1951, est arrivée dans les services de l’Université à sa création, elle y a fait toute sa carrière et y a rempli des fonctions administratives de haut niveau.

Elle décrit ses études qui l’amènent à passer les concours d’administration et d’intendance et à être nommée en 1972 au service des IPES, sis au M1, où règne Madame Faille sous la direction de Marcel Decuyper puis d’Alain Dubrulle. Les IPES s’arrêtent en 1979 et Marie-Cécile Riedi est rattachée au service équipement, moyens, recherche et relations internationales, sis au A3 (dit « Le Château »), sous la direction du secrétariat général dirigé par Stanislas Kubiak, Michel Migeon étant alors Président. Il s’agit pour ce service de répartir dans les composantes et les équipes de recherche, sur des critères établis par le secrétaire général, les crédits de recherche et d’enseignement (EJ et CJ) attribués par le ministère.

Aux environs de 1982, Marie-Cécile Riedi a son troisième enfant, réussit le concours d’attachée, et obtient le poste de secrétaire général adjoint laissé par Edmond Scheibling parti en retraite. Le ministère instaure, à cette époque, les plans pluriannuels pour l’attribution des moyens financiers et humains. Pour répondre à cette évolution, le Président Jean Cortois crée des « cellules » qui remplacent certains services administratifs. Ces cellules contribuent à faire évoluer la façon de travailler au A3 pour s’adapter aux demandes et impératifs internes et ministériels.

Les relations internationales et la recherche se séparent au niveau de leur gestion en 1985. Marie-Cécile Riedi est ainsi amenée à travailler, dans la cellule recherche, au sein d’une petite équipe comprenant, entre autres, Jean Bourgain et Claude Nodot, à l’élaboration de projets, à l’étude de leur faisabilité, à la valorisation de la recherche (brevets), ceci en étroite collaboration avec les présidents (Jean Cortois, Alain Dubrulle) et les vice-présidents (Yvonne Mounier, Jean Bellet, Georges Salmer).

Le retard régional en matière d’encadrement scientifique et le rôle de l’environnement politique apparaissent à travers les relations avec le CNRS régional longtemps inexistant et le fiasco de grands projets d’équipements (Synchrotron, Soleil). Les délocalisations, la place des femmes à Lille 1 sont bien évidemment aussi évoquées.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé du premier entretien avec Arsène RISBOURG

L’entretien a été réalisé le 22 juin 2015 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Issu d’une famille d’agriculteurs de l’Aisne, Arsène Risbourg (A.R.) effectue sa scolarité dans l’enseignement technique tout en participant aux travaux de la ferme familiale et il obtient le baccalauréat Mathématiques et Techniques en 1949. L’année suivante, il suit une formation de "conducteur radioélectricien" qui, à l’époque, fait partie de la palette originale des enseignements dispensés dans le cadre de l’Institut Radiotechnique de la Faculté des sciences de Lille. C’est pour lui l’occasion de faire la connaissance de deux enseignants qui le marquent profondément : Robert Liébaert et André Lebrun. Voulant poursuivre ses études dans le domaine de l’électricité, il reprend, alors, un cursus complet universitaire et il obtient en 1953 une licence de physique comportant notamment des certificats d’électrotechnique et de radioélectricité.

Remarqué par le Professeur Roig, "patron" du secteur Physique de la Faculté des sciences de Lille, il est embauché comme assistant délégué et fait son apprentissage d’enseignant tout en passant un Diplôme d’Etudes Supérieures. De 1955 à 1957, il effectue son service militaire dans la spécialité Radar en tant qu’élève officier de marine. Après quoi, redevenu assistant, il a la possibilité de rejoindre l’Institut Radiotechnique et désormais toute la suite de sa carrière va s’effectuer au côté d’André Lebrun, dans le service d’Electronique du secteur EEA. C’est à partir de là qu’il aura l’occasion de se consacrer à une question qui lui tient particulièrement à cœur : l’ouverture de notre université aux catégories spéciales d’étudiants, dont celle des DUT et BTS. Son action pour organiser tout ce secteur va se révéler essentielle (voir 2ème entretien du 16/02/2018).

Outre le témoignage d’un parcours personnel qui a guidé la majeure partie de son engagement au service des autres, A.R. délivre aussi dans le présent entretien un témoignage également très intéressant sur ce qu’a été à Lille la période charnière du début des années 60 où a commencé à s’effectuer la mutation des disciplines universitaires gravitant autour de l’électricité. En effet, il a été l’une des rares personnes à avoir connu de près à la fois les grands anciens de l’organisation traditionnellement constituée en Institut Radiotechnique et Institut Electromécanique et les nouveaux venus qui, avec le vent de la modernité, allaient insuffler la création de l’entité EEA (Electronique, Electrotechnique, Automatique), et aussi, après 1968 et l’adjonction de la toute récente discipline Informatique, le regroupement dans l’entité IEEA. De tout cette période de mutation, A.R. nous livre une vision très personnelle où Robert Gabillard, auréolé de ses premières armes parisiennes et genevoises, tient une place prépondérante. Et, pour tous ceux d’entre nous ne connaissant que très peu les grands anciens, c’est par une très humaine galerie de portraits que A.R. achève cette évocation, mettant tour à tour en scène : Edmond Rouelle, Roger Arnoult, Roger Dehors, Marius Panet, Christian Maizières et Guy Séguier.

 

Yves Crosnier

Résumé du deuxième entretien avec Arsène RISBOURG

Ce deuxième entretien a été réalisé le 16 février 2018 par Yves Crosnier et Jean-Pierre Sawerysyn.

Ce deuxième entretien avec Arsène Risbourg (A.R.), après celui du 22 juin 2015, a eu pour unique objectif de parler du DEUG A’2, cet aménagement du DEUG A spécialement créé par notre université pour les étudiants venant de BTS ou DUT et désirant poursuivre leurs études en Faculté. Très sensible aux difficultés de ces étudiants pour avoir lui-même vécu, au début des années 50, un parcours d’études supérieures assez similaire, A.R. a témoigné d’une profonde empathie à leur égard au cours de toute sa carrière. C’est ainsi que, dès la promulgation en 1967 et 1968 des décrets concernant les poursuites d’études après l’obtention d’un DUT ou d’un BTS, il s’implique fortement dans l’organisation et le fonctionnement de la commission d’admission spécialement créée pour l’orientation de ces étudiants. Au tout début, il est épaulé dans cette tâche par André Lebrun. Celui-ci est alors en responsabilité des enseignements de la Faculté en tant qu’assesseur du doyen Defretin et, par ailleurs, il est personnellement concerné par ces décrets de poursuite d’études puisque son propre service, l’Institut Radiotechnique, assure de longue date une formation de techniciens en électronique, laquelle vient de se transformer en département d’IUT.

Pour ces étudiants titulaires d’un DUT ou d’un BTS, la règle fixée en interne est d’admettre directement les meilleurs d’entre eux en licence, de demander aux plus faibles de refaire entièrement le DEUG A et d’imposer aux étudiants de niveau moyen de faire une année complémentaire de rattrapage, comportant notamment des mathématiques. C’est cette année complémentaire qui constitue ce qui va s’appeler le DEUG A’2. Lors de l’année de création de la commission, en 1968, les dossiers des postulants viennent principalement de la région Nord-Pas de Calais. Ensuite, ils viendront de partout mais le nombre d’inscrits dans ce DEUG A’2 ne dépassera jamais la centaine. Au cours de son existence, le DEUG A’2 en viendra à comporter deux options appelées MPC (Math, Physique, Chimie) et CCM (Calcul et Construction Mécanique). Sans enseigner personnellement dans le DEUG A’2, A.R. a cependant eu un rôle très étendu en contribuant de façon permanente au suivi de nombre de ces étudiants tout au long de leurs parcours d’études supérieures. Il a ainsi été témoin de brillantes réussites telles que Supélec, agrégation, doctorat.

De plus, quelques années après le début de cette première expérience dans l’orientation des étudiants "hors normes", A.R. sera sollicité pour étendre ses responsabilités, et c’est ainsi qu’il s’occupera également de la Commission générale des dispenses et de la Commission dite des préparationnaires (étudiants se réorientant à l’issue de la "taupe"). L’ensemble de ces tâches sera l’objet de son attention permanente jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite en 1990.

 

Yves Crosnier

Résumé de l’entretien avec Monique et Claude ROUSSEAU

L’entretien a été réalisé le 25 novembre 2014 par Bernard Pourprix.

Monique (MR) et Claude Rousseau (CR) effectuent toute leur carrière au département Chimie de l’IUT A de Lille. Ce département est créé en 1970, suite à une demande des industries textiles. En 1973, il déménage au Recueil, où devait être construit un complexe de chimie textile. Monique en est la première secrétaire. Quand arrive un nouveau chef de département, c’est elle qui le met au courant des us et coutumes de la maison. MR est donc bien placée pour évoquer les chefs de département successifs et leurs apports respectifs, elle est la mémoire du département de chimie.

Claude, son mari, ingénieur chimiste, obtient un poste de chef de travaux pratiques d’ENSAM. Après la soutenance d’une thèse de docteur-ingénieur, il effectue des travaux de recherche appliquée pour des entreprises, et ce, dans le cadre des travaux pratiques pour les étudiants. CR a beaucoup de contacts avec les industriels, il collecte la taxe d’apprentissage, il s’occupe des stages des étudiants, et, sur la fin de sa carrière, il prend la responsabilité de la formation par apprentissage, une formation mise en place en 1992 par Gérard Lenfant et Henri Bocquet.

CR indique les évolutions majeures de l’enseignement de la chimie en IUT entre 1972 et 2011. Il montre aussi dans quelle mesure le contenu de cet enseignement a été transformé par l’arrivée de l’informatique. MR et CR décrivent d’autres évolutions qu’ils ont pu constater au cours de leurs quarante ans de carrière, l’évolution des étudiants eux-mêmes et de leur façon de travailler, l’évolution dans le recrutement des étudiants, et l’évolution dans la poursuite des études après l’IUT.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jeannine SALEZ

L’entretien a été réalisé le 28 janvier 2014 par Joseph Losfeld et Pierre Louis.

Tour à tour secrétaires des doyens successifs, Jeannine et Yvette Salez sont des figures incontournables des rouages de la vie facultaire et universitaire durant plus de trente ans. Sœurs jumelles, elles naissent en 1932 dans un foyer modeste mais attentionné. Les deux sœurs refusent de travailler ensemble, toutefois leurs trajectoires se répondent. Cet entretien concerne principalement Jeannine, figure tutélaire de l’ASA devenu ASAP.

Après le certificat d’études et un temps passé en école professionnelle en secrétariat commercial, Jeannine travaille dès 16 ans dans le privé où elle acquiert une certaine autonomie. Les concours nationaux de la fonction publique s’ouvrent et, poussées par leurs parents, les deux sœurs passent en 1959 le concours de sténo dactylo qu’elles réussissent brillamment. Elles sont affectées à la faculté des sciences de Lille, place Philippe Lebon.

Premières administratives reçues par voie de concours et donc sur poste d’État, elles rencontrent quelque difficulté à être acceptées. Jeannine, affectée au service scolarité, suit les bourses et la sécurité sociale des étudiants. De 1960 à 1963, le soir et le samedi après-midi, les deux sœurs assistent aux cours de Guy Debeyre à la faculté de droit, ce qui leur permet de passer le concours de SASU à Paris en 1964.

A cette date, Jeannine succède à Yvette au secrétariat du doyen Michel Parreau. Elle peut donc évoquer les structures administratives et leurs hiérarchies, le déménagement sur le campus aménagé dans des champs de betteraves, sans moyens de transport et sans restaurant. Après les événements de mai 68, les services sont restructurés ainsi que les UFR, avec une gestion collégiale animée par les doyens puis les présidents. Jeannine s'adapte aux évolutions des méthodes de gestion comme secrétaire des doyens suivants : Michel Parreau, Jacques Tillieu, René Defretin, puis des présidents suivants : René Defretin, Michel Parreau, Jacques Lombard, Michel Migeon, Jean Cortois, Alain Dubrulle, Pierre Louis.

Au terme d’une trajectoire professionnelle bien remplie, Jeannine met toute son énergie à la création de l’ASA avec André Lebrun, Michel Parreau, Arsène Risbourg, et elle en devient un pilier très actif.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Jeannine SALEZ

au sujet de sa sœur Yvette SALEZ

L’entretien a été réalisé le 28 janvier 2019 par Marie-Thérèse Pourprix et Marie-Paule Quétu.

Cet entretien avec Jeannine Salez fait suite à celui de 2014. Il concerne cette fois plus précisément le parcours d’Yvette Salez, sa sœur jumelle, afin d’étayer « le projet qui vise à mettre en lumière les femmes qui ont fait l'Université de Lille »

Yvette Salez est l’une d’elles. Élève brillante, elle obtient le BEPC en 1947 et alterne des emplois dans le secteur privé et le service public. Poussées par leurs parents, les deux sœurs passent le concours de sténodactylo de la fonction publique. Le 1er aout 1959 elles arrivent à la faculté des sciences de Lille, place Philippe Lebon, où elles y sont les premières administratives reçues par voie de concours et donc sur poste d’État. Yvette est rapidement affectée comme secrétaire du doyen Henri Lefebvre à l’époque où les instituts qui composent la faculté sont disséminés dans Lille. Une formation continue en faculté de droit permet aux deux sœurs de passer le concours de SASU à Paris en 1964.

A cette date, le Ministère des finances pousse à l’informatisation des facultés (inscription des étudiants, comptabilité). Yvette décide de suivre dans ce cadre un stage de 3 mois et obtient le diplôme de programmeur de la fonction publique. Elle continue de se former au CNAM (aux techniques de programmation), à l'IPA (où elle acquiert le certificat d'analyse de conception) et chez Bull. Les directeurs de laboratoires de calcul se réunissent alors régulièrement à Paris pour établir un programme de recherche d'informatisation s'adaptant à toutes les facultés. Pierre Bacchus l’incite à les rejoindre. Elle s’y fait remarquer. Elle est à la base de la création de fichiers informatiques de gestion de la scolarité dans les différentes disciplines des facultés.

Quittant son statut administratif pour celui d’ingénieur de recherche, installée au bâtiment A3 à proximité de la présidence à la 6ème division nouvellement créée et équipée de nouvelles machines à cartes perforées, Yvette Salez est responsable du service chargé de l’informatisation de la gestion. En 1972-73 le laboratoire de calcul est en mesure de fournir des prestations au niveau régional, d'où la fondation du Centre Interuniversitaire de Traitement de l'Information, le « CITI », qui intègre la 6ème division. Demandée pour ses compétences, Yvette Salez est appelée à conseiller pour cette nouvelle gestion toutes les UFR et toutes les autres facultés lilloises : le droit, la médecine, les lettres. Capable tout autant d’administrer le personnel que d’appréhender les problèmes techniques de gestion informatique, elle est nommée directrice du CITI en mai 1977 et s’implique dans la construction du bâtiment inauguré en 1984. En France, ils étaient six, dont Yvette Salez, à conduire les débuts de l’informatisation des institutions universitaires. Yvette Salez était la seule femme et la seule non-universitaire parmi les six. Elle décède prématurément en 1990.

 

Marie-Thérèse Pourprix

Résumé de l’entretien avec Georges SALMER

L’entretien a été réalisé le 14 octobre 2013 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Sorti brillamment en 1961 de l’Institut Supérieur d’Electronique du Nord (ISEN, le mot Nord étant aujourd’hui remplacé par Numérique), créé en 1956 à Lille, Georges Salmer n’a que l’embarras du choix pour la suite de son parcours. Finalement, il opte pour la proposition faite par le Professeur Robert Gabillard d’entrer dans l’Institut Radiotechnique de la Faculté des sciences de Lille pour préparer une thèse d’Etat tout en étant assistant. Malgré la difficulté du sujet, lequel porte sur le dispositif précurseur de la radioélectricité qu’est le cohéreur de Branly, il soutient sa thèse en 1966. Son service militaire, exécuté dans le cadre de la coopération à la Faculté d’Alger, l’amène à travailler dans le domaine de la Physique Nucléaire.

Revenu en 1968 à la Faculté des sciences de Lille et immédiatement nommé Maître de conférences dans le service d’Electronique, il rejoint alors le laboratoire lancé par Eugène Constant quelques années auparavant. Toute sa carrière va ensuite s’effectuer dans la proximité très étroite d’Eugène Constant, contribuant ainsi aux développements successifs de leur laboratoire, lequel, en devenant au début des années 90 l’Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologies (IEMN) va progressivement fédérer toute la recherche en électronique de la région lilloise. Outre ses très importantes responsabilités en recherche, Georges Salmer s’est aussi distingué par une participation très active aux instances administratives de notre université, notamment en étant vice-président chargé des Etudes lors de la présidence de Michel Migeon, puis vice-président chargé de la Recherche sous la présidence de Jean Cortois.

Les points principalement abordés avec Georges Salmer ont été : la mutation du Service Electronique, entre l’avant et l’après 1968, avec la fin de l’Institut Radiotechnique et les débuts du département EEA, puis de l’UER IEEA ; les débuts, dans les années 70, des Commissions Etudes et Scolarité de l’université ; l’histoire des relations labos-entreprises dans le Service Electronique et au niveau de l’université ; sa propre action en tant que vice-président à la Scolarité puis à la Recherche ; et enfin, les relations avec la Catho et, en particulier, avec l’ISEN.

Sur tous ces sujets, équilibrant scrupuleusement points positifs et négatifs, il nous a montré que les nouvelles structures d’après 1968, même si elles ont parfois donné lieu à de très durs affrontements et même si elles n’ont pas d’emblée mis fin à la balkanisation des disciplines, ont eu, par contre, un rôle indéniablement moteur pour mieux nous connaître entre composantes et services et pour favoriser l’apprentissage du travail ensemble.

 

Yves Crosnier

Résumé de l’entretien avec Guy SÉGUIER

L’entretien a été réalisé le 13 octobre 2014 par Yves Crosnier et Bernard Pourprix.

Guy Séguier est né en 1932 dans un petit village du Sud-Ouest. Après de très brillantes études secondaires, il fait ses études supérieures à HEI (section électricité), puis à SUPELEC en section Electrotechnique, avec des résultats scolaires remarquables. Il prend ensuite avec succès la direction de la section Electricité d’HEI, qu’il quitte en 1969 suite à des divergences de fond avec Norbert Segard.

A la demande de Maurice Bécart, il crée le département Génie Electrique de l’IUT de Béthune, dont il prend la direction. Il exerce en même temps des fonctions de Conseiller scientifique chez Jeumont. En 1970, il prend la direction de l’IUT de Béthune, en assume la création et contribue directement au lancement de ses quatre départements. Il en favorise l’excellente insertion dans l’environnement local. A la même époque, il contribue au lancement du département Génie Electrique de l’IUT de Calais ; les difficultés rencontrées sont nombreuses… En 1976, il est nommé professeur à l’université de Lille (UER d’IEEEA) où il prend la direction du laboratoire d’Electrotechnique.

Dès la fin des années 50, il avait entrevu l’intérêt de la toute nouvelle voie de recherche offerte par l’usage de la commutation électronique dans le domaine de l’électrotechnique. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans cette direction, d’abord pour sa thèse de Docteur Ingénieur en 1960, concernant la mesure en électrotechnique, et ensuite pour sa thèse de Docteur ès Sciences, en 1968, sur le thème de la Conversion d’énergie. Cela constituera la base de l’électronique de puissance dans laquelle ses travaux font école, puisque son ouvrage initial, publié en 1974, sera réédité dix fois, dont la dernière en 2014. Grâce à son souci des applications, il a contribué à créer une voie originale et reconnue dans le domaine du génie électrique tant en France qu’à l’étranger. Ses interventions y compris à la SNCF ont connu un vif succès. Intéressé par la recherche, il avait surtout la passion de l’enseignement et le souci constant de faire école… Ses disciples sont nombreux.

Au cours de sa retraite, outre sa passion pour la sculpture, il a consacré à l’ASA beaucoup de temps et d’efforts pour rassembler et inventorier une riche collection d’instruments de mesure et d’observation ayant été utilisés en enseignement et en recherche à la faculté des sciences de Lille et au début de l’USTL.

 

Georges Salmer

Résumé de l’entretien avec Isam Shahrour

L’entretien a été réalisé le 12 décembre 2023 par Bernard Pourprix.

En vue de préparer des journées d’études sur l’histoire de l’université de Lille, nous avons demandé un entretien à Isam Shahrour (IS) en tant qu’acteur de la structuration de la recherche en sciences. Il nous a parlé de l’organisation de la recherche en mécanique et génie civil dont il s’est occupé pendant un certain nombre d’années. IS est professeur émérite de l’université de Lille, il a été Vice-Président Recherche (2007-2012), il a créé et dirigé le Laboratoire de génie civil et géo-environnement (LGCgE) (2010-2019).

L’entretien commence avec la création et la montée en puissance du Laboratoire de Mécanique de Lille (LML). Fondé en 1985, il regroupe les recherches en mécanique de trois établissements : Lille 1, École Centrale de Lille (ECL), Ecole des Arts et Métiers (ENSAM). Ses recherches recouvrent une grande partie du domaine de la mécanique : mécanique des fluides, mécanique des solides, et aussi génie civil, une activité émergente bien appréciée, donc soutenue. Le labo gagne rapidement en visibilité, au plan régional comme au plan national. Il est associé au CNRS en 1991 (URA).

Outre sa capacité à faire émerger des recherches fondamentales à partir de problématiques industrielles, le LML est un des rares labos à rassembler des mécaniciens des fluides et des solides. Mais c’est aussi sa principale faiblesse : il est longtemps très sectorisé. Des tensions apparaissent lorsque le CNRS pousse vers l’excellence. Suite à la première évaluation de l’AERES (créée en 2006), le CNRS ne retient pas deux des sept équipes proposées. Il y a une perte de cohésion du groupe vers 2008. Les tutelles mettent en place une nouvelle direction en 2010. Mais, au final, le LML éclate en quatre morceaux. Les premiers à quitter le LML sont des chercheurs en génie civil, qui fondent le LGCgE en 2010. Cet entretien fournit incidemment des renseignements sur les principaux acteurs, ceux qui ont construit, porté ou dirigé le LML.

À partir de l’éclatement du LML, le CNRS met l’UMR dans un statut d’attente en lui proposant une structure appelée Fédération de Recherche en Evolution (FRE 2016). En fait, cette structure de coordination entre les labos n’est qu’une façade. La phase de restructuration conduit à la naissance de trois unités de recherche dans le domaine de la mécanique en janvier 2018 : l’Unité de Mécanique de Lille-Joseph Boussinesq (UML-JB, EA 7512), le Laboratoire de Mécanique des Fluides de Lille-Kampé de Fériet (LMFL-KF, UMR 9014) et le LaMcube (Labo de Mécanique, Multi-physique, Multi-échelle).

IS explique ensuite dans quelle mesure le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) de Lille, créé en 2009, dont l’objectif est de rapprocher les établissements d’enseignement supérieur à l’échelle régionale, permet de structurer des équipes d’origines diverses (Ecole des Mines de Douai, Artois, Lille 1, la Catho) pour aboutir à la création du Laboratoire Génie Civil et géo-Environnement (LGCgE). Ce labo se structure autour de trois activités : Matériaux pour le génie civil, Environnement (biodiversité, qualité de l’air, etc.), Ville et Bâtiments. En 2020, le LGCgE compte environ 200 chercheurs. Il fait partie du paysage régional et national.  

Par ailleurs, une Fédération Lilloise de Mécanique, Structure Fédérative de Recherche du Ministère (FED 4282), est créée en janvier 2018 ; elle implique les équipes de douze laboratoires possédant une composante mécanique. C’est le cas notamment de l’IEMN. La FED est un lieu de coordination entre laboratoires, entre équipements communs. Mais elle n’a pas de visibilité pour les chercheurs de base.

Bernard Pourprix

 

 

 

Résumé de l’entretien avec Jean-Pierre STEEN

L’entretien a été réalisé le 8 février 2018 par Bernard et Marie-Thérèse Pourprix.

Jean-Pierre Steen est né en 1941. Il a fait toutes ses études supérieures à Lille. Il souhaitait devenir météorologue, mais une conférence de Dominique Foata (université de Strasbourg) sur le calcul lui fait choisir les maths et le calcul numérique. En 1961, il obtient MGP, et c’est l’année de la création de la filière calcul numérique à Lille dans laquelle il va s’engouffrer.

En cours de licence, il a fait pendant les vacances des stages, non obligatoires à cette époque, dans des entreprises locales (Fives-Lille-Cail, Thiriez, les Houillères), et à Paris, chez Bull, IBM et aussi chez EDF avec Pierre Huard qui était professeur associé à Lille.

Jean-Pierre Steen se souvient très bien des conditions de vie des étudiants à cette époque : TP tard le soir à cause du manque de machines, les restaurants universitaires, le café Crinquette, etc., et aussi des débuts de l’informatique à la fac de sciences dans les locaux de la place Philippe Lebon à Lille, et des matériels informatiques.

Dès le DEA, qu’il a obtenu en 1965, Jean-Pierre Steen a encadré des TP sur les machines de la place Philippe Lebon avec Marie-Hélène Guislain (devenue par mariage M.-H. Ngoa). Il a suivi les cours de Pierre Bacchus, Pierre Pouzet, Jean-Claude Herz, Pierre Huard, et par la suite il a pris leur relève. Il a aussi fait des cours à la Catho et à l’IDN (désormais Ecole Centrale de Lille). Il est nommé assistant et l’est resté jusqu’en 1980. C’est grâce à lui que l’amphi du M5 porte le nom de P. Bacchus. Il a passé sa thèse de 3ème cycle et sa thèse d’Etat (sur les voltrices) avec J.-C. Herz.

Jean-Pierre Steen a été très actif dans la création de nouvelles filières dont il raconte l’avènement : le CURFIP (Centre universitaire de recherche et de formation en informatique pédagogique), créé à l’attention des enseignants du secondaire qui voulaient se former en informatique ; le DEUST BC2E (Bureautique et communication électronique d’entreprise) destiné à aider les étudiants redoublants encore en difficulté au cours de leur 2ème année (c’était le premier DEUST créé à l’USTL). Il a été l’animateur de ces deux structures jusqu’en 2003. Le DEUST fonctionnait encore à son départ. Il a aussi participé avec d’autres collègues informaticiens au groupe de travail national sur l’enseignement de l’informatique à l’université.

Dans les années 80, Jean-Pierre Steen a participé grandement à la coopération avec la Roumanie. Il a noué des relations amicales en particulier avec un mathématicien Victor Felea, dont la fille Violeta a passé une thèse au LIFL en 2003 avec Bernard Toursel. Il a été le précurseur de la réutilisation des vieux ordinateurs de Lille 1 en envoyant à l’université de Iasi des micro-ordinateurs et des matériels devenus obsolètes pour Lille 1.

Jean-Pierre Steen retrace la création de l’UFR d’IEEA, dont il a été directeur pendant 10 ans, jusqu’en 2003, après avoir été responsable du service informatique. Il évoque aussi le déménagement et l’installation de l’IEMN dans des locaux dédiés juste au début de son mandat en 1993/94.

 

Marie-Paule Quétu

Résumé de l’entretien avec Jean-François STEVENS

L’entretien a été réalisé le 13 juin 2022 par Alain Barré et Jacques Duveau.

Né en 1945 à Roubaix, J-F. Stevens habite ensuite à Lambersart ; il effectue ses études secondaires au lycée Saint-Pierre à Lille, jusqu’au baccalauréat « Mathématiques Élémentaires » (1963). Inscrit à la Faculté de Droit de Lille, il fait des Études de Sciences Economiques, qui sont couronnées, en 1969, par un excellent DES dirigé par Jacques Austruy. Celui-ci, qui est alors recruté à l’Université de Nanterre, propose à J-F Stevens d’y occuper un poste d’assistant.
J-F Stevens débute sa carrière d’universitaire, à la rentrée 1969, comme assistant en sciences économiques à la Faculté de Droit de Nanterre. En septembre 1970, il part à Madagascar, avec son épouse, et passe 3 ans à Tananarive comme assistant tout en rédigeant une thèse d’État sur l’« Analyse économique de la décision d’investissements publics ». Celle-ci est soutenue fin 1973 à Nanterre. Elle lui permet d’être recruté comme maître-assistant à Paris II en 1974 où il exerce pendant 3 ans. Puis, il a l’opportunité d’aller au Maroc, à Fès, comme maître-assistant. Il passe trois années très enrichissantes au Maroc. 
Souhaitant rentrer en France, il décide de retrouver le Nord-Pas-de-Calais ; mais ses espoirs d’obtenir un poste à Lille sont déçus et il doit donc retourner à Paris II et faire, pendant trois ans, deux fois par semaine, des allers et retours Lille-Paris pour effectuer ses cours à Paris. En 1984-85, il est recruté à Lille II, à la faculté de Droit, toujours comme maître-assistant.
Au bout de trois ans, il rejoint le SGAR (Secrétariat Général aux Affaires Régionales) de la Préfecture de Région de Lille. Il anime cet organisme tout en conservant son service à l’Université. C’est pour lui l’occasion d’organiser des rencontres fructueuses entre les fonctionnaires de la Préfecture et les acteurs économiques de la Région et de constituer ainsi un tissu de relations profitable aux uns et aux autres. Cette activité s’est prolongée jusqu’en 1993 et a débouché sur la mise en place du « Pôle Universitaire Européen de Lille ».
En 1995, J-F. Stevens se rapproche de l’IFRESI, où il mène des travaux de prospective qui le conduisent à nouer des contacts avec le Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais, alors dirigé par Michel Delebarre, et à y animer des réunions tous les quinze jours. Travaillant en économie régionale, il est amené à entrer en relation avec des géographes lillois, ce qui lui offre l’opportunité, en 2000, de candidater au CNU en 24ème section (Aménagement et Urbanisme) et d’être qualifié pour devenir Professeur. Il est alors recruté à l’UFR de Géographie et succède à Charles Gachelin à la Direction de l’Envar, qui avait alors 25 ans d’existence (créée en 1975).  
Il anime la MST Envar pendant quelques années ; grâce à ses multiples contacts, il s’attache à diversifier les stages des étudiants et à développer le rayonnement de cette formation en Aménagement du Territoire. Il participe à son intégration dans le nouveau système d’études (3-5-8) et part à la retraite en 2006.
Au total, J-F. Stevens a eu un double parcours tout à la fois linéaire et atypique, mais en définitive très enrichissant pour lui-même et ceux qu’il a côtoyés.

Alain Barré

Résumé de l’entretien avec Martine SWITEK

L’entretien a été réalisé le 26 février 2020 par Bernard Pourprix.

Martine Switek (MS) a fait ses études en sciences économiques à Lille, où elle a obtenu un DEA de gestion. En 1976, Jean-Pierre Debourse lui a proposé un poste à l’UER de sciences économiques et sociales. En 1983, au moment de la scission, à Lille, entre les sciences éco et la gestion, MS est partie à l’IAE sur un poste de maître de conférences jusqu’en 2015, date de son départ à la retraite.

L’entretien porte plus particulièrement sur les activités exercées par MS, à temps plein, au sein de l’équipe de direction de l’USTL pendant trois mandats, de 1992 à 2007. Elle est chargée de mission aux relations université-entreprises, une notion qui recouvre les idées de valorisation de la recherche, transfert de technologies, contribution au développement territorial.

MS recense les divers aspects qu’ont pu présenter les relations entre l’USTL et les entreprises. Elle donne deux exemples, parmi d’autres : les ateliers-services et les doctoriales. Avant 1992, le président Jean Cortois avait initié les ateliers-services, qui avaient pour mission de faire du transfert entre le laboratoire et l’entreprise ; il y aura l’AREMI, le LEFEMO, etc. Quant aux doctoriales, lancées à l’USTL par Bertrand Escaig et MS, elles ont été initiées en 1996 par le ministère de la recherche. Elles étaient destinées à faire sortir les doctorants de leurs labos, à leur faire connaître le milieu de l’entreprise, et, réciproquement, à faire connaître aux entreprises les doctorants et la recherche.

La loi de 1999 sur l’innovation et la recherche donne une impulsion décisive aux relations entre universités et entreprises. Les enseignants-chercheurs peuvent apporter leur concours scientifique aux entreprises, ils peuvent créer une entreprise, avoir des parts de capital dans l’entreprise, etc. MS retrace les effets de cette loi au plan local et tente d’en tirer un bilan en termes d’entreprises créées et d’emplois générés.

La transcription de l’entretien est suivie d’une annexe dans laquelle MS décrit en quoi consistaient ses délégations, au titre de vice-présidente de l’USTL, dans des organismes en charge du développement territorial, ainsi que ses engagements plus personnels au sein d’organismes et d’institutions œuvrant au développement économique local et régional.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l'interview de Sophie Tison

Résumé de l’entretien avec Marie-Elisabeth USAL

L’entretien a été réalisé le 11 mai 2022 par Jeanne Parreau et Bernard Pourprix.

Marie-Elisabeth Usal (EU) était bibliothécaire adjointe à la bibliothèque universitaire (BU) de Lille, à la Cité scientifique. Recrutée en 1970 à la BU de Lille, section Médecine, elle a été affectée à la section Sciences en 1972. Après un arrêt de 1978 à 1987 (congé parental, puis mise en disponibilité), elle a repris le travail jusqu’à son départ en retraite en 2011.

EU parle d’abord de ses études (bac littéraire), des projets d’avenir qu’elle forme dans sa jeunesse (attirée par les métiers du social), de sa formation au monde des bibliothèques, de son recrutement à la BU. Elle raconte ensuite les faits les plus marquants de sa vie professionnelle. Elle décrit les fonctions qu’elle a exercées et retrace le déroulement de sa carrière, en précisant quelles sont les catégories de personnels des bibliothèques universitaires. 

L’évocation de sa carrière l’amène à déborder largement sur l’histoire de la BU. Elle décrit l’évolution des types d’activité et des méthodes de travail des sous-bibliothécaires, et notamment le catalogage, avant et après l’informatisation. Ou bien encore le bulletinage des périodiques, arrivé dans les années 2000, « la chose la plus compliquée qui puisse exister ».

EU dépeint les deux premiers directeurs, leurs façons de travailler, leurs empreintes laissées dans la mémoire des personnels : Mme Dumez jusqu’en 1994, puis M. Marino, l’introducteur de l’informatique à la BU. Avec Julien Roche, successeur de M. Marino en 2004 et actuel directeur, on entre vraiment dans l’ère de la dématérialisation informatique de la documentation.

Parmi les nombreuses informations que cet entretien permet de (re)découvrir, il en est une qui semble largement ignorée de nos jours. Avant 1994, les BU ne dépendaient pas du tout des universités mais de la direction des bibliothèques à Paris. Le conservateur en chef de la section centrale de Lille dirigeait l’ensemble des sections de la BU, et notamment la section Sciences. À partir de 1994, les BU deviennent des Services communs de documentation (SCD) et sont rattachées aux universités, y compris pour leurs budgets.

Bernard Pourprix

 

Résumé de l’entretien avec Nicolas VANEECLOO

L’entretien a été réalisé le 17 novembre 2015 par Jacques Duveau et Jeanne Parreau.

Nicolas Vaneecloo, aujourd'hui professeur émérite, a été en 1984 le premier doyen de la faculté de SES où il aura un rôle important tant en matière d'enseignement (responsable de la filière économétrie au niveau du 2ème comme du 3ème cycle) que de recherche (directeur de l'école doctorale, puis directeur du CLERSE). Le témoignage recueilli dans cette interview porte essentiellement sur la période de la 2ème partie des années 60 (époque des études et de l'entrée au CAD) et les années 70.

N. Vaneecloo, qui a commencé ses études universitaires en 1965 à la faculté de droit et de sciences économiques, nous rappelle la situation très minoritaire des étudiants d'économie dans cette faculté (en 1ère année, moins du quart du total des 500 à 600 inscrits). À partir de 1967, il travaille à temps partiel parallèlement à ses études, d'abord comme vacataire, puis comme chargé d'études au centre d'analyse du développement (CAD) où travaillèrent également de jeunes économistes et sociologues qui deviendront enseignants-chercheurs ou chercheurs et ingénieurs CNRS au CLERSE.

N. Vaneecloo continuera à travailler à mi-temps au CAD après avoir été nommé assistant. Le travail de recherche appliquée qu'il y a effectué aura ultérieurement une influence décisive pour l'orientation et la rédaction de sa thèse. Invité par Françoise RENVERSEZ à postuler à un poste d'assistant à la fin de son DES, il fait partie d'une promotion de 10 assistants nommés à la rentrée 1971.

Son début de carrière s'effectue au moment où, suite à l'appel d'air des nouvelles universités parisiennes, la quasi-totalité des professeurs s'en vont. Et, lors de l'arrivée sur le campus en 1972, puis dans les années qui suivent, « ce sont les assistants qui font tourner la fac ». Selon N. Vaneecloo, cette situation va d'autant plus durer que ce sont « des années où l'on dit : le mandarinat, c'est terminé » et que nombre d'assistants refusent de rédiger des thèses et de préparer l'agrégation de l'enseignement supérieur, tout en ayant une activité de recherche intense mais non académique dans le cadre du CEREL. N. Vaneecloo décide par contre de s'inscrire en doctorat en 1975 et soutiendra sa thèse en 1978. S'il s'estime chanceux à titre personnel d'avoir pu trouver à l'époque un directeur de thèse et d'avoir été aidé par lui en fin de parcours, il évoque les difficultés rencontrées par beaucoup de ceux qui souhaitaient « faire une thèse ».

De son point de vue, à une époque où une partie des enseignants étaient fortement engagés à gauche, les relations internes à l'UER de sciences économiques et sociales, réduite pour lui aux sciences économiques (« les sociologues, ils étaient à côté, on ne les connaissait pas »), n'étaient pas simples : querelles entre les enseignants de gauche et d'extrême gauche, ostracisme vis-à-vis de ceux affichant des positions « à droite », absence d'appui institutionnel donné aux enseignants de la MSG qui décidèrent alors de faire migrer la formation à l'IAE.

Interrogé sur l'intégration des économistes dans l'université de Lille 1, Nicolas Vaneecloo estime qu'elle a été très réduite au cours des années 70. Pour lui, les économistes qui constituaient un groupe à part à la faculté de droit ont continué à vivre cette extériorité à Lille 1, la première décennie voire plusieurs années après. Et les contacts individuels avec les matheux, lors de la grève des assistants, par affinité politique ou, plus tard, pour des motifs d'enseignement, ne doivent pas faire illusion sur ce point.

 

Francis Gugenheim

Résumé de l’entretien avec Valerio Vassallo

L’entretien a été réalisé le 20 juin 2022 par Pierre Louis et Marie-Thérèse Pourprix

 

Recruté en 1990 comme maître de conférences, Valerio Vassallo (VV) exerce tout d’abord son activité de recherche dans le cadre de l’équipe d’arithmétique et géométrie algébrique.

Intéressé par l’enseignement des mathématiques, il souhaite contribuer par la recherche à une meilleure formation des maîtres du premier et du second degrés ; il devient, en 1994, directeur de l’IREM, Institut de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques, prenant la succession de Anne-Marie Marmier qui elle-même succédait à Rudolf Bkouche. Dès lors il suit leur recommandation de « Ne jamais plier devant l’institution », mais à sa propre manière.

A l’époque, des heures (HSA) sont encore octroyées sous forme de décharge aux enseignants du secondaire pour l’IREM, mais leur nombre diminue chaque année, elles seront bientôt remplacées par des heures supplémentaires. Aussi la délivrance d’une « vraie » formation continue devient de plus en plus difficile ; l’existence même des IREM est menacée pendant quelque temps. Citant Nietzsche, VV fait l’éloge de la lenteur de l’acquisition du savoir. Il quitte l’IREM en 2002.

Un concours de circonstances, qu’il décrit, l’amène à la Cité des Géométries de Maubeuge. Il y reprend un projet avorté de pièce de théâtre ayant pour thème les surfaces minimales et la beauté des mathématiques. Il la fait circuler de Maubeuge à Calais, ainsi qu’une exposition de photos créées à l’IHES (Institut des hautes études scientifiques) et des conférences de mathématiciens prestigieux. A l’IREM, il suscite la confection de deux livres par ses collègues (édition Ellipses), plus tard il anime de multiples conférences sur des thèmes mathématiques (voir la webtv.univ-lille.fr) et produit un court métrage « campus 2016 » à la fois ironique, poétique et un peu révolutionnaire.

Actuellement VV participe à des projets associant l’IREM et le Musée des Beaux-Arts de Lille. Déplorant la chute du niveau scolaire en mathématiques, VV enrage que, pour les élèves, le principe d’effort soit réservé à la pratique sportive et le fait que les trois-quarts des enseignants du primaire soient d’origine non scientifique. Dans le but de formation continue, il promeut la proximité, au niveau académique, des enseignants du primaire et du secondaire avec ceux du supérieur et la reconnaissance officielle pour ces derniers des recherches sur l’enseignement. Certains, au plus haut niveau du CNRS, semblent avoir pris conscience de l’enjeu, de même que les membres du laboratoire Painlevé de mathématiques de Lille, là où il a trouvé un milieu intellectuel très riche qui lui a permis des échanges qui l’ont comblé.

Pierre Louis et Marie-Thérèse Pourprix

 

Résumé de l’entretien avec Gérard Verrier

L’entretien a été réalisé le 5 décembre 2019 par Alain Barré et Bernard Pourprix.

Né en 1947, Gérard Verrier (GV) a été élève-professeur en allemand à l’IPES de la faculté des lettres de Lille. En mars 1974, alors qu’il est nommé depuis moins d’un an au lycée commercial Gaston Berger, il reçoit une lettre lui demandant s’il est intéressé par un poste de germaniste au CUEEP de Lille. Il accepte et c’est au CUEEP que se déroulera toute sa carrière d’enseignant certifié jusqu’à son départ en retraite en 2007.

Gérard Verrier exerce principalement en formation initiale. En 1974, la douzaine d’anglicistes et les deux germanistes doivent assurer les cinquante heures de langues prévues dans les deux premières années des différentes composantes de l’université. Par ailleurs, peu de temps après son recrutement, GV répond positivement à la demande d’introduction des langues dans le département ITEC de l’EUDIL, ainsi qu’à l’Ecole de Chimie et dans la MST Envar. Dans le cadre de celle-ci, il organise de nombreux séjours en Allemagne, à une époque où les formalités administratives sont réduites à leur plus simple expression.

Au début des années 1980, Gérard Verrier et un enseignant du département Informatique de l’IUT se lancent dans la création d’un outil informatique pour l’enseignement de l’allemand, le SAM (système d’apprentissage par microordinateur). Pour pouvoir le commercialiser, ils créent une SARL, qui comptera jusqu’à six employés. GV nous conte l’aventure de la SARL, qui les mènera jusqu’au tribunal et à la Cour d’appel de Douai.

De 1994 à 1997, Gérard Verrier est expert auprès du Ministère de l’éducation pour la mise en place du diplôme national de compétence en langues (DNCL, devenu DCL), dans le cadre de la valorisation des acquis de l’expérience. Il est aussi responsable de l’expérimentation du DCL pour l’allemand.

Après avoir donné un aperçu de ses activités de retraité, multiples et variées, Gérard Verrier termine l’entretien en déplorant la dégradation de l’enseignement de l’allemand, dont il se sent en partie responsable, et en déplorant, par ailleurs, la dégradation actuelle des relations entre la France et l’Allemagne.

 

Bernard Pourprix

Résumé de l’entretien avec Alain VIENNE

L’entretien a été réalisé le 14 mars 2022 par Jean-Pierre Sawerysyn.

L’intérêt d’Alain Vienne (AV) pour l’astronomie a pour origine principale deux enseignements optionnels qu’il a suivis respectivement en licence et en maîtrise de mathématiques pures. Son travail de thèse, sous la direction de Luc Duriez, est consacré aux mouvements des satellites de Saturne. Après avoir bénéficié d’une bourse d’allocataire de l’enseignement supérieur, il devient ATER, puis il est recruté à l’université de Lille 1 comme maître de conférences en octobre 1991.

AV est nommé professeur de mathématiques en 2007. Son service d’enseignement est partagé pour moitié entre les mathématiques et l’astronomie. L’astronomie est dispensée dans chaque année de licence sous forme optionnelle. D’autres formations ont également lieu à l’Observatoire de Lille : stages pour enseignants du secondaire et diplôme d’université (DU) destiné à toute personne désireuse de comprendre l’astronomie.

AV devient responsable de l’Observatoire en 2003, après le départ en retraite d’Irène Stellmacher, puis directeur de cet Observatoire en 2009. Son équipe de recherche, installée à l’Observatoire, est intégrée à l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Ephémérides (IMCCE), unité mixte du CNRS. L’équipe comprend deux maîtres de conférences et une secrétaire, il n’y a pas de personnel technique. Pour les besoins en informatique, elle fait appel aux informaticiens de l’IMCCE ou à ceux du département de mathématiques. Les thématiques développées concernent la modélisation numérique de la dynamique de corps célestes : satellites de planètes, en particulier de Jupiter et de Saturne, comètes périodiques et non périodiques, nuage de Oort, anneaux de Saturne, interactions des anneaux avec les petits corps, etc.

Interrogé sur le statut de l’Observatoire, AV rappelle qu’il fonctionne comme un service de l’université de Lille. L’université gère toutes les activités qui ont lieu au sein de l’Observatoire (recherche, enseignements et patrimoine scientifique) mais elle n’en est que le locataire, les locaux appartenant à la mairie de Lille qui en assure l’entretien. Le classement du bâtiment début 2000 comme monument historique de la ville de Lille a permis de stabiliser l’avenir de l’Observatoire. En 2004 a été créée l’association Jonckeere, dont AV est l’un des co-fondateurs. Un partenariat très actif s’est développé entre son laboratoire et l’association.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Monique VINDEVOGHEL

L’entretien a été réalisé le 9 juin 2017 par Jean-Pierre Sawerysyn et Yves Crosnier.

Monique VINDEVOGHEL (MV) est née le 11 septembre 1945 à Tournai (Belgique). Cet entretien est très représentatif d’une facette peu connue des pédagogies innovantes qui, à la suite des événements de 1968, se sont développées dans notre Université des Sciences et Technologies de Lille, à savoir : l’Enseignement Assisté par Ordinateur (EAO). MV en est une pionnière acharnée et a démontré ses capacités managériales en tant que co-foSTLS ndatrice puis co-responsable (avec Jean-Marie Blondeau) du Service d’Enseignement sur Mesure Médiatisé (SEMM), entité dont la notoriété n’a cessé de s’étendre jusqu’à atteindre le plan international.

Recrutée en 1966 en tant qu’assistante de physique à la Faculté des Sciences de Lille, MV s’oriente d’abord vers l’électronique et prépare puis soutient une thèse de 3ème cycle dans le laboratoire d’Eugène Constant. En 1973, en pleine effervescence de la mise en œuvre des pédagogies innovantes apparues à la suite de 1968, MV change radicalement d’orientation et se lance dans ce nouveau domaine d’enseignement.

A partir de 1973-74, comme première expérience d’un enseignement sur mesure avec un public d’adultes généralement salariés, elle participe au DEUG par unités capitalisables en Sciences et Structures de la matière. 1987 est l’année marquant le démarrage de l’EAO à partir du projet SIMFI visant à faciliter la préparation du DAEU faite par le CUEEP. MV en est à la pointe.

Après quoi, sous son impulsion, ont lieu de multiples créations organisant cette nouvelle pédagogie sur l’ensemble de Lille 1 et en particulier : le Laboratoire d’Enseignement Multimédia sur Mesure (LEMM) en 1990, le Groupe d’Enseignement sur Mesure (GESM) en 1995 et, consécration, le SEMM en 1998.

De locale, l’action de l’EAO de Lille 1 s’étend alors au niveau national et ministériel : accession aux instances dirigeantes du Réseau Universitaire des Centres d’Autoformation (RUCA), rôle pilote dans la mise en œuvre du Projet national d’enseignement du 1er cycle sur mesure (PCSM) imaginé par Maryse Quéré...

Le début des années 2000 est pour le SEMM une période de considérable montée en puissance grâce au soutien du ministère : multiplication des centres de ressources sur Lille 1, création avec le renfort du CUEEP d’un Centre de production audiovisuel, etc. Dès lors, à partir de 2005, lorsque l’ordinateur portable et l’usage du Web connaissent une très forte croissance, le SEMM est en mesure de résolument migrer son activité dans cette nouvelle direction. Et c’est ainsi que Lille 1 se trouve à la pointe du développement de la plateforme pédagogique MOODLE, du projet Université en ligne, d’UNISCIEL, de Lille 1 TV, etc. entraînant parallèlement pour le SEMM la construction (en 2010) d’un vaste bâtiment pleinement adapté à une activité éditoriale et une production audiovisuelle quasiment industrielles.

 

Yves Crosnier

Résumé de l’entretien avec Francis WALLART

L’entretien a été réalisé le 21 novembre 2013 par Jean-Pierre Sawerysyn.

Francis Wallart est né à Ham-en-Artois (Pas-de-Calais). Titulaire du baccalauréat en 1958, puis d’une licence de chimie, il entra au laboratoire de Marie-Louise DELWAULLE en 1960 pour y préparer un DES, puis une thèse d’Etat. Dès la première année, il bénéficia d’un poste d’assistant. La disparition brutale de M.-L. DELWAULLE en juillet 62 ébranla le laboratoire, qui se retrouva alors sans direction.

Après une période d’incertitudes, c’est Michel DELHAYE qui en devint le directeur. Avec la « bande des quatre », constituée de DELHAYE, BRIDOUX, MIGEON et WALLART, et la collaboration d’un partenaire industriel, il participa à la conception et la construction du premier spectromètre Raman français. La vocation instrumentale de l’équipe était née. Une collaboration suivie avec le partenaire industriel se développa. A la création du LASIR, nouveau « Laboratoire propre du CNRS », F. WALLART prit la direction de la composante lilloise du LASIR.

C’est en faisant un stage post-doctoral aux USA qu’il découvrit l’importance de valoriser les résultats de recherche. Cette démarche a probablement déterminé toute sa carrière. Il fut successivement « chargé de mission industrielle » (CMI) du CNRS pendant 12 ans, puis Délégué régional à la recherche et la technologie (DRRT) pour le Nord-Pas de Calais pendant 18 ans. A ce titre, il s’est non seulement attaché à promouvoir les activités de recherche scientifique et technologique de sa région auprès des instances nationales, mais il s’est également employé, au cours des trois premiers contrats de plan Etat-Région (CPER) (1984-1999), à stimuler de nombreux regroupements de laboratoires.

Par ailleurs, il s’est fortement impliqué dans la création de la TECHNOPOLE VERTE jouant le rôle de vivier pour incubateurs d’entreprises, de TECHNOVAL comme pépinières d’entreprises, et du Centre de recherche en environnement industriel de Dunkerque (CREID).

A la fin de son entretien, Francis WALLART donne sa vision sur les universités nouvelles et donne son point de vue sur le projet de regroupement des universités de la région en tant qu’ancien président du PUEL Nord-Pas de Calais. Il exprime également son plus grand regret de n’avoir pas réussi à faire implanter le projet Soleil dans sa première version. Il en donne la raison… plutôt inattendue !

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l’entretien avec Michel WARTEL

L’entretien a été réalisé le 16 décembre 2015 par Jean-Pierre Sawerysyn et Yves Crosnier.

Michel Wartel est né le 6 novembre 1939 à Roeux (62118). Après avoir brillamment obtenu, en juin 1962, sa licence de chimie, Michel WARTEL obtint un poste d’assistant par le professeur Joseph HEUBEL, directeur du Laboratoire de chimie minérale à l’Institut de chimie de Lille. Il prépara un DES (1964), puis une thèse d’Etat (1969) consacrée à la préparation de composés du soufre VI et de l’azote. Il fut nommé maître-assistant en 1967.

La même année, le laboratoire déménagea pour s’installer au bâtiment C8 du nouveau campus d’Annappes. Il effectua ensuite un stage à l’Ecole de chimie de Paris, au laboratoire de Bernard TREMILLON, pour s’initier aux techniques modernes de l’électrochimie. En 1979-80, à la demande de Michel MIGEON, président de l’université, il se présenta à un poste de professeur dédié à la chimie marine et destiné à conforter la station de Wimereux. Il obtint ce poste de professeur, mais resta à Villeneuve d’Ascq pour des raisons liées au fonctionnement de gros équipements.

Le Laboratoire de chimie minérale changea de nom pour devenir le « Laboratoire de chimie analytique et marine ». Les méthodes analytiques mises au point pour l’étude de solutions furent alors appliquées à l’étude des aérosols marins et d’échantillons d’eau de mer prélevés pendant des campagnes hauturières.

En 1986, le Laboratoire de chimie analytique et marine et la station de Wimereux furent associés au CNRS comme Jeune Equipe, puis comme Equipe Associée en 1989. M. Wartel a par ailleurs assumé de nombreuses responsabilités sur les plans régional, national et européen. A la demande de Michel MIGEON, et en association avec Nicole DHAINAUT, biologiste, il a créé un DESS consacré aux traitements des eaux qui a eu un véritable succès auprès des étudiants et des industriels. Il a pris sa retraite en 2003.

Depuis son départ en retraite, Michel WARTEL s’est passionné pour l’Afrique. Il a développé une coopération fructueuse avec un collègue de Bangui (Centrafrique) sur le traitement des eaux insalubres. Au terme de cet entretien, Michel WARTEL a souhaité un élargissement de l’attribution du statut d’éméritat aux maîtres de conférences retraités qui désireraient mettre au service des autres leurs compétences professionnelles.

 

Jean-Pierre Sawerysyn

Résumé de l'interview de Bernard Waterlot du 7 décembre 2013

Résumé de l’entretien avec Raymond WERTHEIMER

L’entretien a été réalisé le 29 janvier 2012 par Chantal Duprez.

Raymond Wertheimer a obtenu une licence de Mathématiques, comprenant un certificat de Physique Générale, à la Faculté des sciences de Paris. Il a été radariste dans l’armée, puis il a travaillé comme ingénieur au CNET, tout en préparant sa thèse de Doctorat d’État en spectroscopie moléculaire.

Il a été nommé Maître de conférences (rang A) en 1958 à l’Institut de Physique de la Faculté des sciences de Lille à l’âge de 36 ans, en ayant été recommandé par deux Professeurs de Bordeaux et de Rennes. Dès son arrivée, il a fondé le Laboratoire de Spectroscopie Hertzienne (LSH) qui a obtenu sa reconnaissance comme Équipe de Recherche Associée au CNRS (ERA 150) en janvier 1968, puis comme Laboratoire Associé (LA 249).

R. Wertheimer présente les conditions difficiles dans lesquelles il a créé et développé le LSH jusqu’en 1967, date de son installation à Annappes sur le campus de la cité scientifique. L’emménagement dans des locaux neufs et plus vastes, ainsi que les crédits correspondants, ont joué un rôle très important dans le développement ultérieur du LSH.

Néanmoins, après 1968, les relations entre dirigeants et dirigés ont changé et, au début des années 1970, le LSH a traversé une crise qui a conduit R. Wertheimer à proposer son retrait de la direction du laboratoire. Finalement, il quitta la direction du LSH en 1983, après avoir exercé trois mandats de responsable de l’unité associée.

Par ailleurs, R. Wertheimer a créé le département de Physique quand il a succédé à Roig en 1963. L’idée de département a ensuite été étendue à tous les secteurs de la Faculté des sciences par Jacques Tillieu lorsqu’il est devenu doyen.

Après mai 1968, le département de Physique s’est doté de statuts. Il y a eu un Conseil de département élu. R. Wertheimer avait pris l’importante responsabilité de la commission des études. Mais, n’étant pas élu au Conseil de département, il a dû l’abandonner pour se conformer aux statuts.

La transcription de l’entretien est complétée par deux notes rédigées par R. Wertheimer en 2012, l’une sur le département de Physique, l’autre sur le LSH.

 

Jacques Crampon

Résumé de l’entretien avec Georges WLODARCZAK

L’entretien a été réalisé le 25 novembre 2021 par Bernard Pourprix.

Georges Wlodarczak (GW) a effectué ses études de physique à l’université de Lille 1. Titulaire du CAPES et de l’agrégation, puis d’une thèse de troisième cycle en 1985, il devient alors chargé de recherche au CNRS dans le laboratoire de spectroscopie hertzienne. En 1993, il est nommé PU et il chargé de mettre en place et d’organiser une préparation à l’agrégation. Il en assume la responsabilité jusqu’en 2017.

Sa principale fonction administrative est celle de directeur de laboratoire de 2006 à 2014. Le laboratoire est le PhLAM, laboratoire de physique des lasers, atomes et molécules, qui résulte d’une fusion, en 1998, des laboratoires de spectroscopie hertzienne (LSH) et de dynamique moléculaire et photonique (LDMP). GW explique les raisons de cette fusion. Il montre comment la fusion est vécue par les membres de chaque laboratoire. Il poursuit en examinant l’évolution des rapports humains sur une longue période.

Après avoir indiqué en quoi consistent les recherches effectuées au PhLAM, et les siennes plus particulièrement, GW montre que le choix des sujets et la liberté d’action sont de plus en plus encadrés. Une conjonction régionale, nationale et européenne a conduit à une structuration de la recherche autour de grands axes. Il n’a pas toujours été facile, pour le laboratoire, de se retrouver dans les regroupements voulus au niveau de l’université. La création de l’Agence nationale de la recherche (ANR) a été une révolution. L’augmentation de la recherche sur projets, le fait d’avoir moins de crédits récurrents (ceux de l’université et du CNRS) ont obligé les chercheurs à aller chercher l’argent. La recherche sur contrats, les préoccupations applicatives, voire industrielles ont monté en puissance par rapport aux activités de physique fondamentale.

GW montre comment l’évaluation de la recherche a évolué au cours du temps, jusqu’à l’évaluation faite aujourd’hui par le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). Il indique ce que son laboratoire attendait du projet Soleil, et, ce projet ayant avorté, les compensations qui ont été obtenues. Il explique dans quelle mesure l’instauration, à partir de 2005, d’un "dialogue de gestion" université-CNRS-laboratoire a facilité la tâche du directeur confronté à la complexification croissante de la gestion d’un gros laboratoire.

Pour terminer, le directeur de laboratoire laisse la place à l’enseignant, à celui qui a (ré)installé la préparation à l’agrégation, et qui s’en est occupé de 1994 à 2017. Encore une fois, dans cet entretien, ce qui est montré, c’est ce qui a changé le cours de l’histoire, en particulier la séparation complète entre la préparation à l’agrégation et la préparation au CAPES, la création d’une agrégation pour docteurs, les répercussions de la mastérisation, etc.

 

Bernard Pourprix