Texte sur bandeau
sur bandeau ligne 2

Les mathématiques à Lille

LES MATHEMATIQUES A LILLE de 1854 à 1970

Par Marie Thérèse POURPRIX

2006

Une version ultérieure de ce texte est parue sous le titre Des mathématiciens à la Faculté des sciences de Lille. 1854-1971, collection Acteurs de la science, L'Harmattan, 2009

Sommaire

PREAMBULE

Ceci est une ébauche de l'histoire des mathématiques et des mathématiciens de Lille au sein de la Faculté puis de l'Université des Sciences de Lille. Les mathématiciens de Lille n'ont pas toujours eu une structure de gouvernement propre (département, institut, UER, UFR), l'instauration de directeurs d'institut ne datant officiellement que de 1967. Il est donc peu juste d'intituler ce document comme une histoire du département, de l'institut, ou de l'unité d'enseignement et de recherche (UER) ou encore de l'unité de formation et de recherche (UFR) de mathématiques, dénominations successives mais relativement récentes par rapport à la période considérée. On s'est limité à la période 1854-1970 sans aller plus loin, la raison essentielle étant la difficulté d'appréhender une époque trop récente. Toutefois, il nous a semblé non inutile de garder la mémoire de faits ultérieurs, par exemple la dénomination de certaines thèses, quand les documents se sont présentés lors de la recherche d'archives. Le fait que le service des mathématiques ne soit pas spécifique, le mauvais état des caves de la place Philippe Lebon où les archives étaient entreposées et le déménagement des années 1966, sont les raisons pour lesquelles les bases de documentation sont essentiellement celles de la Faculté ou de l'Université pour la période 1854-1967. Ces sources sont d'abord : Le guide de l'étudiant qui a paru assez régulièrement et qui donne, tous les ans, les cours et les adresses des enseignants, le Bulletin des Facultés de Lille et les Annales de l'Université de Lille qui couvrent la période 1856-1968. Les multiples conversations avec les collègues, la consultation d'Internet et des dossiers administratifs ont permis de compléter cette documentation.


Nous avons tenté de retrouver la trace des mathématiciens de Lille, dans leur milieu de recherche et d'enseignement, avec leur passé et leur devenir, et d'esquisser quelques silhouettes éblouissantes ou simplement attachantes ou caractéristiques du milieu. L'évocation du service de mathématiques lors d'époques successives séparées souvent par des guerres (1854/1870, 1870/1914, 1914/18, 1918/1939, 1939/45, 1945/1960, après 1960) a nécessité de revenir sur certains éléments de l'histoire de la Faculté des Sciences de Lille. Ce qui se joue au service de mathématiques ne peut se disjoindre aussi des évolutions intellectuelles, politiques, économiques, et sociales de la région et du pays. Ainsi la création des premières facultés des sciences de province se fait au début du XIXe siècle, l'ère industrielle s'amorçant, il est alors nécessaire de former les cadres de l'industrie naissante, de multiplier les savoirs et de faire acquérir les comportements pour soutenir la prospérité des régions, et par là l'économie française dans la compétition internationale. Une grande préoccupation en 1854 est donc, par exemple, en mathématiques à Lille, l'enseignement et la recherche en mécanique, étant donné les problèmes posés par les machines à vapeur. La formation des enseignants est aussi un souci constant des universitaires mathématiciens lillois, les premiers d'entre eux sont d'ailleurs issus du secondaire. Les relations avec la Faculté Catholique de Lille, fondée en 1875, sont ici peu abordées, bien qu'un service de mathématiques y existe depuis longtemps avec des liens forts entretenus par des enseignants et des chercheurs.


Alors que l'évolution intellectuelle et la démocratisation de l'enseignement nécessitée par les besoins économiques et la poussée sociale, apparaissent comme les causes principales de l'essor des mathématiques à Lille, la recherche a complètement changé d'aspect d'un bout à l'autre de la période écoulée. D'abord très individualisée, elle devient structurée et administrée, au détour de la mise en place du CNRS, et de l'institution d'un secrétariat à la recherche au niveau ministériel après la deuxième guerre mondiale, le terme d'enseignant chercheur n'apparaissant que vers 1980. L'activité du groupe Bourbaki, dans la première moitié du XXe siècle, aura des retentissements pédagogiques et philosophiques considérables. L'avènement du calcul numérique puis de l'informatique marque la deuxième moitié du siècle. Nous ne pouvons détailler tous les domaines de recherche poursuivis à Lille, ni les spécialités de chaque enseignant, les titres des publications des mathématiciens de Lille jusqu'aux années 1960, figurent en fin de chapitre. Les thèses des enseignants et les thèses soutenues à Lille, sont donnés en annexe, elles ne préjugent pas des recherches ultérieures ou des recherches effectuées, certains mathématiciens ou mécaniciens n'ayant pas soutenu de thèse. Les recrutements sont faits en grande partie parmi les élèves sortis de l'Ecole Normale Supérieure, de Sèvres, Fontenay, Saint Cloud, Cachan, mais ce recrutement concerne, jusqu'en 1970, une certaine dose de mathématiciens locaux. On remarque aussi chez les mathématiciens lillois un sens poussé des relations extérieures et internationales qui s'affirme très tôt et qui explique la position actuelle des mathématiques de Lille par rapport aux autres universités et par rapport aux autres disciplines scientifiques locales.


Nous donnons aussi en annexe une liste, sans doute incomplète, de mathématiciens lillois et de personnels attachés aux mathématiques, classés par année d'arrivée en Mathématiques à Lille. Nous avons noté, pour chacun d'eux, dans la mesure du possible et s'il y avait lieu, l'année de thèse, de départ de Lille, de naissance et de décès. Cette liste comprend des personnes qui n'étaient pas forcément titulaires et en poste à la Faculté des Sciences, les statuts étant extrêmement variés, il a semblé préférable de faire figurer tous ceux que nous avons trouvés plutôt que de créer des critères contestables pour les mettre ou ne pas les mettre dans cette liste.